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Entre nous : Plus ça change, moins c’est pareil

Le 10 septembre, alors que j’étais en pleine récolte d’ensilage de maïs, j’ai pris le temps, entre deux voyages, de réfléchir à cette situation inhabituelle, mais de plus en plus fréquente. Ensiler à cette date, en Beauce, c’est un bon gros mois d’avance.

L’été beau et chaud qu’on a vécu a favorisé la croissance du maïs. Les rendements sont excellents. Quand je pense que j’ai déjà ensilé en novembre dans la neige et la vase, en habit de ski-doo, avec une tuque et des mitaines… Cette année, on a fait ça en culotte courte, dans la poussière!

Généralement, dans ma région, le maïs ensilage ne se récolte pas à maturité, mais après une gelée qui en a fait sortir l’humidité. Ça n’a pas été le cas cette année. Le maïs a atteint sa pleine maturité.

Ça fait 30 ans que je récolte du maïs. Et on commence de plus en plus tôt. En matière d’UTM, on ne semait pas à l’époque ce que j’ai semé cette année.

Les fraises et les bleuets ont aussi été en avance. Bref, toute la saison a été décalée. La nature nous parle. Les changements climatiques sont là pour de bon. Ceux qui trouvent que la planète ne se réchauffe pas…

Mais récolter plus tôt et dans de meilleures conditions va-t-il améliorer pour autant notre qualité de vie? À vrai dire, non. Quand on gagne du temps d’un bord, on le met dans d’autres choses. On augmente notre charge de travail afin d’accroître nos performances techniques. Nos entreprises se transforment et le défi de les gérer s’accentue.

Les statistiques le démontrent. Les revenus des fermes sont en croissance importante. Aujourd’hui, 10 % des fermes réalisent 70 % du chiffre d’affaires agricole au Québec. D’ici 5 à 8 ans, on prévoit qu’elles en réaliseront 85 %. Que l’on soit d’accord ou non, force est de constater que l’agriculture se consolide de plus en plus et tend à se polariser. Nous voyons des fermes de plus grandes tailles prendre davantage d’expansion, des plus petites devenir plus nichées, et entre les deux, celles de taille moyenne qui occupent une place moins grande qu’à une autre époque. Les autres provinces sont davantage consolidées et ce mouvement va s’accélérer. Le Québec a un modèle différent, mais les tendances lourdes semblent s’imposer.

Chez nous, on a toujours été plus collectifs. Mais le mouvement nous rattrape. Il va falloir être plus créatifs, si on veut demeurer compétitifs. Le modèle coopératif et nos coopératives sont une partie de la solution. La proximité avec les membres, le partage des coûts, le partage des revenus sont des avantages concurrentiels des coopératives. Dans cette mouvance de consolidation, nous pouvons être un excellent partenaire d’affaires, que ce soit par les CUMA, les CUMO, la Filière porcine coopérative, avec Sollio et son réseau. Notre modèle crée de la richesse et la redistribue. Il ne tient qu’à ses membres de le mettre à profit. Une coop ne sera jamais plus forte que ses membres et son personnel.

La Semaine de la coopération, qui se tiendra du 13 au 19 octobre, aura justement pour thème Entreprendre autrement. Ce sera l’occasion de mettre de l’avant encore davantage notre modèle d’affaires innovant, fort et ancré dans nos communautés. Ce sera l’occasion aussi de le faire connaître à notre relève qui subit la pression de la consolidation. Une relève à laquelle nous croyons et dans laquelle nous investissons comme réseau avec nos initiatives telles que le Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA). Cela dit, il y a moyen de mener une carrière exceptionnelle en agriculture, en amont comme en aval, sans en être nécessairement un entrepreneur. Il y a plusieurs avenirs dans le secteur agricole.

Sur une note plus légère, je vous rappelle que, pour ce qui est des récoltes, les vieux avaient bien raison. L’adage disant que si la première récolte de sirop a été bonne le reste suivra s'est concrétisé. Cela dit, j’ai une pensée pour ceux et celles qui ont subi des pertes importantes de rendements dans des événements climatiques extrêmes.

Je vous souhaite un bel automne!

Richard Ferland - président

Richard Ferland est le président de Sollio Groupe Coopératif depuis 2023 et siège à son conseil d'administration depuis 2014.

richard.ferland@sollio.coop

Richard Ferland est le président de Sollio Groupe Coopératif depuis 2023 et siège à son conseil d'administration depuis 2014.