Les missions de SOCODEVI : Vivre des expériences marquantes

Depuis plus d’un an, la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI) travaille à créer une banque de candidatures pour faciliter l’arrimage entre les besoins en main-d’œuvre de ses 32 projets menés dans plus d’une quinzaine de pays et les ressources humaines disponibles parmi ses institutions membres.

Cette initiative de la SOCODEVI vise à faciliter et à rendre plus équitable l’accès aux différentes missions proposées. Christophe Champion est allé au Maroc en décembre 2023 à titre de photographe. Valérie Ouellet s’est rendue au Mozambique en février 2024 pour, entre autres, offrir des ateliers d’éducation coopérative.

Invités par l’organisme SOCODEVI, ils sont revenus avec le désir de partager leur expérience et de donner le goût à d’autres de vivre une mission de coopération internationale fidèle à la méthode de SOCODEVI : centrée sur la personne et le développement des communautés locales à travers la mise en place et le soutien des coopératives.

Mission express d’une semaine

Graphiste, numérique et multimédia, chez Sollio Groupe Coopératif depuis 10 ans, Christophe Champion pratique la photographie depuis toujours, un talent naturel connu de ses collègues. C’est d’ailleurs pour cette compétence que les responsables de SOCODEVI font appel à lui. On lui explique que l’organisme cherche à créer une banque de photos et souhaite former des intervenants locaux à la photographie.

« Ce fut atypique comme préparation, souligne Christophe. Normalement, il se passe quelques mois entre le moment où on accepte de participer à un projet et le voyage lui-même. Toutefois, malgré le peu de préparation, j’ai été bien guidé et encadré par les coopérants sur le terrain. J’ai côtoyé des femmes membres des coopératives FERMA et COOPFAM et je les ai suivies dans plusieurs de leurs activités quotidiennes. »

Sa mission au Maroc, Christophe Champion en parle avec autant d’enthousiasme que de reconnaissance et d’humilité. « J’ai vécu avec les gens et j’ai été particulièrement touché de constater la force et la détermination qui les animent malgré le peu d’équipements à leur disposition pour produire, transformer et vendre leurs produits. »

Moments de grâce

Malgré la courte durée de son voyage, le photographe garde en mémoire plusieurs moments marquants. « Ces femmes étaient ensemble à préparer la semoule de blé. Bien assises dans leur atelier de travail, elles se sont mises à chanter. Les voix s’harmonisaient naturellement et rythmaient le travail. Les enfants tournaient autour et la lumière du jour enveloppait le moment! Une scène qui m’a profondément touché. Les yeux en larmes, j’ai dû cesser la prise de photos. »

Autre fait mémorable, Christophe doit se rendre à un emplacement pour visiter des ruches placées dans une plantation de romarin. « Un matin plus difficile, car je n’avais pas très bien dormi et j’avais mal à la tête. Il faisait chaud et je devais enfiler un vêtement pour me protéger des abeilles. Quand je suis arrivé sur place, le sourire des gens, leur énergie et leur joie de me voir prendre des photos ont guéri le mal de tête et fait disparaître la fatigue! »

Outre ces instants qualifiés de moments de grâce, Christophe a été agréablement édifié par le travail de diplomatie fait par les personnes responsables des projets. « Carlos, le directeur du projet, m’a offert de l’accompagner à une rencontre d’information qu’il devait faire auprès des instances gouvernementales à Rabat, la capitale du Maroc. De le voir prendre le même soin à bien expliquer le projet et ses répercussions sur la population à toutes les personnes rencontrées avant d’accéder au bureau des hauts fonctionnaires a été pour moi inspirant. La relation est au cœur de la démarche SOCODEVI. »

L’enthousiasme autour des valeurs

Vice-présidente aux communications et secrétaire générale de Novago Coopérative, Valérie Ouellet a participé à deux missions, dont une première en Côte d’Ivoire en 2019 et une deuxième au Mozambique en février 2024. Ses compétences en éducation coopérative et en communications ont été mises à profit.

« La dernière mission a duré un peu plus longtemps, raconte Valérie. J’ai eu des échanges formidables avec les femmes, entre autres, sur le rôle qu’elles peuvent prendre au sein de la gouvernance d’une coopérative. De les voir apprendre le modèle coopératif avec autant d’enthousiasme et d’assurance m’a ramenée aux valeurs de base de la coopération », insiste la secrétaire générale.

