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Ferme Hector Claveau & Fils : une étable moderne et à la hauteur

La Coop Purdel

Photo : La nouvelle étable de la Ferme Hector Claveau & Fils
Crédit : Laurie-Edwidge Cardinal

Il y a 90 ans, la ferme des Claveau était diversifiée non par choix, mais par nécessité. Aujourd’hui, et après avoir essuyé un incendie ayant tout détruit, la Ferme Hector Claveau & Fils restera diversifiée. Non par nécessité, mais par choix.

Cinq cochons, trois vaches à lait, deux vaches de boucherie et six bouches à nourrir. Du temps de Joseph Claveau, venu avec Marie Ross coloniser l’arrière-pays de Rimouski en 1906, le quotidien était centré sur l’autosuffisance, voire la survivance. Un dilemme agroéconomique : diversification ou spécialisation? On s’appliquait plutôt à défricher les terres, engranger pour l’hiver, reproduire les meilleures bêtes et vendre les surplus.

Aujourd’hui, Michel Claveau et Karen Fournier ne boivent même pas leur lait. Le carton Natrel posé sur la table à côté du café le rappelle tragiquement. La raison est bien involontaire : la surchauffe d’un moteur a provoqué un incendie qui a rasé l’étable le 28 mai 2017, emportant 172 têtes que le couple chérissait. Trois semaines auparavant, la ferme venait pourtant de remplacer le réservoir à lait, qui menaçait de déborder. « On avait célébré l’évènement au champagne! » se remémore Karen. Heureusement, 30 génisses étaient logées sur un autre site.

Sans hésiter, on a reconstruit l’étable des Hauteurs, village ainsi nommé en raison de sa situation à 450 m au-dessus du niveau de la mer. « Pour moi, les mots qui définissent bien ces gens sont résilience, renaissance et passion », dit le technologue Pierre-Marc Cantin, expert-conseil de La Coop Purdel. De nouvelles productrices ont fait leur entrée dans une cathédrale bâtie pour loger deux robots de traite Astronaut A5 Lely et assez de vaches pour produire 158 kg de quota – le volume à atteindre pour rentabiliser les nouvelles installations. Même inactive pendant 20 mois, la ferme a continué d’acheter du droit de produire, 22 kg très exactement!

 

Reconstruire l’avenir

Karen a la gorge serrée quand elle passe en revue la vague d’amour, d’espoir et de compassion reçue de la communauté, de la région, de la famille agricole. « Solidarité », lance Michel, sans plus d’explications. Les propriétaires se pincent encore en pensant à autant de générosité. Karen explique qu’elle veut redonner dans l’avenir. Tant de beaux gestes méritent qu’on donne au suivant et qu’on entretienne la solidarité légendaire des gens de la terre.

On voue chez les Claveau-Fournier un amour sincère aux animaux. Karen connaît noms et généalogies par cœur. En fermant les yeux, elle revoit chacune des vaches noir et blanc dans les stalles devenues cercueils. À quelques mètres de la nouvelle étable, l’emplacement de l’ancienne étable ne recevra pas du vulgaire gazon. On commémorera la mémoire des disparues par un jardin d’eau et des pommiers, ou quelque chose comme ça.

La mission de l’entreprise, simple mais dûment énoncée – « produire du lait en respectant les normes de qualité et de bien-être animal » –, rappelle la préoccupation du confort des vaches. L’annexe de l’étable, par exemple, abrite une pouponnière ultramoderne à pression positive pour éviter l’entrée de mouches et de pathogènes. De même, l’air est préchauffé et asséché en passant par la salle mécanique, qui dégage beaucoup de chaleur.

Le nouveau bâtiment, à structure d’acier et sans poteaux, mesure 29 m sur 114 et comporte une allée d’alimentation centrale. On a prévu une « cuisine » de 18 m sur 21 pour fabriquer les rations, distribuées au chariot motorisé. Les mélangeurs fixes sont alimentés par trois silos verticaux. Ni les silos-fosses ni les silos-sacs n’ont remporté la faveur des propriétaires. Attenant à la cuisine, on trouve un espace de déchargement des copeaux de bois pour les remorques à plancher mobile, question d’acheter en vrac de quoi épandre sur les matelas. Plus loin, voilà le quai d’expédition des veaux, seul espace accessible au camionneur, biosécurité oblige. La pièce de résistance demeure la « laiterie », de 18 m sur 30, endroit de vie et de travail aux larges fenêtres donnant sur la pouponnière et la cathédrale. On avait déjà de la satisfaction à rester à l’étable pour flâner ou assister un vêlage difficile : on en aura davantage dans l’avenir!

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.