« Il faut aimer son poulailler! Les oiseaux nous parlent, il faut les écouter », lance Julie Desrochers, responsable de troupeau au pondoir de reproduction M-22 de Sollio Agriculture, à Saint Jude, en Montérégie. Voilà qui en dit long sur le souci qu’on accorde au bon fonctionnement du bâtiment et au bien-être des oiseaux.
Les employés de ce pondoir dernier cri, doté des plus récents équipements technologiques en matière d’élevage, forment une équipe soudée et dédiée. Son but? Maximiser le confort et optimiser la performance des 15 000 poules et 1500 coqs qui y logent.
Sous la responsabilité d’Audrey Tremblay, directrice des fermes de reproduction chez Sollio Agriculture, Julie Desrochers, responsable de troupeau, Kourtney Mercier, manœuvre, Jean Charles Boutet, superviseur des employés, et Patrick Pétrin, expert technique, s’entendent à l’unisson. Tout est affaire de communication, d’écoute, d’observation, de respect.
Audrey se dit motivée par ses collègues qui n’ont qu’un but : faire mieux. Et faire mieux commande bien souvent quelques remises en question. « Ce qui est bon aujourd’hui ne le sera pas nécessairement demain, avance Jean Charles Boutet, à l’emploi de Sollio Agriculture depuis 22 ans et toujours animé d’un fort penchant pour ses oiseaux. Nous sommes en constante amélioration de nos processus de travail. »
« L’expérience nous dicte vers où l’on doit se diriger. C’est à force d’essais et d’erreurs qu’on améliore nos façons de faire », confirme Audrey Tremblay.
L’incendie
Le bâtiment d’élevage ultramoderne de ponte de reproduction de Sollio Agriculture, situé route de Michaudville, à Saint Jude, est en réalité une toute nouvelle construction. Son prédécesseur, qui n’avait pas aussi fière allure, a été la proie des flammes le 9 février 2022. Le brasier anéantira tout. Une profonde désolation afflige alors l’équipe à la vue des cendres et des débris du bâtiment. Le choc est dur à encaisser. Mais 11 mois plus tard, le 12 janvier 2023, un bâtiment tout neuf et en pleine opération resplendit dans la campagne montérégienne. La résilience de l’équipe a été tout simplement remarquable, témoigne Audrey Tremblay.
Avant d’en entamer la construction, on se questionnera pour savoir quel sera – ou devrait être –, le bâtiment du « futur ». Un seul étage ou deux? Quels équipements et technologies utiliser? Comment favoriser le bien-être à la fois des oiseaux et des employés? Quel type d’énergie privilégier? Et, bien sûr, à quels coûts?
Le site d’élevage sera doté, sur un seul et vaste étage, du nec plus ultra en matière de production avicole. Tout y sera aménagé pour favoriser à la fois la productivité et le bien-être.
Le troupeau, ses performances
Arrivées sur les lieux à 20-21 semaines d’âge, les poules se sont mises à pondre à 24 semaines, soit depuis la mi-février. Les oiseaux de races Cobb et Ross assurent depuis la production de 70 000 à 75 000 œufs fertiles par semaine. Ces œufs prennent la route du couvoir de Sollio Agriculture, à Victoriaville, pour y être incubés pendant 21 jours. Et d’où en sortent les millions de poussins à chair que se procurent les éleveurs du réseau. « Les taux de ponte sont élevés, informe Patrick Pétrin, les résultats sont excellents. » Le cycle de ponte des poules prendra fin à 62 semaines d’âge.
Jean-Charles tient à préciser : « Il y a des courbes de performances préétablies : ponte, poids des oiseaux, poids des œufs, et des courbes de ventilation, aussi, par exemple, mais chaque bâtiment est unique. Il faut travailler avec son bâtiment. » Bref, la techno oui, mais pas seulement. On ne peut pas s’y fier exclusivement, dit-il. L’observation est de mise.
Un pèse-oiseau enregistre en continu le poids des poules et des coqs et trace des courbes qui permettent d’ajuster les quantités d’aliments qu’on leur sert. « On les pèse aussi à la main pour confirmer l’information s’il y a doute, commente Jean Charles. L’état de chair des oiseaux est à surveiller de près, des oiseaux trop gros produiront moins. »
Le poids des œufs est aussi un facteur à ne pas négliger. On ne cherche pas à obtenir toujours de plus gros œufs. « Des œufs trop gros dans les alvéoles vont se cogner les uns sur les autres pendant le transport, ce qui va provoquer des microfêlures ou craques sur la coquille, explique Kourtney Mercier. Les microfêlures entraînent le dessèchement des œufs pendant l’incubation. »
Pour éviter ce problème, on diminue la quantité de moulée servie aux poules afin de réduire la grosseur des œufs, résume Kourtney. On procède aussi à des tests de fertilité sur place à l’aide d’un mini-incubateur.
« Produire des oiseaux et des œufs de qualité, c’est toute une chaîne logistique, explique Audrey Tremblay. Si par hasard ça plante à la ferme, on se remet en question et on trouve des solutions. » Il y a quelque temps, la directrice des fermes de reproduction avait constaté avec son équipe que des œufs avaient été infectés et causaient des problèmes au couvoir. « On s’est rapidement penché sur ce cas et on a découvert que du fumier s’accumulait dans les tiroirs installés sous les nids de ponte, ce qui contaminait certains œufs. On a tout simplement retiré ces tiroirs, et le problème a été instantanément réglé. »
Autre cas d’espèce, de la moulée s’accumulait dans le système de distribution automatique d’aliments. Résultat? Des toxines s’y développaient, ce qui a nui aux performances. « On s’en est rapidement rendu compte. Le suivi doit être constant », souligne Audrey. Comme le mentionne Julie Desrochers, les oiseaux, à leur façon, communiquent beaucoup. Leur comportement est très révélateur. Il faut être attentif au moindre détail. Mieux vaut une fausse alerte qu’une catastrophe », justifie Audrey Tremblay.
Le bâtiment a à peine plus d’un an d’existence que déjà on songe à en améliorer certains aspects. Dans une prochaine installation de ponte de reproduction, sur laquelle Sollio Agriculture travaille, Audrey optera pour deux types d’éclairage différents. L’un qui favorise l’accouplement, et l’autre, plus chaud, pour favoriser la ponte dans les nids.
Amélioration continue, disiez-vous?