Une cinquantaine de participantes se sont réunies les 18 et 19 novembre derniers à l'Hôtel du Domaine de Thetford Mines pour approfondir leurs connaissances sur la résilience, la thématique retenue pour le Colloque des coopératrices de l’année.
Pourquoi la résilience? Parce qu’à l’heure des bouleversements environnementaux, sociaux et économiques, on peut se demander comment faire face aux nombreux changements qui nous entourent et se prémunir contre leurs effets sur notre vie et notre bien-être. Parmi les pistes de solutions évoquées durant le colloque, on retrouvait bien évidemment la coopération, un facteur important de protection et de résilience collective.
Une coopérative, un incubateur et un lieu de transformation alimentaire
La première journée a d’ailleurs été consacrée à des visites dans des établissements qui travaillent de pair, au service des agricultrices et agriculteurs, mais également de la collectivité. On peut même parler d’un écosystème agroalimentaire dans la MRC des Appalaches, où trois installations – l'incubateur, la coopérative et le centre agroalimentaire – collaborent pour promouvoir la région et le travail de ses gardiens de la terre.
Mathilde Tremblay-Grenier, de la Ferme Champ gauche, a ouvert le bal. L’entrepreneure a démarré une ferme avec sa conjointe en faisant appel à l’Incubateur agroalimentaire des Appalaches pour l'aider dans son démarrage.
L’incubateur a pour mission d’appuyer la relève agricole en fournissant un support pour le démarrage d’entreprises par l’offre d’une assistance technique sur le terrain. On y trouve étalement des parcelles de terre et des serres qui sont octroyées aux nouveaux agriculteurs, ainsi que tous les outils de base nécessaires. L'incubateur permet de favoriser l'émergence d'initiatives agricoles, en facilitant l’implantation de jeunes entreprises dans la région des Appalaches, comme Champ gauche, qui a adopté Saint-Jacques-de-Leeds après son passage dans l’organisation.
Rattaché à l’incubateur, on retrouve la Coopérative multiservices Sacré-Coeur-de-Marie, qui se transforme entre autres en petit marché estival pour les agriculteurs et agricultrices locaux, en plus d’offrir une grande salle de rencontre où ont pu se réunir les coopératrices. C’est également un dépanneur et un lieu de réseautage, de 5 à 7, de soupers spaghettis et de mise en vente des produits transformés au Centre agroalimentaire des Appalaches, situé en face de la coopérative.
Le Centre, quant à lui, fait donc dans la transformation alimentaire, que ce soit en location des installations ou encore de la main-d'œuvre. Les producteurs et productrices peuvent en effet louer les espaces pour transformer leurs productions carnées, céréalières ou maraîchères dans l'une des trois cuisines. Mais il est aussi possible de faire appel aux services de transformation offerts par Guy Poulin, le directeur du centre, et son cuisinier pour concocter des recettes et renvoyer le tout à la ferme.
Des formations ont été offertes en 2024 pour approfondir, notamment, les connaissances des cuisiniers. Des fours, des congélateurs et tous les équipements nécessaires pour faire boucherie ou encore se lancer dans les confiseries sont disponibles afin de répondre aux diverses demandes, selon les recettes souhaitées.
Après cette visite instructive, les coopératrices se sont réunies à l’Hôtel du Domaine à Thetford Mines. Elles ont profité de la soirée pour réseauter durant les traditionnels cocktail de bienvenue et souper de groupe.
Construire ensemble la résilience
Le lendemain matin, la conférence de Rose-Marie Charest, psychologue, conférencière et communicatrice, n’a laissé personne indifférent. À la sortie de la salle, votre journaliste a entendu au moins trois personnes s’exclamer spontanément : « On l’aurait écouté toute la journée! » D’une grande éloquence, la conférencière a ponctué sa présentation de rigolotes anecdotes qui s’ancrent dans l’esprit, pour qu’on s’en souvienne bien, affirme-t-elle.
Sa présentation commençait d’abord par la construction de la résilience, qui passerait par :
- les projets, en particulier les projets communs, ce qui contribue au bien-être;
- la bienveillance et le fait d’en faire preuve auprès des autres;
- l'entretien de ses relations avec les autres, ce qui contribue au bonheur;
- le renforcement de ses forces.
