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Mesures d’urgence et de résilience : Se préparer au pire, espérer mieux!

S’il y a un domaine qui est surexposé aux risques, c’est certainement celui de l’agriculture. Dans ce contexte, il importe donc, pour un producteur, d’introduire de manière plus systématique la gestion des risques dans sa gouvernance d’entreprise.

Qu’il s’agisse des aléas climatiques qui depuis longtemps ont façonné cette industrie en l’obligeant à trouver de nouvelles façons de s’approvisionner en grain, en fourrage ou en engrais, d'un feu de forêt ou d’un incendie qui décime un troupeau et l’ensemble d’un complexe de bâtiments, les producteurs agricoles ont développé plusieurs formules de coopération et d’entraide qui ont démontré à plusieurs occasions leur efficacité.

Toutefois, outre les aléas climatiques, il existe plusieurs autres types d’événements dont certains sont en émergence et relativement nouveaux pour les producteurs agricoles. Pensons aux cybermenaces, à la récente crise sanitaire mondiale, aux conflits mondiaux et aux enjeux liés au bris de chaîne d’approvisionnement, sans oublier les défis liés à la main-d’œuvre. 

GESTION INTÉGRÉE DES RISQUES 

La gestion intégrée des risques comprend une composante qui s’attaque aux mesures visant à établir formellement la résilience de l’entreprise à faire face à un sinistre ou à un événement perturbateur, à maintenir ses activités essentielles pendant cette période et à rétablir ses opérations le plus rapidement possible. 

Lorsque l’on entend parler de plan de mesures d’urgence, on l’associe souvent à la réponse à un événement. Cependant, il faut comprendre que la réponse d’urgence doit être préparée afin d’éviter de perdre du temps quand l’entreprise est en situation de crise et que sa survie peut être en péril. 

LA PRÉPARATION : POUR UNE RÉPONSE D’URGENCE OPTIMALE 

Se préparer, cela signifie établir les fondements en vue de faire face à un événement majeur. Plus précisément, cela pourrait comprendre les sept éléments suivants.

1. Un organigramme décrivant qui sera responsable :

  1. De remplacer le propriétaire et d’agir en tant que leader si le propriétaire est injoignable ou inapte à occuper sa fonction parce qu’il a été blessé;
  2. Des questions administratives, légales et réglementaires et financières;
  3. Des communications avec les partenaires : employés, fournisseurs, assureurs, banquiers, autorités compétentes, CNESST, etc.;
  4. D’agir comme lien avec les pompiers, les policiers, le ministère de l’Environnement, la municipalité, etc.

Il est quasi impossible qu’une seule personne puisse jouer adéquatement tous ces rôles simultanément, et ce, pendant plusieurs heures, jours ou même semaines.

2. Des plans d’intervention particuliers pour les risques auxquels vous pouvez être exposé

  1. Cyberattaque;
  2. Panne de télécommunication;
  3. Panne de courant;
  4. Incendie majeur;
  5. Urgence médicale (formation de secouriste);
  6. Effondrement de structure;
  7. Bris mécanique majeur d’un système de ventilation ou de chauffage;
  8. Interruption de l’approvisionnement en eau;
  9. Isolement causé par une tornade ou un blizzard;
  10. Exposition à une fuite toxique à proximité qui expose votre troupeau;
  11. Inondation majeure causée par la crue des eaux;
  12. Tornade, tremblement de terre, feu de forêt ou de tourbière;
  13. Etc.

3. Un bottin des ressources complet

  1. Employés, voisins, famille et amis;
  2. Fournisseurs habituels;
  3. Association, fédération, partenaires d’affaires;
  4. Assureurs, avocats, banquiers;
  5. Firme d’experts en environnement, ingénieurs-conseils;
  6. Entrepreneurs spécialisés : électricien, entrepreneur général, plombier, technicien de chauffage, technicien en systèmes de ventilation;
  7. Location d’équipement;
  8. Emplacement où il serait possible de transférer les animaux ou d’entreposer des équipements ou de la machinerie; 
  9. Etc.

4. La désignation d’un lieu principal où sera coordonnée la gestion de crise ainsi qu’un site secondaire advenant l’impossibilité d’accéder au site principal

5. L’identification préalable de ce qui est essentiel pour maintenir vos opérations de base et la détermination d’un délai maximal de remise en fonction

  1. Système de chauffage/ventilation des bâtiments;
  2. Approvisionnement en eau et en aliments des troupeaux;
  3. Approvisionnement électrique ou en carburant pour alimenter les équipements essentiels;
  4. Système informatique, électronique et de télémétrie;
  5. Système de télécommunication.

6. Les mesures de retour à la normale une fois l’événement endigué ou neutralisé

  1. Réclamation aux assureurs et négociation du règlement; 
  2. Service d’aide psychosociale aux employés, aux dirigeants et à toute autre personne pouvant en ressentir le besoin;
  3. Réparation, remise en état des lieux (peut prendre plusieurs jours, semaines, mois, selon la sévérité de l’événement);
  4. Etc.

7. Maintien de la posture de préparation

  1. Révision périodique des plans et des procédures; 
  2. Mise à jour des informations afin d’en assurer la pérennité;
  3. Tenue d’exercices d’appropriation de votre plan.


UNE DÉMARCHE SIMPLE 

Se préparer au pire et espérer mieux, telle est l’expression employée par les praticiens du milieu de l’urgence, de la résilience et de la gestion de crise. 

N’hésitez pas à vous faire aider, à vous regrouper pour réaliser votre plan d’urgence et de résilience et à utiliser des outils numériques pour établir et maintenir votre posture de préparation. Plusieurs solutions existent et peuvent vous faciliter le travail.  

Bonne continuation et soyez résilient!

Photo : iStock.com | Dimensions

Daniel Dancause

L’auteur est président de Prudent Groupe Conseil, une entreprise spécialisée dans la gestion des mesures d’urgence dans le secteur agroalimentaire depuis 1996.

L’auteur est président de Prudent Groupe Conseil, une entreprise spécialisée dans la gestion des mesures d’urgence dans le secteur agroalimentaire depuis 1996.