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Les multiples talents des Jacobs : Pros de l’élevage et de la production

Photo de Carl Saucier : De gauche à droite: Johny, Jayden, Tyler, Ysabel, Alyson, Charly, Marian, Jean, Nellie, Elsie, Yan, Ryan et Henry.

Les Jacobs ont soif de défis et l’ont démontré à maintes reprises. Tant dans les arènes d’exposition, où leurs animaux se sont distingués d’innombrables fois, que dans l’étable, là où ces mêmes sujets atteignent des niveaux de productivité enviables. Les actionnaires innovent par les pratiques culturales et le partage des terres, de même que dans la gestion d’entreprise : ils ont choisi de créer trois fermes laitières distinctes, dont l’une se charge des cultures et de l’alimentation des trois troupeaux.

Le Coopérateur est accueilli par une partie de la relève en devenir : les cousines Elsie (14 ans, fille de Yan Jacobs) et Alyson (11 ans, fille d’Ysabel Jacobs). Trois générations se côtoient dans l’entreprise du rang Saint-François, où de bonnes ondes positives se dégagent de ceux et celles qui y vivent et travaillent. Cinq actionnaires, 10 employés, plusieurs jeunes enfants et une bonne dizaine de collaborateurs externes. Une équipe bien soudée et aux multiples talents.

Sur les traces de Léo et Nellie Jacobs

Les grands-parents d’Ysabel et Yan, Léo et Nellie, immigrent des Pays-Bas en 1951 et acquièrent une ferme laitière. Deux de leurs garçons, Pierre et Jean (le père d’Ysabel et Yan), s’y établiront. Quand Ysabel et Yan prennent la relève, Pierre se retire. L’entreprise va ainsi bon train pendant plusieurs années. Le conjoint d’Ysabel, Tyler Doiron, natif de l’Île-du-Prince-Édouard, désireux de posséder sa propre exploitation, achète une entreprise laitière voisine de la Ferme Jacobs. Ty-D Holstein voit le jour. En 2017, Jean se retire de l’entreprise mère, transfère sa part à sa conjointe, Marian Ghielen, et achète une autre ferme laitière, à quelques kilomètres du site principal. Cette dernière – renommée Gestion Jean Jacobs – est incendiée moins d’un an plus tard. On ne la reconstruira pas, mais on continuera d’en cultiver les terres et de faire produire le quota de 180 kg.

Résumons : Marian, Ysabel et Yan gèrent la Ferme Léo Jacobs Holstein (330 kg); Tyler possède Ty-D Holstein (190 kg); et Jean, Gestion Jean Jacobs (190 kg). Total : 1200 têtes.

Pourquoi cette structure? « Quand il y a trop de monde dans une seule grande entreprise, ça ne marche pas, dit Ysabel. En plus, avec mes trois enfants et les cinq de Yan, dont plusieurs sont vraiment intéressés par l’agriculture, on voulait, en se diversifiant, leur offrir plusieurs options dans l’avenir. » Les actionnaires se sont affairés à pousser la réflexion plus loin. Une restructuration s’est imposée d’elle-même.

Une étable neuve

Leur plus récente réalisation était en préparation depuis un bon moment. « Dans les installations de la Ferme Léo Jacobs, le site mère, on n’arrivait pas à produire nos 330 kg, explique Ysabel. On voulait offrir aux vaches plus de confort et augmenter leur productivité. »
Analyses, discussions et visites d’entreprises se sont succédé, pour déboucher sur un projet rassembleur : une étable toute neuve, dernier cri, vaste et entièrement robotisée, achevée en décembre 2020. Pénurie de main-d’œuvre oblige, la robotisation de la traite a été préférée au carrousel ou au salon de traite. Les hausses de productivité escomptées se sont aussi matérialisées. Pas de records de production à l’horizon pour les 450 vaches qui y logent : les Jacobs visent l’optimisation. 

Visionnaires, les Jacobs le sont également aux champs. Les trois entreprises cultivent au total 930 ha (2300 acres), locations comprises. C’est la Ferme Jacobs qui se charge de produire les aliments (maïs-ensilage et fourrages) des trois troupeaux. « Bien équipée, elle loue les terres, produit les aliments et les revend aux autres fermes, explique Ysabel. En confiant à forfait les battages, les pulvérisations et une partie des épandages de fumier, on a relativement peu de dépenses d’équipement. C’est plus efficace et ça libère des liquidités. »

La gestion des liquidités, c’est le nerf de la guerre, selon Ysabel. « Le prix du lait ne suit pas l’inflation, dit-elle. On travaille à réduire nos coûts tout en augmentant notre productivité à l’étable et aux champs. » Les agronomes Carl Thibodeau et Juan Pedro Sarramone, de Novago Coopérative, l’aident à adopter les meilleures pratiques. Tout est calculé. « C’est grisant de travailler avec les Jacobs, commente Carl Thibodeau. Ce sont d’excellents gestionnaires, qui savent s’entourer. On sent qu’on fait partie de l’équipe. Il y a une belle chimie de gang. L’objectif est d’arriver au meilleur résultat. »

Les Jacobs ne réalisent aucun projet sans d’abord l’analyser en profondeur. Équipement, terre, bâtiment, service offert : combien ça va coûter, combien ça va rapporter? Que ce soit 10 000 $ ou 300 000 $, chaque investissement doit accroître la rentabilité et l’efficacité. Sinon, le dossier est rejeté ou modifié.

Ysabel l’admet d’emblée : « On est assez exigeants envers nous-mêmes. Dès qu’on a atteint quelque chose, on veut plus. » L’étable robotisée n’est pas la fin d’un parcours, mais un tremplin. « Le prochain projet, je ne sais pas il est où encore, mais je suis sûre qu’il y en a un qui va s’en venir, croit Ysabel. Les enfants nous suivent depuis leur tout jeune âge [sa fille était en poussette à l’étable trois jours après sa naissance!]. C’est important qu’ils sachent qu’ils font partie de l’entreprise. »

Voir loin

L’intégration des jeunes dans l’entreprise est une priorité. C’est pourquoi les Jacobs demeurent ouverts à la diversification de leurs activités. Nouvelles productions animales ou végétales, nouveaux marchés, nouvelles tendances : tout est possible. On veille aussi à ce que les jeunes se forment et acquièrent de l’expérience hors de l’entreprise. 

Ysabel éprouve beaucoup de fierté à voir l’exploitation, fondée il y a 56 ans, faire le bonheur de ceux et celles qui y vivent. Des employés bien traités, loyaux et de longue date : Alain Bouchard, Connie McMillan, Kilian Theraulaz, Joëlle Saucier et plusieurs travailleurs guatémaltèques prennent plaisir à contribuer à l’aventure.

Les enfants Jacobs savent toute la chance qu’ils ont de vivre dans une ferme et l’importance que l’agriculture représente dans la société. L’entreprise n’a plus de secrets pour eux : prix remportés aux expositions, machinerie, cultures, production laitière... Ils entrevoient l’avenir avec des yeux brillants et la tête pleine d’idées neuves : visites à la ferme offertes aux citadins, stages, étables remplies d’ordinateurs, travaux aux champs à l’aide de tracteurs et d’appareils autonomes, et ainsi de suite. Comme il est écrit sur un des murs de l’étable : Qui veut vraiment réussir trouve un moyen d’y parvenir.

Abonnez-vous à l'édition papier du Coopérateur pour lire l'article complet paru en septembre 2021. 

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

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