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Bien-être animal à la Ferme Almilard : un incontournable

Photo : Les frères Alain et Michel Lapointe ont toujours été partisans du bien-être de leurs animaux. Même que c’est à Michel que revient la lourde tâche de réformer les truies. 

À l’instar des autres productions animales, la production porcine s’adapte aux exigences du bien-être animal (BEA). Alain et Michel Lapointe, de la Ferme Almilard, située à Sainte-Justine (MRC des Etchemins), n’y voyaient aucun problème. Leur bâtiment à la fine pointe de la technologie, équipé de parcs d’exercice, leur assure un avenir prometteur ainsi qu’un regard neuf sur l’industrie. 

Les nouvelles normes en matière de confort pour les truies d’élevage n’ont pas effrayé les frères Lapointe, loin de là. Respectivement comptable et électricien de formation, Alain et Michel ont quitté Montréal au milieu des années 1990 pour évoluer près de leur famille, dans la région de Chaudière-Appalaches. « J’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans une ferme de La Coop fédérée [maintenant Sollio Agriculture] avant qu’on achète notre ferme, relate Alain, porte-parole de l’entreprise. Nous avons rebâti après un incendie et nous avons constamment modernisé les installations. Au début, nous étions multiplicateurs de cochettes F1 pour Sogeporc [aujourd’hui ALPHAGENE]. Par la suite, nous sommes devenus naisseurs commerciaux. »

Les Lapointe ont toujours été avant-gardistes. « Quand une bonne idée nous est proposée, nous l’essayons. Si ça fonctionne, nous continuons. Nous ne disons pas souvent non », s’amuse Alain. Ces éleveurs porcins ont ainsi amélioré petit à petit leur bâtiment et leurs pratiques, en ajoutant des nourrisseurs automatiques en mise bas, puis des niches, pour ensuite passer à l’élevage en bandes de quatre semaines, et ainsi de suite. Les normes en matière de confort des animaux ne les ont donc pas effrayés. « Ç’a toujours été une préoccupation. C’est l’amour des animaux qui m’a amené à évoluer en agriculture.

Donc, quand le temps a été venu de prendre la décision, nous sommes rapidement passés à la construction. »

Leur expert-conseil chez Sollio Agriculture, l'agronome Nicolas Goupil, précise toutefois qu’il ne s’agissait pas d’un coup de tête. « Des experts du Centre de développement du porc du Québec sont venus à la ferme et ont proposé des plans ainsi que des options. » En plus des parcs, les truies bénéficient d’un système alimentaire appelé DAC (distributeur automatique de concentrés autobloquant), géré par le logiciel Maximus. « C’est comme si chaque truie avait sa propre diététiste, dit Alain Lapointe. Selon les courbes décrites par le logiciel, l’animal reçoit ce qu’il lui faut en énergie, protéines et minéraux. »

Pour cela, la truie doit être isolée. Elle l’est par un système de barrières qu’elle doit actionner elle-même. Un tout nouveau concept pour elle, car elle était familiarisée avec une autre méthode. « D’habitude, une truie qui voit une barrière arrête, explique Alain. Là, elle doit continuer. Ç’a été trois mois d’enfer lors de la transition, mais maintenant ça va très bien. » 

Les chiffres parlent 

Un projet exigeant un investissement de plus d’un demi-million de dollars dans un secteur malmené sur le plan pécuniaire, cela demande un engagement de toute heure. Cette qualité, les Lapointe la possèdent. Chaque porcelet sauvé les rapproche de la rentabilité en fin de saison. Ils apportent donc une attention particulière à la mise bas. En moins d’une semaine, quelque 1800 porcelets voient le jour – de très longues journées de travail pour les frères Lapointe. «

Quand je peux arriver tôt à la maison, je suis chez moi entre 23 h et 23 h 30, raconte Alain. Si je ne peux me libérer, je dors à la porcherie. » Ce dévouement est la clé, selon Nicolas Goupil. Alain et Michel ont un ratio UTP (unité de travail-personne) en dessous de la moyenne. « La plupart des entreprises de leur envergure utilisent une demie à une UTP de plus. » 

Cet engagement a grandement servi les entrepreneurs lors de la construction du bâtiment, qui s’est échelonnée sur huit mois. « Nous nous sommes remis en question quelques fois », rigole Alain. Les Lapointe se sont mis aux normes européennes pour l’aménagement de leur nouvelle porcherie. « Ça leur donne passablement de latitude, explique Nicolas. S’ils doivent concentrer les animaux pour améliorer la rentabilité, ils peuvent le faire sans tracas. » « En plus, notre ferme sera encore aux normes dans plusieurs années », ajoute Alain.

La transition des cages conventionnelles vers les nouveaux parcs s’est vécue un peu comme une traversée du désert. Pourtant, pas question de revenir en arrière. « Quand tu optes pour un tel changement, c’est éprouvant, expose Nicolas Goupil. Tu as tous les inconvénients du changement, sans les bénéfices que ça apporte. Là, les Lapointe sont prêts à tirer profit de leur investissement. Avec les parcs, nous voyons que les truies sont bien mieux qu’avant. » Au début, les premières truies marchaient comme des robots. Maintenant, elles sont plus à l’aise, même dans les grandes chaleurs. 

Lire l'article complet dans l'édition de juillet-août 2020 du Coopérateur.

Stéphane Payette

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.

stephane.payette@sollio.ag

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.