
Coaticook, début novembre. L’étonnante chaleur de l’automne dernier accueille le Coopérateur sur la belle ferme aux toits rouges.
Dans l’étable, le robot passe tranquillement d’une vache à l’autre. La Ferme Philmardo, sise sur la route 141 depuis 1965, est prête à raconter son histoire de coopération.
Déjà dans les années 40, Anatole Véronneau et sa mère, Eva Véronneau, se lancent dans le mouvement coopératif de leur région et participent à la fondation de La Coop de Coaticook, aujourd’hui VIVACO groupe coopératif. Rapidement devenue veuve, Eva avait remplacé son conjoint à la tête de la ferme. C’est elle qui, avec un de ses fils, Henri, reprend la ferme familiale pour faire vivre la famille de 10 enfants.
En mai 1965, Anatole Véronneau achète la terre de la ferme actuelle. Bien actif dans le monde agricole depuis plusieurs années, c’est après avoir établi de nombreux membres de sa famille, dont au moins deux fils, sur plusieurs terres achetées dans la région, qu’il s’établit définitivement sur la 141.
Coopérer est une évidence pour les Véronneau, une « famille coopérative de longue date », comme l’affirme Gérald Boivin, l’expert-conseil de la ferme qui est membre de VIVACO groupe coopératif. Anatole Véronneau sera administrateur de sa coopérative dans les années 1960, tout comme son fils aîné, Georges, vers 1965. Le jeune Philippe grandit en apprenant que coopérer et s’impliquer, c’est gagnant pour tout le monde. Dès ses 18 ans, il est inscrit comme membre. « Mon père me disait que le système coopératif est toujours en avant des autres! » affirme Philippe Véronneau, qui, encore aujourd’hui, ne dément pas les sages paroles paternelles. À sa majorité, Philippe passe aussi de maison en maison pour récolter les très élevées cotisations de 5 $ destinées à l’Union catholique des cultivateurs (aujourd’hui l’Union des producteurs agricoles)!
Au fil des ans, la coopération prend de plus en plus de place dans sa vie. En 1978, il devient administrateur pour Agropur et y restera 13 ans. Il fera un grand travail pour l’adoption de la gestion de l’offre. Les années 80 sont remplies de défis coopératifs. Il s’implique à titre de membre du CA de la Caisse populaire Desjardins de Coaticook pendant 8 ans. Il fait partie d’une mission pour la coopération internationale au Pérou en 1988. Il est également médiateur pour le Bureau de l’examen de l’endettement agricole (aujourd’hui le Service de médiation en matière d’endettement agricole) de 1986 à 2008. Entretemps, en 2000, c’est à La Coop des Cantons qu’il pose ses bottines d’administrateur, pour un plus court mandat, de trois ans cette fois.
La Ferme Philmardo en 2023
La vie sur la route 141 est rythmée, aujourd’hui, par les 140 vaches, dont 70 en lactation. Marie-Ève et Dominic, les enfants de Philippe Véronneau et de Gertrude Guay, ont repris la ferme et se partagent les tâches quotidiennes. « On a une belle ferme, affirme Marie-Ève. Notre père a vraiment construit une belle entreprise, ce qui fait que même avec les tempêtes, on s’en sort. »
L’équilibre et l’entente sont excellents entre le frère et la sœur. En équipe, ils s’occupent de la traite et des vaches et de la vue d’ensemble de la gestion de la ferme. Dominic voit aussi à la régie aux champs et à la machinerie. « L'excellent rendement dans les champs est possible grâce à la bonne gestion des intrants et aux rotations des cultures », précise le producteur.
Grande amoureuse des vaches, Marie-Ève aime surtout leur contact, l’histoire de chaque vache et le fait qu’elles appartiennent à la Ferme Philmardo : « Ce que j’aime de nos vaches, c’est qu’elles viennent de notre élevage. J’aime quand une belle génisse vêle. J’ai décidé du croisement et j’ai fait un peu la recette. Si la génisse fait du lait, c’est grâce à moi; si elle n’en fait pas, c’est aussi ma faute! J’aime l’élevage et voir grandir la génisse qui devient une vache. »
La combinaison est donc gagnante entre gestion des champs, conduite de la machinerie, traite et génétique. « Je ne ferais pas d’agriculture sans mon frère! On fait une belle équipe », s’exclame Marie-Ève.
Des employés de qualité et... robotisés!
Côté employés, la ferme fait appel à l’expérience de Philippe, mais également à la patience de Miguel, le fils de Dominic. « J’aime tout! » affirme-t-il avec son grand sourire. Il donne un coup de main la fin de semaine et les soirs ou les étés, pour la traite ou dans les champs. « Il est très très bon avec les animaux », précise Marie-Ève. « Miguel est devenu une aide indispensable et très appréciée. Nous en sommes bien fier », ajoute Dominic.
L’autre employé étoile est arrivé il y a environ cinq ans : le Roboleo. Une optimisation du bâtiment, qui a été allongé de 25 mètres, a été nécessaire pour permettre son installation. Il se déplace de vache en vache pour la traite dans la salle en stabulation entravée. « C'est un bon outil de travail pour notre ferme, affirme Dominic. Le robot permet une troisième traite par jour, ce qui améliore la production et la santé mammaire des vaches. » La productrice ajoute quant à elle que les petites alertes envoyées à l’ordinateur pour signaler une interruption du robot ou la nécessité d’un nettoyage ont un peu bousculé ses habitudes, mais qu’une fois le système bien en place, on ne saurait plus s’en passer!
Photo par Stéphanie McDuff : Marie-Ève, Miguel, Philippe et Dominic Véronneau.