
Attirer la relève en production porcine, mission impossible? Pas pour la coopérative PORC ARMOR Évolution, une coopérative agricole française de producteurs porcins qui vise à établir 25 jeunes éleveurs par année.
La coopérative regroupe 555 adhérents, est basée en Bretagne, réunit 2,1 millions de porcs et est responsable de 26 naissages associatifs (ou maternités coopératives). Elle s’est donné un devoir d’outiller la relève pour soutenir les producteurs sortants et veiller à la pérennité de la coopérative et de la production.
Des calculs ont été faits pour déterminer le nombre de producteurs à remplacer. « La moitié de nos adhérents ont plus de 55 ans, ce qui fait qu'on aura 250 élevages qui vont changer de main d'ici 10 ans, explique Thierry boulet, Responsable des études économiques chez PORC ARMOR Évolution. Pour renouveler notre volume et continuer de transmettre nos outils, il faut qu'on installe à peu près 25 personnes par an. Ça consiste à visiter les élevages, déterminer le potentiel de production, réaliser une étude économique (rentabilité, présentation du dossier à la banque), trouver le meilleur débouché pour notre jeune qui s'installe et faire le contrôle qualité pour satisfaire le cahier de charges qu'on aura choisi pour l'élevage en question. Après, c'est parti, l'éleveur est installé et l'accompagnement technique est avec la coopérative. »
Pour promouvoir le métier et présenter ses services, la coopérative visite des écoles. Le contexte actuel est également plus favorable à l’établissement qu’il y a quelques années. Le marché de la France est moins externalisé que celui du Canada, puisqu’elle vise davantage l’autosuffisance que l’exportation. Le pays serait actuellement autonome à 98 % pour le porc alors qu’elle était en surproduction auparavant. De nouvelles perspectives s’ouvrent donc à la relève.
« On a plusieurs jeunes qui étaient salariés d'élevage depuis 10 ans, qui n'auraient jamais pensé reprendre l'élevage et qui, finalement, décident de se lancer et nous sollicitent pour les accompagner pour leur installation, ajoute Thierry. Mais c'est vrai que 25 par an, c'est beaucoup. On en installait entre 8 à 10 par année avant. L'an passé, on a installé 17-18 jeunes. Cette année, on en a déjà une quinzaine depuis le début de l'année, alors je pense que l'objectif de 25, on va y arriver. »
Une entente contractuelle avec les abattoirs
L’aide accordée aux repreneurs va jusqu’à un soutien pour les ententes contractuelles de volume avec les abattoirs, qui acceptent parce qu’ils craignent de manquer éventuellement de porcs. « Les jeunes contractualisent 20 à 50 % de leur production à un prix indexé sur le coût alimentaire et le coût d'énergie, explique Thierry. Cela fait que l’éleveur a un revenu garanti et si, demain, le marché du cochon venait à s'effondrer, il y a quand même un pourcentage de la production qui serait contractualisée. Avec ce type de contrat, ça sécurise plusieurs jeunes éleveurs. »
Le financement est, du coup, plus favorable. « J'ai des projets pour lesquels le banquier a dit non au départ, ajoute le responsable des études économiques, et avec une contractualisation avec un abattoir, il a fini par dire oui. En Bretagne, on a un gros bassin de production agricole. C'est toute l'industrie qui pourrait être ébranlée s'il n'y a pas de jeunes qui reprennent les entreprises. Donc les banques, elles ont besoin de ça aussi. »
C’est dans le cadre de l’AGA de la Filière porcine coopérative que trois représentants de PORC ARMOR Évolution ont présenté au Québec les initiatives en lien avec l’établissement de jeunes producteurs.
Photo : Sylviane Robini Photographe