
Qui a dit qu’en se diversifiant on risque d’être moyen partout? Certainement pas Alain Gagnon, chez qui les élevages porcin et laitier se marient à merveille!
Alain Gagnon ne se destinait pas à la production porcine. Troisième génération pressentie pour prendre les rênes de la ferme laitière familiale, située à Saint-Arsène (Bas-Saint-Laurent), il fait néanmoins un crochet pour travailler quelques années dans des élevages de porcs. « Quand j’ai terminé mes études, en 1996, mon père n’était pas encore prêt à vendre, raconte-t-il. J’ai donc répondu à l’appel d’une ancienne camarade de classe dont l’entreprise recrutait des employés pour une maternité-pouponnière en Beauce. »
À son retour au bercail, en 2000, le jeune producteur jongle avec l’idée d’introduire une production complémentaire à la Ferme Côte de Sable, dont il est dorénavant l’unique propriétaire. « Il était question de démarrer trois engraissements en partenariat avec Groupe Dynaco [maintenant Avantis Coopérative], mais le moratoire sur la production porcine a mis un frein à ce projet, se souvient Alain Gagnon. Ce n’est que quelques années plus tard que nous avons repris les discussions pour une pouponnière. »
Les premiers porcelets font leur entrée en novembre 2007. Après bientôt 15 ans, Alain Gagnon dresse un bilan positif de sa décision. « La pouponnière est un complément parfait à la production laitière, car les heures sont flexibles, explique-t-il. Si je dois passer plus de temps au champ ou à l’étable, je peux faire ma tournée à la porcherie plus tôt ou plus tard sans problème. Si j’avais voulu avoir une maternité, j’aurais dû sacrifier la production laitière, car les truies demandent beaucoup plus de soins, notamment pour les saillies et les mises bas. »
Performant depuis le début
Le technologue Guy Duval, directeur des élevages porcins pour Avantis Coopérative, a assisté à l’arrivée des premiers porcelets à la Ferme Côte de Sable. Il accompagne Alain Gagnon depuis ses tout débuts et ne peut que saluer le succès qu’il connaît année après année. « C’est le résultat d’un travail quotidien, affirme le conseiller. Alain prend le temps nécessaire pour faire ses routines, autant à l’étable qu’à la porcherie, et sa réussite le prouve. »
De fait, en 15 ans d’existence, l’entreprise a toujours fait partie des 20 pouponnières les plus performantes de l’Association de groupes d’éleveurs en production porcine (AGREPP). Et dans les dernières années, elle se retrouve toujours parmi les 5 meilleures de ce palmarès. En 2020, la pouponnière d’Alain Gagnon y occupe la troisième position, avec un indice d’efficacité de 139,56.
L’éleveur attribue une grande part de sa réussite à la maternité qui l’approvisionne en porcelets : la Ferme Pascoporc, propriété d’Avantis. « Tu as beau être un bon éleveur, si tu reçois des porcs maigres et qui ont la diarrhée, tu ne pourras pas faire des miracles, insiste-t-il. Les porcelets de Pascoporc arrivent en pleine santé, alors mon travail devient facile. La production porcine est une chaîne, et lorsque la chaîne est bien partie, moi je n’ai qu’à prendre le relais. »
Bien que Guy Duval ne puisse nier que l’arrivée de porcelets sains contribue au succès en pouponnière, il tient à rappeler que les pratiques d’élevage influencent grandement les performances par la suite. « L’approvisionnement en porcelets d’excellente condition, c’est la base, mais ça ne suffit pas. Il y a sept semaines de pouponnière à faire. Donc, si le travail était mal fait, Alain n’aurait pas les résultats qu’il obtient. »
Ne pas négliger l’entrée
Le classement des porcelets lors de leur arrivée est une étape cruciale. Classés par taille, ils sont répartis dans quatre salles comptant chacune 26 à 28 parcs de 25 têtes. On regroupe les porcelets les plus petits dans une même salle pour adapter leur alimentation et contrôler l’environnement (température), afin qu’ils rattrapent leur retard. Ils seront d’ailleurs les derniers à partir pour l’engraissement au bout de sept semaines, ce qui leur donne jusqu’à cinq jours supplémentaires en pouponnière et permet d’obtenir des poids plus égaux à la sortie.
Son pourcentage de pertes s’élève à 1,7 %, un taux bien en dessous de la moyenne provinciale à l’AGREPP, qui se situe à 2,5 %. « Je pourrais probablement faire mieux, mais le temps manque, car ça demande beaucoup de visuel, dit Alain Gagnon. Si tu passes un peu trop vite et que tu ne vois pas le porc qui reste couché derrière les autres, le lendemain matin, il sera peut-être trop tard. » C’est pourquoi il effectue deux tournées de 30 à 45 minutes chaque jour et il intervient dès qu’un porc montre des signes de maladie, de boiterie ou d’autres anomalies.
Guy Duval, son conseiller depuis 15 ans, croit que le sens de l’observation et l’ouverture d’esprit d’Alain Gagnon sont au cœur de ses performances. « Il a une bonne écoute et est très attentif aux recommandations qu’on lui donne. Il les met en pratique et ça donne d’excellents résultats. »
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Photo : Patric Nadeau