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Pourquoi l’alimentation est importante en robotique

En traite robotisée, la traite se fait de façon volontaire. Pour en tirer le maximum d’efficacité, la vache doit exercer son autonomie qui sera motivée, à la base, par un état de bien-être. Dans cet article, nous nous attarderons principalement à l’alimentation et à l’impact de sa régie sur la santé et la productivité de la vache en traite robotisée.

Tout d’abord, qu’est-ce que le bien-être animal? Selon le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage, c’est « la manière dont un animal fait face physiquement, physiologiquement et psychologiquement aux conditions dans lesquelles il vit et meurt ».

Le Conseil a d’ailleurs créé le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. Il comprend des exigences et des recommandations relatives à l’eau et à la nutrition, à la gestion de l’environnement, au logement, à la manipulation et au transport. Des producteurs, des transformateurs, des chercheurs, des gouvernements, des vétérinaires, des représentants de services alimentaires et du commerce de détail ainsi que des organismes de protection des animaux ont participé à l’élaboration du code.

Favoriser un état de bien-être, c’est la base pour tirer le plein potentiel de son animal. Mais ça va bien au-delà de lui fournir de l’eau, une alimentation de qualité ou un logement confortable. Il faut aussi reconnaître les normes essentielles au bon fonctionnement d’un animal pour lui permettre d’évoluer en santé et en productivité dans son environnement.

Une alimentation suffisante : une priorité

Dans le cas de l’alimentation, le Code est clair : la gestion de l’alimentation a un impact majeur sur la santé et le bien-être des bovins. Les animaux dont l’alimentation est insuffisante auront faim et seront plus susceptibles de présenter des déficits immunitaires.

Ce que le guide suggère :

  • réduire la densité animale, lorsque nécessaire;
  • accroître la quantité d’aliments offerte;
  • offrir des aliments à volonté;
  • augmenter l’espace linéaire par animal à la mangeoire ou à l’auge, lorsque nécessaire;
  • accroître la fréquence des repas, lorsque nécessaire;
  • accroître la fréquence du repoussage des aliments.
     
Tableau 1

 

Tableau 2


Le repoussage des aliments améliore la productivité

Au-delà de l’optimisation de la prise alimentaire et de la réduction des risques de tri, repousser les aliments favorise une meilleure production, comme le démontre Trevor Devries (Matson et al. J. Dairy Sci. p. 7971-7983). Selon son étude, la moyenne des fermes étudiées repoussait la RPM (ration partiellement mélangée) aux vaches 12,8 fois par jour. Pour chaque cinq passages supplémentaires, il a noté un gain de productivité de 0,35 kg/vache/jour de lait.

Plusieurs éléments contribuent à cette augmentation de production. Premièrement, selon Trevor Devries, « une vache qui a la capacité de s’alimenter plusieurs fois par jour en plusieurs petits repas comme elle le ferait au pâturage sécrète plus de salive qu’une vache qui ne mange que deux gros repas. Cela amène une stabilité ruminale ».

En second lieu, le fait d’avoir des aliments toujours à proximité et à volonté met l’animal en confiance et lui permet de vivre son expérience culinaire au moment où il le désire. De cette façon, le déplacement sera volontaire et non dicté par une crainte de la vache de manquer de nourriture.

Les risques des attroupements et du temps d’attente

La crainte de manquer de nourriture doit être évitée parce qu’elle peut provoquer un attroupement autant à la mangeoire qu’au robot et affecter le bien-être animal.

Comme un robot ne trait qu’une seule vache à la fois et comme une traite dure en moyenne de six à sept minutes, certaines vaches n’attendront pas, mais d’autres oui, et ce, même aux dépens de leur santé et de leur productivité. L’attroupement par déplacement involontaire peut modifier la routine préalablement établie et prendre un certain temps avant un retour aux conditions gagnantes initiales, même après la correction du problème.

Il a été démontré (Solano et al. J. Dairy Sci. 2022, voir tableau 1) que le temps d’attente au robot peut varier autant en trafic guidé qu’en libre. Parmi les vaches du troupeau en trafic guidé, certaines peuvent attendre leur tour 2 minutes. D’autres attendront peut-être 2 heures. Et d’autres encore attendront jusqu’à 7 h 45!  En trafic libre, l’attente varierait plutôt de 2 minutes à 5 h 22.

De plus, la vache qui sacrifie autant de temps à attendre le fera aux dépens de son temps de couche, ce qui aura un impact direct sur sa productivité. Une vache couchée est en état de ruminer, donc de transformer le matériel ingéré en nutriments assimilables pour la production. Comme démontré dans l’étude de C. J. William et al. (J Dairy Sci. 2022, voir tableau 2), moins de temps couché affectera de façon négative l’ingestion de matière sèche ainsi que la production de composantes.

Bref, établir la routine d’alimentation, ce n’est pas seulement donner à la vache ce dont elle a besoin en quantité voulue et au moment voulu. C’est aussi s’assurer qu’elle pourra se faire traire au moment opportun pour son bien-être et notre rentabilité.

Graphique 1

 

Graphique 2

Photo d'en-tête : Patrick Dupuis



Si on jette un œil aux normes suggérées par le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers, on se rend vite compte qu’en traite robotisée, il y a des incontournables auxquels nous avons souvent fait référence par le passé dans le Coopérateur et qui assurent un minimum de bien-être pour contribuer à la santé et à la productivité de l’animal. Vous pouvez notamment consulter :

Philippe Couture

QUI EST PHILIPPE COUTURE
Agronome, Philippe travaille chez Sollio Agriculture comme expert, stratégie d'affaires agricoles en production laitière. 

philippe.couture@sollio.ag

philippe.couture@sollio.ag

QUI EST PHILIPPE COUTURE
Agronome, Philippe travaille chez Sollio Agriculture comme expert, stratégie d'affaires agricoles en production laitière. 

philippe.couture@sollio.ag