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Maxime Boutin : une ferme à ses couleurs

Photo : Maxime Boutin essaie de vivre le moment présent et évite de penser au jugement des autres, qui crée une pression inutile. Il se met déjà suffisamment de pression lui-même !

Son père, sa mère et son oncle ont porté la ferme à des niveaux de performance difficiles à maintenir : Maître-éleveur, indice de performance du troupeau, qualité du lait. Maxime Boutin a de la pression, mais il apprend la valeur de l’équilibre.

Lundi 11 janvier. Il y a de l’action à la Ferme Martin et Renaud Boutin, située à Saint-Georges de Beauce! Le vétérinaire assiste un vêlage trop long au goût des Boutin; le livreur de La Coop Alliance (Sollio Agriculture) et son assistant déchargent des intrants alimentaires; et le bip-bip du camion de ramassage de lait se fait entendre. Il ne manquerait qu’un rédacteur du Coopérateur !

Malgré le brouhaha, Maxime Boutin accueille les questions une à une, axé sur le moment présent – une qualité qu’il a développée dans les dernières années. Pendant deux heures, entre les murs du bureau (qui croulent sous les prix et les distinctions) et à bonne distanciation physique, il s’épanche avec candeur sur ses études, son transfert, sa famille, son divorce, ses forces, ses faiblesses, le futur, le passé et le présent de son entreprise et de son préfixe, SARTIGAN. Ce serait bien la seule chose qu’il se ferait tatouer, hormis le prénom de son fiston de quatre ans, Alexis. Dès sa sortie de l’ITA (La Pocatière), Maxime a rejoint, par choix et avec conviction, l’entreprise familiale. À 32 ans, il en est propriétaire à 100 % depuis décembre 2019.

Avec 107 kg de quota et des standards d’excellence élevés, ce jeune repreneur a fort à faire. Son père (Martin), sa mère (Solange Labbé) et son oncle (Renaud) ont mené l’entreprise à un titre de Maître-éleveur Holstein en 2009. La vacherie est aujourd’hui peuplée de 80 occupantes : 15 EX, 40 TB et 25 BP. Sartigan Missle Ataka, à la robe blanche et classée TB, est une étoile montante du troupeau à sa deuxième lactation. Elle a derrière elle 10 générations d’ancêtres EX ou TB et 45* ! « Chaque vache doit mériter sa stalle », justifie Maxime. La conformation n’a pas préséance sur la production. Une dizaine de fois par année, on fait surovuler les meilleures vaches pour effectuer des transferts d’embryons chez des receveuses. En conséquence, l’âge au premier vêlage, qu’on souhaite à 22 mois, grimpe à 23-24 mois (en raison, notamment, de cette pratique), ce qui reste acceptable.

Souvent classée parmi les meilleures au Québec ou même au Canada, la ferme semble abonnée à l’IPT-99, cet indice de performance du troupeau composé de six critères cruciaux pour la rentabilité (valeur du lait, âge au premier vêlage, efficacité du troupeau, longévité, intervalle de vêlage et santé du pis). Une foule de pratiques permettent ce succès : repérage diligent des vaches mammiteuses en début de lactation au moyen de tests rapides (CMT) et consultation du site extranet des Producteurs de lait du Québec, alimentation automatisée des veaux depuis 2014 pour accélérer le gain de poids et la puberté, etc. L’alimentation des vaches est aussi digne de mention : six fois par jour, un chariot sur rail distribue des repas riches en fibres, un supplément et une moulée complète. Elles reçoivent en outre un repas de foin sec chaque matin, question de bien entamer leur journée de rumination.

Située à six kilomètres de la clinique vétérinaire, la ferme ne lésine pas sur la médecine préventive et curative, justifiant ce choix par l’obtention de plus de vaches qui vivront leur « âge d’or » – selon l’expression de Doris Pellerin, ex-professeur de l’Université Laval –, cette fameuse quatrième lactation si payante. Actuellement, 48 % des vaches du troupeau sont de troisième lactation et plus. L’an passé, neuf longévives ont franchi le cap des 100 000 kg produits en carrière. « Le vétérinaire est notre allié, pas notre ennemi », aime rappeler Maxime.

Au chapitre de la qualité du lait, le mot clé est « constance ». La ferme se classe parmi les premières au niveau provincial et en première ou deuxième position régionale au concours Lait’xcellent. Ces résultats hors du commun sont toutefois obtenus au prix d’un travail jugé exigeant – on brosse tous les matins les matelas des stalles, du devant vers le dalot, avant de remettre une couche fraîche de copeaux de bois et de paille. Résultat : des bactéries totales à 3800 et des cellules somatiques à 46 000 en moyenne par millilitre de lait en 2019 !

S’il faut en croire Maxime, ces performances hors de l’ordinaire arrivent à force de travail, sont « la résultante de ». On ne vise pas des prix ou des distinctions : on les obtient par la force des choses. « Assiduité et rigueur », titrait d’ailleurs un texte paru dans le journal coopératif de La Coop Alliance au sujet de cette exploitation.

Lire l’article complet dans l’édition de mars 2021 du Coopérateur. 

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.