On peut également renforcer sa résilience, selon la psychologue. Voici quelques stratégies :
- Travailler ensemble à la résolution des problèmes;
- Réviser ses objectifs (personnels, professionnels, etc.) et ses attentes;
- Bien évaluer ses outils et l’aide à laquelle on peut faire appel;
- Se forcer à vraiment voir ce qu’on a et pas seulement ce qui nous manque;
- Favoriser des relations humaines harmonieuses;
- Prendre soin de soi.
Les pratiques innovantes pour une agriculture résiliente
Lucie Kablan, directrice à l’innovation chez Sollio Agriculture, a ensuite pris le relais pour sa conférence sur les pratiques innovantes pour une agriculture résiliente.
Elle a d’abord présenté les nombreux objectifs en agriculture durable visés par les gouvernements et différentes associations. À l’ampleur des exigences s’ajoutent les changements climatiques, qui se manifestent déjà sur le terrain, que ce soit par les périodes de sécheresse ou de pluies abondantes, ou encore les saisons de croissance qui s’allongent.
Lucie a donc présenté quelques-unes des initiatives prises par Sollio Agriculture pour soutenir les producteurs agricoles confrontés à tous ces défis, comme les travaux de recherche faits en productions végétales et en productions avicoles. À la Ferme de recherche de Saint-Hyacinthe, de nombreuses actions ont été mises en place à la suite du diagnostic en agriculture durable qui y a été fait comme :
- L'implantation de cultures de couvertures;
- L’utilisation de nouvelles technologies comme les drones;
- L’ajout de bandes riveraines élargies;
- L'optimisation des fertilisants.
Bref, si « la marche est haute » en agriculture durable, comme l’a affirmé une participante dans la pièce, des solutions existent et la recherche est en cours pour en trouver davantage. « Vous n’êtes pas seules », conclut Lucie.
Résilience, la force du collectif
L’après-midi a été consacré à une activité préparée par Réseau COOP. Les animatrices, Mylène Pinard-L’Abbée et Isabel Faubert Mailloux, ont animé l’atelier Résilience, la force du collectif. Elles y ont présenté les caractéristiques du modèle coopératif qui contribuent à construire une société plus démocratique, plus juste et plus verte. Elles ont fait appel à l’approche de la permaculture sociale afin de coconstruire une réflexion commune sur les rôles de chaque partie prenante, incluant soi-même, au sein de la vie démocratique de son organisation et plus largement au sein de la communauté.
Les grands dossiers politiques
Le colloque s’est conclu par le passage de Stéphane Forget, vice-président principal aux Affaires publiques, à la coopération et à la responsabilité d’entreprise chez Sollio Groupe Coopératif. Il a présenté les grands dossiers d’intérêts actuels et à suivre pour la coopérative, tout en ajoutant des précisions sur la politique bioalimentaire et les effets de la politique américaine sur l’agriculture d’ici.
Parmi les personnes présentes lors du colloque, on retrouvait notamment Cathy Fraser et Jean-François Roy, qui siègent au conseil d’administration de Sollio Groupe Coopératif, Éloïse Bernard, directrice de comptes Marchés agricoles et agroalimentaire au Centre Desjardins Entreprises Beauce-Appalaches-Etchemins, ainsi que Martine Trudel, chargée de programme Équité Diversité Inclusion aux Agricultrices du Québec.
Rappelons que le Colloque des coopératrices est organisé par Andréa Renaud et Émilie Tremblay des Affaires coopératives. Il s’inscrit dans le Plan d’action Équité pour une représentation équitable des femmes dans la gouvernance du réseau, lequel est chapeauté par Sophie Gendron, administratrice chez Sollio Groupe Coopératif, où elle occupe le siège Équité.
L'administratrice a d’ailleurs révélé qu’il s’agirait du dernier Colloque des coopératrices qu’elle présiderait puisqu’elle a l’intention de se présenter au siège de sa région lors de la prochaine assemblée générale de Sollio Groupe Coopératif. Le siège Équité sera donc ouvert aux élections en 2025.
Sur ce, on laisse le mot de la fin à une participante : « Le colloque est une opportunité d’échanger sur des sujets d’avenir et qui nous touchent. J’ai déjà hâte au prochain! »
Joignez-vous au groupe en 2025!
Photo par Stéphanie McDuff