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Marché de la viande : Des tendances à l’œuvre

La consommation mondiale de viande augmente moins vite qu’au Québec, mais continue d’être stimulée par une amélioration de la qualité du niveau de vie. Le rapport de la FAO sur les perspectives alimentaires va d’ailleurs en ce sens et montre que la hausse de la consommation se déplace de l’Asie vers l’Amérique du Sud et l’Afrique.

Ceci est le second article d'un dossier de six. Écoutez l'épisode du Coopérateur audio sur le dossier.

La progression de la demande mondiale a cependant des limites, fait valoir Frédéric Hamel, stratège chez R.J. O’Brien & Associates, une firme de courtage, et observateur de longue date des marchés intérieurs et extérieurs de la viande. Pour des raisons culturelles, l’Inde devrait voir une stabilisation de sa consommation de viande malgré ses 1,4 milliard d’habitants. En Afrique, c’est l’islamisation des populations qui pourrait freiner la hausse de la demande pour la viande de porc. Quant au bœuf, il devrait demeurer une protéine nichée géographiquement. Même au Québec, où le bœuf trône au sommet des ventes en épicerie, les habitudes changent. « Il y a un aspect générationnel dans cette préférence. Nous sommes peut-être la dernière génération qui a grandi avec le bœuf comme viande principale servie sur les tables. Il est maintenant relégué aux derniers choix en raison de l’inflation », signale le stratège.

L’alimentation fait partie intégrante de la culture au Québec. « Les gens aiment bien manger, confirme Maryse Coté-Hamel, professeure en sciences de la consommation à l’Université Laval, mais les nouvelles générations modifient notre façon de réfléchir à la nourriture. Les gens prêtent davantage attention au coût des aliments, en raison de l’inflation, tout comme au bio, aux protéines végétales et aux saveurs du monde. »

Tableau 1


D’autres changements ont cours dans la société québécoise et affectent notre manière de consommer et de voir l’alimentation. Maryse Côté-Hamel observe que les connaissances sur la préparation des aliments se sont perdues avec la disparition des cours d’économie familiale, ce qui fait que « les jeunes sont moins à l’aise en cuisine ». C’est également au Québec que les femmes travaillent le plus au Canada, ce qui amène les couples et les familles à trouver des solutions pour la préparation des repas. La pandémie a ramené les gens aux fourneaux, mais il faut se méfier de la tentation de tirer de cette anecdote des tendances durables. « Les tendances du moment peuvent altérer temporairement les comportements de consommation, commente Maryse Côté-Hamel. Toutefois, pour que ces changements soient durables, les consommateurs doivent prendre la décision consciente de changer leur mode de vie. On observe donc le retour de certaines habitudes d’avant la COVID-19. »

Une de ces tendances est représentée par les viandes de substitution, du genre Beyond Meat. Elles ont connu des difficultés au sortir de la pandémie. Les coûts élevés de leur production ont fait grimper les prix au détail et font partie des obstacles à leur adoption, mais elles font désormais partie du paysage, fait valoir Maurice Doyon, professeur au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation à l’Université Laval. « Les fabricants ont ajusté le tir avec des listes d’ingrédients plus naturels et un goût amélioré. Ils vont revenir plus forts que jamais, c’est une tendance de fond », croit-il. En contrepartie, la consommation de viande n’est pas près de disparaître, ajoute le professeur. « La viande est moins consommée par individu, mais la quantité totale de viande consommée ne diminue pas. »

Tableau 2


Photo : Stéphanie McDuff



Lisez tout le dossier « Protéines animales : Un marché effiloché! » :

  1. Protéines animales : Un marché effiloché!
  2. Marché de la viande : Des tendances à l’œuvre
  3. Viande, pandémie, virus et géopolitique
  4. Des élevages en évolution
  5. De grands changements en vue chez Olymel
  6. Un optimisme prudent à l’horizon pour le marché de la viande

Céline Normandin

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture. 

celine.normandin@videotron.ca

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture.