Un aliment bon pour la santé, cultivé ici et vendu en pots consignés, c’est ce que propose l’entreprise Si Facile lancée en juin 2023 par Gabrielle Daneau St-Aubin. L’expression Amour en pot complète l’image de la marque.
« Je consomme des légumineuses pratiquement tous les jours, raconte cette jeune entrepreneure de 27 ans. Or, le processus de trempage est assez long et c’est ce qui m’a donné le goût d’expérimenter l’option de vendre des légumineuses prêtes à manger et mises en pots plutôt qu’en conserve. »
Gabrielle porte en elle le désir profond de faire sa part pour le mieux-être de la planète. Après deux ans d’études en psychologie à l’Université de Montréal suivis d’un détour d’une année à HEC Montréal dans le programme entrepreneuriat et création d’entreprise, Gabrielle Daneau St-Aubin poursuivra sa formation en communication et politique à l’Université du Québec à Montréal, un baccalauréat qu’elle complétera tout en explorant la mise en chantier de son plan d’affaires. L’idée a germé pendant la pandémie. « La voie de la politique me paraissait rigide et les changements lents à s’installer, sourit cette Lavalloise. C’est pourquoi l’idée de créer ma propre entreprise s’imposait en moi de plus en plus! »
Comme une ascension
Le développement du produit a été une période éprouvante, relate Gabrielle. « J’ai vécu cela comme la montée de l’Everest! On passe par des périodes d’encouragement et de satisfaction autant que par des temps de découragement où l’on ne voit plus la fin. » Accompagnée par un conseiller en technologie alimentaire, l’entrepreneure persiste à vouloir offrir le produit sans autres ingrédients que de l’eau. L’objectif : obtenir une texture uniforme et constante pour cinq légumineuses (pois jaunes, haricots pinto, haricots noirs, pois chiches et haricots rouges). Les essais dureront un peu plus de deux années et c’est à la fin de l’année 2022 que les résultats seront concluants : les légumineuses sont prêtes à être mises en marché avec une durée de vie sur les tablettes de 18 mois.
Des fournisseurs locaux
« Il n’y a que les pois chiches qui sont cultivés dans l’Ouest canadien, précise Gabrielle. Tout simplement parce que ça ne se cultive pas au Québec ». Les haricots proviennent de l’entreprise Haribec, à Saint-Aimé. « Lorsque Gabrielle nous a sollicités, nous trouvions son projet innovateur et nous avons fait une entente pour l’accompagner dans son développement d’affaires », explique Stéphanie Roy, vice-présidente de l’entreprise qui est le principal grossiste de haricots cultivés au Québec sur le marché local.
Quant aux pois jaunes, ils arrivent de Saint-Jean-Port-Joli, soit de l’usine de transformation de la Ferme Pré Rieur. « J’ai une bonne connexion avec ces deux entreprises et nous partageons le même désir d’innover dans notre partenariat d’affaires », explique Gabrielle. C’est de sa cuisine industrielle, un local d’une surface de 120 m2 (1300 pi2) loué au Centre Industriel Rosemont, que sont chargés les pots de 500 ml pour ensuite être distribués dans un peu plus de 70 points de vente différents, surtout des épiceries fines, des boutiques et quelques supermarchés indépendants du Grand Montréal. Pour donner le goût aux gens de manger des légumineuses et créer de nouvelles habitudes de consommation, plus de 50 recettes sont proposées par l’entremise d’un code QR bien affiché sur le contenant.
Bientôt sur les tablettes d’épicerie du Québec
Lancée officiellement en juin 2023, l’entreprise fait son chemin et vise à élargir sa gamme de légumineuses et à augmenter progressivement son volume de production. Aidée de ses parents, Gabrielle aspire à positionner ses pots remplis d’amour dans les épiceries, et cela demande de passer à travers le processus de certification HACCP. « Heureusement que j’ai mes parents avec moi, reconnaît Gabrielle. Ils m’aident autant dans la production, la distribution et l’administration. Sans parler de leur soutien financier », a-t-elle tenu à préciser. C’est beaucoup de temps non rémunéré. Outre deux bourses reçues, dont une première place en agroalimentaire pour la bourse Défi OseEntreprendre, la boursière a fait appel aux services de La Ruche pour faire une collecte de fonds. « Il faut foncer, aller cogner chez les entreprises avec qui on souhaite faire alliance et vendre son produit! C’est un très bon moyen pour développer un réseau d’affaires », conclut la jeune entrepreneure.
Les pois jaunes de la Ferme Pré Rieur
Daniel Dubé et sa conjointe Céline Chouinard cultivent du pois jaune biologique depuis 2014. Ils ont tenté l’expérience en sachant qu’il y a au Québec une réelle demande. L’arrivée de Jean-Marie Gagnon et de son fils Jean, un industriel de la région, à titre d’actionnaires investisseurs a donné un nouveau souffle à l’entreprise de Saint-Jean-Port-Joli, ce qui lui a permis de se développer dans la fabrication d’huile de tournesol et la transformation du pois jaune entier, concassé et en farine.
La Ferme Pré Rieur transforme les pois produits par des fermes du Bas-Saint-Laurent et de l’Abitibi. L’implantation de cette culture dans les champs est encore à l’état embryonnaire, concède l’agriculteur. « C’est un aliment prometteur pour lequel nous offrons un débouché, précise Daniel Dubé. Nous devons travailler à développer l’intérêt des agriculteurs autant que celui des consommateurs. »
Si Facile : un partenariat stimulant
« Le partenariat récent avec la nouvelle entreprise Si Facile est très stimulant, souligne Daniel Dubé. Le fait d’offrir le pois jaune prêt à être consommé contribue à le faire découvrir et donne le goût aux gens d’ici d’en savoir plus sur cet aliment pourtant très présent dans l’histoire culinaire du Québec au début du siècle dernier. Nos ambitions sont sensiblement les mêmes, soit de vouloir se positionner dans toutes les épiceries d’ici et d’ailleurs, en mode B2B (commerce interentreprises) », confie Daniel Dubé. Il y a encore du travail à faire pour valoriser les vertus de cet aliment pour la santé humaine autant que pour la santé de nos sols. Cette culture de climat frais est une solution de remplacement intéressante comme culture de transition, fait savoir l’entrepreneur.
Photo : gracieuseté de Si Facile