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Voyage au Dairyland de l’Islande

Crédit photo : Étienne Gosselin

Ils sont parmi les plus grands buveurs de lait au monde, sont fiers de leur race patrimoniale et exportent une partie du lait hors de leur île volcanique de glace et de feu. L’Islande, petit pays laitier nordique et dynamique, gère et règlemente sa production au moyen de la gestion de l’offre.

 

Climat couci-couça

L’Islande bénéficie d’un climat océanique subpolaire. Conséquemment, l’île profite d’une certaine douceur (11 °C en été, – 1 °C en hiver). Malgré cela, les journées pluvieuses sont nombreuses et la terre lente à se réchauffer. Il ne pleut pas plus en Islande qu’au Québec, mais la fréquence de jours humides est presque deux fois plus élevée : il pleut un jour sur deux! La météo est aussi très changeante. Blizzard et soleil radieux peuvent alterner toutes les cinq minutes.

La saison végétative est donc… compliquée. Les producteurs réalisent deux coupes d’un foin à enrober. « On produit aussi de l’orge », explique le gérant Birgir Ragnarsson, de la ferme Selbakki, à Flatey, qui compte les meilleures terres d’Islande. « Mais même avec 120 jours de croissance, elle ne parvient que rarement à mûrir complètement, ce qui oblige son traitement à l’acide propionique. »

 

Race millénaire

La race Islandaise, petite (430 kg), acère et rustique, a connu son développement avec les premiers colons, à partir de 874. Elle est la seule autorisée en Islande, pour des raisons aussi bien patrimoniales que sanitaires : le cheptel est, par exemple, exempt de tuberculose, brucellose et fièvre aphteuse. La consommation d’antibiotiques est 10 à 20 fois moindre que dans les grands pays d’Europe. La robe de l’indigène n’a pas fait l’objet d’efforts de sélection en vue de son uniformisation : unie ou tachetée, elle présente plus de 100 coloris différents, dont un très étrange bringé (zébré). La consanguinité est suivie de près, et les meilleurs taureaux donnent 3 000 doses de semence en moyenne, jamais plus de 6 600. Le seul centre d’insémination, propriété du syndicat agricole national, évalue et met sous contrat les meilleurs mâles.

 

Ressources précieuses

Le prix du lait aux producteurs est 80 % plus élevé que le prix québécois. Ce n’est pas pour rien : le carburant coûte deux fois et demie plus cher qu’au Québec et la majeure partie des suppléments sont importés, ce qui déplaît aux Islandais, rompus à l’autosuffisance.

En conséquence, pour abaisser les coûts, les fourrages (fléole des prés, raygrass, brassicacées) trouvent une place stratégique dans les rations, généralement à plus de 70 % (la moyenne québécoise pour les Holstein est de 68 %). Les éleveurs utilisent aussi des ingrédients dont ils disposent abondamment, notamment de la farine de poisson (0,5 kg/j), riche en protéine non dégradable (acides aminés essentiels), issue d’usines halieutiques bien implantées sur les côtes.

 

Contingentement plébiscité

Insulaires, les Islandais chérissent la liberté et font preuve d’une forte indépendance d’esprit. Lors du passage du Coopérateur, en février dernier, un vote important se tenait parmi les producteurs, invités à se prononcer sur la gestion de l’offre. « La demande de quota et la manière de l’échanger ont bien changé, explique Ingvar Sveinsson, 24 ans, de la ferme Búkostir, Auparavant, on pouvait acheter du quota de gré à gré. Dans la dernière année, l’État a été responsable des transactions, à un prix fixe. Or, le droit de produire est en très grande demande actuellement, ce qui n’était pas le cas jusqu’à récemment. » Ingvar est très au fait des conséquences de l’abolition des quotas en Europe, tout comme son père, Sveinn, biologiste de formation et longtemps vice-président du syndicat agricole national (Bændasamtök Íslands). Ce dernier est catégorique : « Si les quotas tombent, c’est la fin du lait en Islande. » Heureusement, les résultats ont été sans équivoque : 89 % des éleveurs désirent le maintien. Ces résultats serviront à établir la nouvelle entente liant les composantes d’une filière laitière qui décide de tout : quantités à produire, prix aux consommateurs et prix aux producteurs basés sur les coûts de production.

Cette consultation historique aurait pu mener à une croisée des chemins pour le secteur laitier islandais : se contenter de la demande nationale ou abreuver le marché international autrement que par des surplus.

Retrouvez le reportage complet dans l’édition de mai-juin 2019 du Coopérateur. 

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.