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Coco-Porc : élevages à plumes, élevages à poils!

Photo : Tant que ça a des yeux et que ça respire! Mérédith et Mathilde ont du plaisir à prendre soin des bêtes à poils ou à plumes et ont ce sixième sens de l’élevage.

Faire de la gestion stratégique et demeurer à l’affût des occasions d’affaires, c’est une seconde nature chez les Labbé-Lavallée, habitants de Saint-Hyacinthe. Après les poulets, les œufs, les dindons, les poulettes et les pondeuses en volière, leur entreprise se diversifie encore plus avec la vente à la ferme et l’élevage… de porcelets!

La famille a les moyens de ses ambitions. Même si l’argent entre, les marges s’amenuisent. Les œufs et la volaille perdent des plumes à chaque nouvel accord de libre-échange. Et enfin, les parents, encore jeunes, aiment l’action… et ont deux filles à établir!

Les parents, ce sont Maryse Labbé et Patrick Lavallée, diplômés de l’ITA et du programme court en entrepreneuriat agricole de l’Université Laval. Elle et lui s’impliquent dans le syndicalisme et la coopération. Leurs filles, ce sont Mérédith et Mathilde, faites du même moule que leurs géniteurs hyperactifs. Ces formations et ces occupations favorisent les réflexes entrepreneuriaux. Ayant des caractères à la fois analytiques et opérationnels, Maryse et Patrick teintent les connaissances et les attitudes de leurs filles de 20 et 18 ans, impatientes de terminer leurs études pour embrasser des projets.

Et les projets ne manquent pas! Un jour qu’il était aux boîtes aux lettres, Patrick a demandé à leur voisin immédiat, Nicolas Giard (de la Ferme Porgilaine), s’il avait l’intention d’exploiter ses pouponnières porcines encore longtemps. Une semaine plus tard, les deux parties s’entendaient sur la transaction des trois bâtiments et le morcèlement de 16 ha de terres, Nicolas voulant continuer de cultiver le reste. Cette décision d’affaires – se lancer en production porcine – cache aussi d’autres objectifs.

1) Diversifier les activités.

2) Sécuriser le développement.

3) Diminuer le risque.

4) Apprendre un métier.

5) Établir les filles.

 

Vision stratégique

Les quatre piliers de l’analyse stratégique (forces, faiblesses, occasions et menaces) ou la GAME (gestion, argent, marché, équipements/bâtiments), vous connaissez? C’est le genre de cadre d’analyse qu’amène dans les discussions l’agronome Nicolas Jobin et son équipe du Groupe Vision Gestion, de Saint-Hyacinthe. Celui-ci conseille la famille depuis 2014. Son premier mandat : exécuteur testamentaire. Son deuxième : aider à mieux utiliser les ratios financiers et les marges nettes, et participer à réorganiser la structure juridique de l’entreprise. Son mandat actuel : stimuler les réflexions, accélérer ou… freiner les projets! « Pourquoi la famille ne vend-elle pas ses poulaillers de poulets qui sont à part sur le deuxième site pour se concentrer sur les œufs? illustre Nicolas Jobin. Pourquoi ne fabrique-t-elle pas ses moulées à la ferme? Pourquoi ne vend-elle pas plus de poulets à son kiosque? J’encourage la famille à explorer de multiples options. »

La mission de l’entreprise est rédigée et figure sur son compte Facebook, mais elle demeure un travail inachevé, en perpétuel changement. Dans le kiosque de vente d’œufs et de volailles, on installera prochainement une tapisserie qui intègrera des photos d’époque de l’entreprise (depuis les débuts, en 1903) ainsi que ses valeurs : respect, famille, engagement, etc. Des moniteurs télés en circuit fermé diffuseront photos et vidéos de la ferme, qui a participé à l’émission Arrive en campagne l’an dernier – manière pour les Labbé-Lavallée de se reconnecter aux consommateurs urbains, même s’ils ne sont que de l’autre côté de la rue! « Nous sommes collés sur la ville, rappelle Maryse. Les gens viennent à pied acheter des œufs! »

Enfin, former et retenir la main-d’œuvre en agriculture, de nos jours, est un défi titanesque. En mars 2020, deux travailleurs temporaires guatémaltèques se joindront à l’équipe pour la première fois. « Ça changera la dynamique », présage Maryse. Pour ses employés québécois, la famille a décidé de récompenser l’ancienneté et l’engagement en modifiant la structure juridique d’une de ses cinq entreprises (élevage des poulettes). Cette dernière est devenue une société en commandite, une filiale dont les employés constitueront l’actionnariat, de manière à rétribuer ceux qui n’ont pas de fonds de pension. « Ça montrera aux employés l’impact financier de leur travail au quotidien, tout en les conscientisant à l’importance de la gestion financière », dit Maryse.

Et même, à l’importance de la gestion stratégique!

 

Lire l'article complet dans l'édition de janvier-février 2020 du Coopérateur.

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.