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Marcel Gingras : homme d’action et de vision

Figure marquante du Coopérateur, Marcel Gingras en a été l’un des fondateurs, en 1972. Aujourd’hui âgé de 96 ans, « toujours bien vivant et en bonne santé physique et mentale », comme il le dit lui-même, il nous relate les évènements qui ont mené au lancement de votre magazine. Nous l’avons rencontré à sa résidence, à Laval, en juillet dernier.

Le regard allumé d’une vibrante passion qui ne s’est jamais éteinte pour son « bébé », Marcel Gingras, ex-secrétaire général de la Coopérative fédérée de Québec (aujourd’hui Sollio Groupe Coopératif), a vu l’eau couler sous les ponts. Et c’est avec lucidité qu’il jette un regard sur « l’outil d’information de la coopération agricole québécoise ». 

Marcel Gingras en 1977

« “Fondateur” de la revue, c’est un grand mot, dit celui qui en a notamment été directeur de 1977 à 1986. Mais j’en ai été l’initiateur, ça oui. Il fallait avoir du front pour aller voir la direction de la coopérative, proposer le projet et un budget pour le réaliser. Mais je n’ai pas fait ça tout seul! »

Le mot « collaboration » revient à plusieurs reprises au cours de la conversation. C’est qu’il tient à rendre hommage à ceux et celles qui l’ont appuyé sans réserve dans le vaste projet de mettre entre les mains des producteurs agricoles un magazine qui allait les rapprocher de leur centrale coopérative, attiser leur sentiment d’appartenance et leur communiquer des informations de pointe pour les aider à gérer leur entreprise. Une collaboration étendue dans tout le réseau. « Je n’en revenais tout simplement pas. Ça partait pas mal bien! » dit-il, admiratif.

« Je voulais qu’il y ait un contact direct entre l’agriculteur membre d’une coopérative et la grosse Fédérée! lance-t-il. Vous ne pouvez pas savoir comment ça a fait plaisir aux agriculteurs que j’ai rencontrés durant les festivités du 50e de La Coopérative fédérée – dont j’étais le coordonnateur –, à l’occasion duquel le magazine a été lancé. J’avais réussi à convaincre les dirigeants de l’époque, MM. Turcotte [Georges-Étienne, directeur général] et Poulin [Louis-Philippe, secrétaire général], de cette nécessité et d’en faire un coup d’éclat. Pour le lancer, on a obtenu un modeste budget de 25 000 $ [175 000 $ en dollars de 2022]. »

L’indéfectible collaboration s’est poursuivie au fil des décennies qui ont passé. La relève a été au rendez-vous, a repris le flambeau et poursuit toujours sa mission.

Janvier 1972

Par un matin glacial de janvier, quelque 40 000 producteurs agricoles, partout au Québec, découvrent dans leur boîte aux lettres, parmi leur courrier habituel, le tout premier exemplaire du magazine qui leur est spécialement destiné. Modeste par sa présentation, Le Coopérateur agricole n’en demeure pas moins une fierté pour ses artisans. « Modeste, oui, mais de qualité, tient à souligner Marcel Gingras. Jamais un article ne sera publié sans que je l’aie lu. Quand on fait la révision d’un texte, on doit se dire qu’il peut y avoir une faute dans chaque mot! Qu’il faut corriger, par respect pour nos lecteurs. Cela dit, les nombreux auteurs – agronomes, techniciens et spécialistes de la coopérative, qui y collaboraient d’eux-mêmes bénévolement – avaient ce souci de fournir une information pertinente, solide et compréhensible. Je devais aussi m’assurer que rien n’allait poser problème dans le public. » Les lecteurs, assidus, ne tardèrent pas à éprouver de la fierté pour leur publication et à la considérer comme une source d’information crédible.

Outre les spécialistes de la coopérative qui alimentaient en contenu la rédaction, un petit noyau de journalistes assura, au fil des ans, la coordination du magazine et la réalisation de reportages. Gérard Vincent, Diane Hébert, Michel Dostie et André Piette, notamment, en furent tour à tour les pivots au cours des premières décennies. 

Publié alors 11 fois l’an, Le Coopérateur agricole était financé, tout comme aujourd’hui, par la publicité, une contribution de la Fédérée et les abonnements, que soutenaient les coopératives membres à hauteur de 1 $ pour chacun de leurs sociétaires. « En réalité, puisque certaines d’entre elles considéraient ce montant comme élevé, on s’était entendu dans tout le réseau pour les facturer 0,75 $ », précise Marcel Gingras.

L’homme vigoureux et infatigable qu’il était ne craignait pas l’ouvrage. « J’étais un peu fou, dit-il avec le sourire. Plus j’avais de travail, plus j’étais heureux! » Ses patrons l’ont bien vite senti et n’ont pas hésité à lui confier de multiples tâches, en plus de celles liées au poste de secrétaire à la direction générale qu’il occupait officiellement (avant d’être nommé secrétaire général), sachant bien qu’il allait s’en acquitter avec brio. Louis-Philippe Poulin, qui a été directeur général de La Coopérative fédérée après avoir exercé les fonctions de secrétaire général, confia sans hésiter le poste de directeur du magazine à Marcel Gingras. Il lui délégua aussi la rédaction de l’éditorial « Entre nous, producteurs » du président de la Fédérée Roland Pigeon (1969 à 1980), qu’il continua de rédiger pour son successeur, Paul-Émile Saint-Pierre (1980 à 1987). 

Donner au suivant

Le Coopérateur a su développer son propre créneau. L’entreprise qui le soutient en fait un outil bien établi et, surtout, unique. « Écrire dans un média agricole, comme le Coopérateur, avait une portée dans toute la province, souligne Marcel Gingras. J’ai aimé ce monde-là! »

C’est encore le cas aujourd’hui, constate-t-il, grâce aux multiples collaborateurs de la coopérative qui continuent d’apporter au magazine un riche contenu.

Cet éternel curieux et avide d’information, qui a étudié à l’université jusqu’à l’âge de 55 ans, lit toujours assidûment son Coopérateur sur sa tablette, heureux et touché chaque fois d’assister à son évolution. « Je suis certain que quand les producteurs reçoivent la revue chez eux, ils ne mettent pas ça de côté. Elle est attirante. »

« Comment, l’entrevue est déjà terminée? dit-il en riant après plus de deux heures de discussion. Je peux en prendre encore, vous savez, j’ai seulement 96 ans! Je suis prêt à passer la journée avec vous! Allez, bon 50e! Continuez! »

Photos : (En-tête) Christophe Champion; (dans le texte) Coopérateur de février 1977, Archives – HEC Montréal

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop