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Propagation de la grippe aviaire chez les bovins : les autorités américaines imposent de nouvelles mesures

La grippe aviaire continue de se propager aux États-Unis depuis que des foyers du virus H5N1 ont été détectés chez des bovins laitiers pour la première fois au mois de mars.

La propagation est confirmée par le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) et le secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack affirme que « l’émergence de ce virus pose un nouveau risque. »

« L’USDA a identifié une propagation entre les vaches d’un même troupeau, une propagation des vaches aux volailles, une propagation entre les laiteries associée aux mouvements de bétail et des vaches sans signes cliniques qui ont été déclarées positives », écrit l’USDA dans un communiqué.

De ce côté-ci de la frontière, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), dans une communication écrite au Coopérateur, affirme qu’aucun cas d’IAHP (Influenza aviaire hautement pathogène) n’a été détecté chez les bovins au Canada « pour le moment ». 

L’agence indique par ailleurs qu’elle « collabore avec Santé Canada, l’Agence de la santé publique du Canada et les autorités américaines pour surveiller l’évolution de la situation. »

Nouvelles mesures en vigueur depuis le 29 avril

Pendant ce temps, les autorités américaines annoncent la mise en place d’une série de nouvelles mesures de détection.

Ainsi, dans le but d’empêcher la propagation, l’USDA décrète qu’à compter du 29 avril, tous les bovins laitiers doivent être testés pour la grippe aviaire avant de voyager entre les États. Jusqu’à présent, l’USDA conseillait aux agriculteurs de tester les bovins laitiers avant leur expédition, mais ne l’exigeait pas.

L’arrêté fédéral ordonne les mesures suivantes avec l’objectif de « développer une compréhension critique afin de soutenir toute ligne d’action future » :

  • Tests obligatoires pour les mouvements interétatiques des bovins laitiers ;
  • Avant tout déplacement interétatique, les bovins laitiers doivent subir un test négatif pour le virus de la grippe A dans un laboratoire agréé ;
  • Les propriétaires de troupeaux dans lesquels les bovins laitiers sont déclarés positifs pour les déplacements interétatiques seront tenus de fournir des informations épidémiologiques, y compris le suivi des mouvements des animaux.


L’USDA paiera le coût des tests et les résultats peuvent prendre une semaine. Si le test du bétail est positif au virus de la grippe aviaire, les propriétaires doivent attendre 30 jours et tester à nouveau le bétail.

Restes du virus dans le lait pasteurisé américain

Par ailleurs, l’agence américaine des médicaments et de l’alimentation (FDA) a annoncé la semaine dernière que des échantillons de lait pasteurisé américain avaient été déclarés positifs pour des restes du virus de la grippe aviaire. L’agence estime que le matériel viral est inactif et que les traces de virus « ne représentent pas un virus réel qui pourrait constituer un risque pour les consommateurs ».

Chez nous, l’ACIA confirme être au courant des conclusions du Département américain de l’Agriculture concernant la présence de fragments du virus IAHP dans les échantillons de lait pasteurisé.

L’agence canadienne affirme également « qu’il n’existe actuellement aucune preuve suggérant que les aliments, y compris le lait, peuvent transmettre la grippe aviaire aux humains. Il existe également une exigence réglementaire pour que le lait des vaches laitières soit pasteurisé pour la vente au Canada, un processus bien connu pour tuer les bactéries et les virus nocifs, garantissant que le lait et les produits laitiers sont propres à la consommation. »

Aux États-Unis, la FDA poursuit son étude nationale d’échantillonnage du lait commercial et se fait rassurante après avoir reçu les résultats d’un premier ensemble d’échantillons géographiquement ciblés.

« Les résultats préliminaires montrent que la pasteurisation est efficace pour inactiver l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Ces tests supplémentaires n’ont détecté aucun virus vivant et infectieux. Ces résultats réaffirment notre évaluation selon laquelle l’approvisionnement commercial en lait est sûr. »

Transmission à l’humain

Quant aux risques de transmission du virus aux humains, le Département américain de l’Agriculture se fait rassurant et rappelle que ce risque demeure faible, car « jusqu’à présent, nous n’avons trouvé aucun changement dans le virus qui le rendrait plus transmissible aux humains et entre les personnes. »

Rappelons qu’à ce jour, un seul cas humain a été associé à cette épidémie chez des vaches laitières; il a été signalé par le Texas le 1er avril 2024.

Malgré tout, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis vient d’émettre de nouvelles recommandations pour la protection des personnes œuvrant en milieu agricole.

« Les agriculteurs, les travailleurs et les intervenants en cas d’urgence doivent porter les équipements de protection individuelle appropriés lorsqu’ils sont en contact physique direct ou étroit avec des oiseaux, du bétail ou d’autres animaux malades; carcasses; excréments; litière; lait cru; ou des surfaces et de l’eau qui pourraient être contaminées par des excrétions d’animaux provenant d’oiseaux, de bétail ou d’autres animaux potentiellement ou confirmés infectés. »

Risque pour la santé publique

Le 26 avril dernier, le CDC déclarait que la grippe aviaire ne représentait qu’un faible risque pour la santé publique. Malgré tout, l’organisme surveille « attentivement la situation et travaille avec les États pour surveiller les personnes exposées aux animaux. Le CDC utilise ses systèmes de surveillance de la grippe pour surveiller l’activité du virus H5N1 chez les humains. »

Huit états et 33 troupeaux touchés

À ce jour, l’USDA a confirmé la grippe aviaire dans 33 troupeaux répartis dans huit États : Kansas, Idaho, Michigan, Nouveau-Mexique, Caroline du Nord, Ohio, Dakota du Sud et Texas. En outre, il a confirmé que huit installations avicoles dans cinq États — Kansas, Michigan, Minnesota, Nouveau-Mexique et Texas — « ont également été infectées par le même génotype du virus H5N1 de l’IAHP détecté chez les bovins laitiers. Et les scientifiques de l’USDA ont découvert la grippe aviaire dans un échantillon de poumon d’une vache laitière asymptomatique envoyée à un abattoir. »

La grippe aviaire peut être dévastatrice pour des troupeaux de poulets ou de dindes. Chez les bovins, cependant, l’ACIA rappelle que « la maladie à un moindre impact pour leur santé. Ce que l’on observe chez les bovins infectés aux États-Unis, ce sont des signes légers qui se traduisent principalement par une baisse de production laitière, une baisse de consommation d’aliments chez certains animaux; d’autres peuvent faire de la fièvre, mais c’est surtout de la déshydratation. »

Photo par Étienne Gosselin