Son constat : « On pourrait en parler davantage dans nos propres coopératives. De voir ces femmes se prendre en main et découvrir la force du modèle coopératif ne peut que ranimer notre fibre coopérative. Les coopératives avec lesquelles j’ai travaillé, la COOPDASI et la COOPDAZA, sont en plein essor. L’objectif de sensibiliser 2500 femmes au modèle coopératif est pratiquement atteint, alors que le projet a été initié en 2020. »

Son mandat était de former ces femmes et aussi de leur parler de son propre parcours. « J’ai senti que mon témoignage à titre de femme gestionnaire d’une grande coopérative leur a donné de la confiance et de la détermination, souligne Valérie. Elles m’ont posé beaucoup de questions en ce qui concerne leur place, leur rôle et surtout la manière de travailler avec les hommes, leur mari entre autres. »

« Mon message central a été d’insister sur le fait que prendre sa place comme femme ne veut pas dire de disqualifier les hommes, poursuit-elle. L’équité homme-femme ne doit pas être perçue comme une rivalité. Plutôt comme un travail d’équipe où l’on apprend à travailler ensemble, à s’entraider et à apprécier les capacités de chacun. C’est un processus qui demande de l’effort et du temps. Ces nuances ont été très bien reçues. »

Se retrouver en pays moins favorisé nous place face à la pauvreté et au décalage qui existe avec les pays mieux nantis, dit-elle. « La pauvreté, on la voit, concède Valérie. Toutefois, on voit aussi le désir de la population locale de réussir et d’aspirer à une vie meilleure. On sent tout le travail qui se fait sur le terrain pour autonomiser les gens, les femmes en particulier, et cela crée de l’espoir. Je suis revenue de cette mission avec la satisfaction d’y avoir humblement contribué. »

Donner le goût

Christophe et Valérie l’avouent, ils sont prêts à repartir. Tous les deux reconnaissent la chance que cela représente de vivre une telle expérience, autant sur le plan professionnel que personnel. Une chance qu’ils souhaitent à d’autres. « Voir et constater le dynamisme des gens sur le terrain, autant la population locale que les équipes d’intervenants, ne nous laissent pas indifférents. Ça nous a confirmé que SOCODEVI agit concrètement dans les pays où elle intervient », s’accordent-ils pour dire.

Faites valoir votre intérêt et vos compétences!

Vous avez le goût de partir en mission avec SOCODEVI? Faites valoir votre expertise en remplissant le formulaire d’inscription sur le site Internet de l’organisme. La banque de candidatures est un nouveau moyen dont disposent les institutions membres de SOCODEVI, dont Sollio Groupe Coopératif, pour encourager leurs employés et leurs membres à s’y inscrire s’ils souhaitent participer à une mission.

« Avant la mise en place de cette banque, le choix des candidats et des candidates reposait sur le réseautage et le bouche-à-oreille, précise Cathy Fraser, agricultrice et administratrice aux conseils d’administration de Sollio Groupe Coopératif, de Novago Coopérative et de SOCODEVI. Disons que ça rend le processus plus équitable et plus démocratique, à l’image des valeurs de base de la coopération. »

L’agricultrice a tenu à préciser que l’inscription ne garantit pas automatiquement la participation à une mission. C’est une première étape qui ouvre une possibilité de participation.

« Tous les atouts sont importants », insiste Andréa Renaud, directrice des Affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif. Au cours de la dernière saison d’activités, soit de 2023 à 2024, SOCODEVI a réalisé 32 projets dans 17 pays où elle a appuyé pas moins de 325 organisations coopératives et associations.

« J’encourage les gens qui souhaitent vivre ce genre d’expérience à remplir le formulaire. Je veux rassurer ceux et celles qui ont envie de participer à une mission et qui n’osent pas en leur disant que la préparation est très complète, conclut Andréa Renaud. Réaliser de telles missions avec SOCODEVI nous fait prendre conscience que la solidarité est partout autour de nous, mais qu’elle ne se vit pas nécessairement de la même manière. La coopérative est sans contredit un modèle d’affaires qui accroît la résilience des communautés aux prises avec des défis d’ordre sociaux, économiques et climatiques. Voilà pourquoi il est important de mettre à profit notre richesse collective et de prendre le temps de s’intéresser à l’autre. »

Photos : gracieusetés des participants