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Gaétan Desroches - Le parcours exceptionnel d’un « p’tit gars » de la ville

Après 7 ans en poste à titre de chef de la direction de Sollio Groupe Coopératif, et plus de 40 au sein de son réseau, Gaétan Desroches quittera ses fonctions en septembre prochain. Désinvolte, libre penseur, organisé, dévoué, Gaétan laisse une entreprise profondément humaine et parmi les mieux gérées au Canada (d’après Deloitte et la CIBC).

Après plus de 40 ans au service de Sollio Groupe Coopératif, as-tu le sentiment du devoir accompli?

Oui, du moins je l’espère, même s’il reste toujours beaucoup à faire. Quand j’étais jeune représentant, on disait que la Fédérée était un géant qui dort. Sollio est devenue une grande entreprise, reconnue pour ses valeurs, qui appartient aux producteurs agricoles. Plus personne ne dit que Sollio est un géant qui dort. Et les producteurs en ont profité. Ils ont toujours fait preuve de gros bon sens quant aux projets que l’on proposait. Chrysalide en est un bon exemple. Déconstruire des meuneries pour les consolider était un changement majeur. Les producteurs ont embarqué, parce qu’il le fallait. Chrysalide a été au cœur d’une progression importante de l’entreprise.

Aujourd’hui, avec le projet Vision plus, qui mise cette fois sur la consolidation des coopératives, les producteurs se sont encore une fois pris en main pour réaliser cette autre étape majeure du développement de leur réseau, et ce, sans résistance au sein des communautés. Une fois de plus, leur gros bon sens s’est manifesté. Et je suis convaincu qu’avec les producteurs et les équipes de gestion, on va continuer de progresser, même après 100 ans d’histoire… Oui, j’ai confiance en l’avenir.

Dans ton parcours, quelles sont tes plus grandes fiertés? Qu’aimerais-tu que l’on retienne de toi?

La consolidation des coopératives, avec Vision plus, est un projet qu’il fallait absolument mettre de l’avant. On en voit déjà les retombées positives en matière de profitabilité et de services que les producteurs sont en mesure de s’offrir. Sans cette consolidation, on aurait laissé la place aux géants, aux multinationales. En Amérique du Nord, en agriculture, on est un peu comme un village gaulois. Les concurrents hésitent à venir s’établir ici, parce qu’on est là. La fusion des coopératives et la mise en place des partenariats régionaux procurent une masse critique qui permet d’être au diapason des producteurs. Comme réseau, c’est notre rôle de leur apporter des services et de la plus-value. Pour moi, c’est une fierté.

Mais au-delà de ça, ce que je veux qu’on retienne de moi, c’est que j’ai grandi avec les producteurs, que ce sont eux qui m’ont tout montré, et que tout ce que j’ai voulu, c’est leur rendre service.

Quels défis attendent les producteurs agricoles, et les jeunes tout particulièrement?

Ce qui m’inquiète le plus, c’est le transfert des fermes à la prochaine génération. Les niveaux d’endettement sont élevés. Comment réussir à conserver notre modèle de ferme familiale au Québec? Les intervenants du milieu – coopératives, UPA, institutions financières, gouvernement – doivent se concerter pour trouver des moyens de créer de la richesse, afin d’aider les jeunes à prendre possession des terres et à bien en vivre.

Quelles sont les grandes forces et quels sont les défis de Sollio Groupe Coopératif?

Malgré la dimension de l’entreprise, il ne faut pas perdre nos valeurs coopératives. Le plus grand rempart contre ce risque, c’est notre conseil d’administration. Ce sont des producteurs agricoles qui y siègent et, je l’ai dit, ils savent faire preuve de gros bon sens. L’honnêteté, l’équité, la responsabilité, la solidarité sont nos valeurs fondatrices communes. Notre plus grand défi, ce sera de garder les pieds sur terre et de ne pas oublier pour qui on travaille : les producteurs agricoles.

Au fil de ta carrière, qui ont été tes inspirations, tes mentors?

Parmi les producteurs agricoles, il y a eu Réal Laflamme. Quand j’ai commencé, j’avais un baccalauréat en agriculture, mais je venais de la ville et ne connaissais absolument rien. Mais il a cru en moi. Réal a été une grande inspiration pour savoir comment m’intégrer et travailler avec les producteurs.

Claude Roger m’a passé en entrevue et m’a offert un emploi. Grâce à lui, j’ai eu la piqûre et j’ai su ce que je voulais faire. Il m’a aussi poussé, comme Jean-Pierre Deschênes, à faire mon MBA.

Roger Latour, un mentor important du côté des affaires. Ernest Desrosiers, pour son immense rigueur et l’importance du travail bien fait. Paul Massicotte, un président très humain, qui, comme Réal Laflamme, m’a pris sous son aile. Une mention toute particulière pour Jean-Pierre Deschênes. Jean-Pierre avait un parcours qui ressemblait au mien. Il a fait son MBA. Il a gravi tous les échelons, de représentant à chef de la direction. Il avait des valeurs fortes et tenait les producteurs agricoles en haute estime.

Claude Lafleur et Denis Richard, qui, par leurs visions de l’agriculture et de Sollio, ont grandement contribué à mon parcours. Il y a aussi Ghislain Gervais, bien sûr, notre président, à qui je fais part de toutes mes réflexions et de tous mes projets. Comme il le dit souvent, on est comme un vieux couple. Merci, Ghislain, pour toutes ces années de complicité.

Gaétan, aurais-tu un mot pour les producteurs agricoles? Ce qu’ils t’ont apporté dans ta vie professionnelle et personnelle?

C’est ma famille... C’est 40 ans de ma vie... J’ai plein de souvenirs...

Ils t’ont accueilli quand tu es arrivé...

Oui. Ils m’ont tout montré. Même la vie familiale. Comme représentant, tu es proche d’eux. Tu rentres dans la famille. Tu dînes avec eux. Tantôt j’ai parlé de Réal Laflamme, mais il y en a d’autres : Jim Corbeil, Laurent Bousquet, Léon Desautels (président de Comax à l’époque) et tous les agriculteurs et agricultrices que j’ai côtoyés, tous ont été des amis. Quitter Sollio, c’est comme laisser ta famille, ni plus ni moins. Ce qu’ils m’ont donné? C’est ce que mes parents m’ont donné...

Gaétan, quels sont tes projets d’avenir?

Je veux faire du bénévolat. J’ai reçu beaucoup; je veux redonner. Je siège au conseil d’administration de la Fondation de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à celui de la Fondation du Théâtre du Nouveau Monde. J’aimerais contribuer à des missions à l’international avec SOCODEVI.

Bien sûr, j’ai ma famille. Pendant mes années de travail, j’ai eu la chance d’avoir ma conjointe, France, qui s’est occupée de tout. Mais maintenant, je veux profiter de mes petits-enfants, faire du sport (ski, vélo, randonnées) et voyager.

Lire l’article complet dans l’édition de juillet-août 2021 du Coopérateur.

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop