
Pour une deuxième fois, en 2025, l’Organisation des Nations unies (ONU) en appelle au grand potentiel des coopératives pour l’atteinte des objectifs du développement durable (ODD), ces 17 objectifs qui indiquent la voie à suivre pour « remettre le monde sur les rails », comme le disait Antonio Guterres, son secrétaire général. « Les entreprises coopératives demeurent l’un des secrets les mieux gardés de la boîte à outils des ODD », estime-t-on à l’ONU.
Mais pourquoi donc miser autant sur les coopératives? Qu’ont-elles de plus que les autres types d’entreprises? C’est pourtant le monde des affaires tout entier qui commence à se responsabiliser face aux enjeux sociaux et environnementaux; à preuve la mise en place de nouveaux indicateurs (tels les indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance [ESG]) sur lesquels de nombreuses entreprises rendent des comptes annuellement. Mais la réalité est que, si l’intention est bonne, les impacts, eux, demeurent négligeables. Pour plusieurs raisons.
Passons outre le problème de l’écoblanchiment qui, espérons-le, n’est pas si répandu. Par contre, le choix des indicateurs présentés, en reddition de fin d’année, est davantage dicté par la capacité de l’entreprise à démontrer ses efforts, plutôt qu’en fonction des problèmes de fond auxquels il faut impérativement s’attaquer. De plus, toute démarche basée sur des indicateurs « à la carte » ne peut qu’offrir des résultats morcelés, sans réelle portée transformatrice. Certes, cela procure des soulagements et améliore temporairement la situation. En fait, on adoucit les symptômes… mais on ne s’attaque pas encore à la racine du problème.
Pour réaliser une véritable transformation, celle qui pourra « remettre le monde sur les rails », il faut une approche systémique, une vision globale. Or, c’est ici que se distinguent les coopératives. Elles sont des associations de personnes qui partagent une philosophie humaniste, une façon d’appréhender l’économie et la société. Et cet état d’esprit, appuyé sur un système de valeurs et de principes complet visant la pérennité, assure une logique d’action en parfaite adéquation avec le développement durable. Car au fond, quelle est la visée du développement durable?
Lors du Sommet de la Terre de l’ONU, en 1992, le développement durable a été défini comme « un développement qui, à travers les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux qu’il crée, améliorera le niveau de vie des générations actuelles et futures, contribuera à une existence pacifique, à la cohésion sociale, à la justice sociale et au progrès social, et ce d’une manière qui protège et ne détériore pas l’environnement naturel ». On comprendra que, pour réussir un tel développement, de belles performances sur quelques indicateurs ne suffisent pas. C’est tout un paradigme qu’il nous faut adopter, toute une philosophie qui commande de se mettre d’abord au service des personnes et de leur environnement. Seule une économie à caractère social peut nous y mener.
Qui plus est, ne soyons pas naïfs : la transition socio-économique qui doit s’effectuer demandera énormément de coordination entre toutes les parties prenantes. Il faudra injecter de la robustesse dans les filières, accepter de nombreux changements de règles, de normes, d’habitudes. Tout cela ne pourra se réaliser de façon harmonieuse que dans la mesure où il y aura acceptation sociale et que les solutions proposées seront comprises et consenties par l’ensemble des acteurs de la société, plutôt qu’imposées par des tiers. Les pratiques démocratiques des coopératives nous seront très utiles pour opérationnaliser les changements.
Ne restons pas coincés dans un monde qui s’enlise. Il est là, le pouvoir transformateur des coopératives. Aussi, comme on nous le demande à l’Alliance Coopérative Internationale, sachons profiter de 2025 pour faire entendre les voix coopératives, établir des partenariats et renforcer notre engagement à construire un monde meilleur.