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Ferme Algie : À l’heure des décisions, cap sur la finition!

Photo : Alain Laflamme et Ginette Girouard, de la Ferme Algie, ont pris une décision stratégique, celle d’une vie : passer du naissage-finition à la finition seulement. Pour de multiples raisons, ils ne reviendraient pas en arrière.

Les Fermes boréales produisent des porcelets d’une qualité inégalée. Naisseur-finisseur, Alain Laflamme a décidé de sortir les truies de la Ferme Algie pour miser sur ces porcelets du Témiscamingue – et ce n’est pas parce qu’il est vice-président de la Filière porcine coopérative!

Alain Laflamme est un coopérateur dans l'âme. Il siège au conseil d'administration de La Coop Comax depuis 1999 et en a occupé la vice-présidence de 2007 à 2011. Actuel vice-président de la Filière porcine coopérative, c'est lui qui a lancé les discussions pour fonder cet outil de partage de richesse entre les producteurs et le transformateur Olymel, en 2011. Tout au long du processus, il n'a jamais cessé d'intervenir en faveur de ce projet. L'objectif était de « faire une Agropur pour les producteurs porcins », selon ses dires, une véritable filière qui verse des ristournes (11,2 millions $ en 2019).

Il a aussi contribué à la mise en place du porc Coop sous cahier de charges. Il a témoigné à la Régie des marchés agricoles et alimentaires pour que les producteurs obtiennent le droit de produire un porc plus lourd, et il a contribué à démontrer qu’un porc plus lourd était aussi bénéfique pour les producteurs que pour Olymel.

« N’eût été la Filière, je ne serais peut-être plus à mon compte aujourd’hui », confie cet homme, qui ne veut surtout pas s’accorder tout le crédit, car plusieurs personnes et organisations ont concouru à rendre ce projet à terme, dont « La Coop Comax, et en particulier Laurent Bousquet, alors membre du conseil de Comax et de La Coop fédérée [maintenant Sollio Groupe Coopératif], pour son écoute et sa connaissance des besoins des producteurs de porcs; le comité provisoire, alors présidé par Charles Proulx, ainsi que tout le conseil d’administration de La Coop fédérée , notamment Denis Richard qui a été le grand leader dans ce projet. Sans eux, il n’y aurait pas eu de filière porcine », reconnaît Alain Laflamme.

Encore aujourd’hui, on retrouve ce producteur de Saint-Simon-de-Bagot impliqué dans la fusion des quatre coopératives montérégiennes, apportant son savoir coopératif au sein du comité provisoire qui échafaude la nouvelle coopérative Agiska.

Bref, voilà un homme qui, à 58 ans, n’a jamais cessé d’évoluer. « Alain anticipe les nouvelles tendances, est proactif et visionnaire », dit de lui l’expert-conseil Gérald Paquin, spécialisé en fabrication d’aliments à la ferme. « C’est un producteur avant-gardiste, toujours à l’affût des opportunités, qui cherche à améliorer le sort des producteurs dans des stratégies gagnant-gagnant pour tous les maillons de la production », expose l’agronome et conseiller en gestion Christian Duguay, à qui Alain a confié divers mandats, comme l’évaluation financière d’un système de filtration d’air des porcheries pour diminuer les risques sanitaires, il y a quelques années, et la conversion complète de l’entreprise de naissage-finition en entreprise de finition exclusivement.

Deux projets qui se sont réalisés!

 

Conversion à l’unisson

L’étincelle est venue du médecin vétérinaire Martin Choinière. La Ferme Algie fait partie du Réseau Santé du Sud-Ouest, dont l’objectif est de diminuer l’impact du syndrome reproducteur et respiratoire porcin (SRRP) sur le territoire par l’élimination des souches sauvages et le partage des statuts sanitaires des élevages. En 2018, ce vétérinaire du Regroupement porcin des Deux Rives (RP2R) a aidé la ferme à traverser un épisode de problèmes respiratoires qui a presque fait tripler la mortalité normale. L’entreprise, qui fonctionnait en rotation depuis 30 ans, avec des entrées de porcelets en pouponnière toutes les deux semaines, n’avait jamais bénéficié d’un vide sanitaire. Aussi, le troupeau n’ayant jamais été renouvelé d’un bloc, les truies étaient porteuses d’un microbisme propre à la ferme – et propre à affecter les résultats… Quand Martin a suggéré une conversion à la finition exclusivement, Alain a tendu l’oreille.

En sage homme, Alain a consulté les personnes qui gravitent autour de lui : Gérald, Christian et Martin, en plus du technologue Jean-François Blais (du RP2R) et de l’agroéconomiste Stéphane Lapierre (d’Olymel), sans oublier son épouse et complice, Ginette Girouard, qui travaille dans les bâtiments comme à l’extérieur et tient en outre la comptabilité, pour des résultats financiers en temps réel.

La décision, prise en équipe et fondée sur des faits, fut plutôt aisée. La ferme a d’abord acheté l’équivalent de 275 truies des Fermes boréales, lui assurant un approvisionnement de 8000 porcelets par an (basé sur une production annuelle de 29 porcelets sevrés par truie). Au bout de 15 ans, l’entreprise sera propriétaire de cette part des maternités collectives et pourra revendre cet actif. La Ferme Algie a déboursé 25 % de mise de fonds pour acquérir sa part des Fermes boréales. Elle achète aussi ses porcelets à un prix supérieur au prix courant; ce prix comprend les investissements réalisés au Témiscamingue ainsi que 2,50 $ par porcelet pour couvrir le coût du transport des jeunes animaux.

Après la sortie des truies, commencée en février 2018, on a réorganisé successivement l’ensemble des bâtiments pour constituer deux espaces pouponnière et des sections engraissement, dans un modèle sevrage-vente sous un même toit. Les chambres de mise bas, le bloc gestation et le bloc saillie ont été convertis à peu de frais. Des cloisons bétonnées ont été coulées sur place pour former des enclos durables, dans lesquels on place les porcs en respectant les densités animales prescrites, avec une ventilation qu’on a modifiée pour répondre aux dernières normes de bientraitance.

 

Lire l'article complet dans l'édition d’avril 2020 du Coopérateur.

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.