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Prix relève Sollio : Luymes Farms & Custom Farming – Pas de cellulaire, mais beaucoup de communication

Après une grande première l’an passé, le Prix relève Sollio fait une deuxième incursion en Ontario chez les clients Agromart pour rencontrer trois finalistes, trois fermes actives en production céréalière ayant leur spécificité : l’une transforme ses grains en bières, l’autre cultive grand en rentabilisant ses machineries avec les travaux à forfait et la dernière table sur la production de semences.

Visite des juges du concours, production de vidéos, présence des finalistes et de leur conseiller agronomique au gala lors de l’assemblée générale annuelle de Sollio Groupe Coopératif : le Prix relève Sollio fait œuvre utile en mettant en exergue des modèles de transfert et d’établissement fructueux – c’est son mandat depuis plus de 20 ans –, mais également en multipliant la visibilité de belles histoires et les occasions d’échanges culturels entre les agriculteurs de partout au Canada.

Échanger sur nos pratiques d’affaires et partager nos bagages culturels par l’entremise d’un concours? Tous gagnants!



Le battage du soya vient de prendre fin dans la région de Moorefield, au nord-ouest de Kitchener, et le maïs est encore légèrement trop humide. Même entre ces deux temps forts, les membres du clan Luymes sont fidèles au poste pour une journée qui commence par une réunion d’équipe dans le garage, à deux pas du bureau, de la cuisine… et de la cafetière!

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En peu de mots, Luymes Farms & Custom Farming, ce sont les frères Rob et Mark Luymes qui ont pris la relève de leurs parents John et Elaine. La sœur de Rob et de Mark, Mel, diplômée en sociologie rurale et consultante agricole, est aussi impliquée dans l’entreprise, jouant les rôles de l’écolo de service (haies brise-vent, cultures de couverture, culture sans labour, etc.), de l’experte en technologies informatiques et en subventions gouvernementales en plus d’être la garante des relations humaines harmonieuses.

En quelques chiffres, l’entreprise, c’est 809 hectares (2000 acres) en culture en plus de travaux sur 3237 hectares (8000 acres) additionnels qui appartiennent à des entreprises voisines chez lesquelles on plante, épand, fauche, compacte, pulvérise et moissonne. Voilà beaucoup de clients qui font sonner le téléphone dans les poches de Rob et de Mark, mais pas dans celles de John. « J’ai décidé de ne pas avoir de cellulaire pour faciliter le transfert de l’entreprise aux garçons, explique-t-il. Les clients appellent les gars directement, sans intermédiaire. »

Il ne faudrait pas en conclure que les communications sont mauvaises entre les piliers de l’entreprise. Au sens propre, des radios bidirectionnelles sont présentes dans tous les tracteurs de même qu’au garage, où une personne est toujours de garde, prête à voler au secours d’un équipement brisé ou d’un opérateur qui aurait une activité familiale ou un rendez-vous. Au sens figuré, les communications sont formelles et informelles, mais surtout continuelles.

L’offre de travail à forfait qui caractérise l’entreprise trouve ses origines dans les activités laitières de John et d’Elaine qui, à l’époque, avaient commencé à offrir l’épandage des fumiers. À un moment donné, la montagne de fumier à épandre est devenue trop importante pour continuer de traire des vaches deux fois par jour. L’offre s’est depuis diversifiée et les revenus sont en croissance constante et naturelle, sans publicité, par le seul bouche-à-oreille. « Nos clients comptent sur nous et nous comptons sur eux », lance Rob. Mark opine du bonnet : « Nous connaissons intimement tous les champs aux alentours. On sait par exemple qu’il existe une différence de deux jours de croissance entre le nord et le sud de notre rayon d’action de 20 kilomètres. » Une fois par semaine, les Luymes échangent de l’information avec leur conseillère Tanja Checkley de Harriston Agromart. Au menu : maladies et insectes, produits phytosanitaires à utiliser, prix et niveaux de stocks de différents intrants.

C’est quand le tandem a pris en charge le service de pulvérisation qu’il a commencé à amasser son avoir propre. Le profit est venu dès la première année. « On connaît nos machineries, leur degré d’usure, nos coûts d’exploitation à l’heure et à l’hectare, à quel moment précis il vaut mieux investir dans du neuf plutôt que de passer des heures au garage à réparer une machine », révèle Rob. Les deux frères sont pratiquement nés un volant entre les mains : ils font fonctionner des mastodontes depuis qu’ils ont 10 ou 12 ans!

Chez les Luymes, le dimanche est sacré. Même une fenêtre météo favorable ne les fait pas déroger du congé dominical obligatoire. Conséquemment, la famille n’a jamais eu de difficulté à recruter et à garder ses ressources humaines, des gars de l’âge de Mark et de Rob, la mi-trentaine, dédiés, autonomes, efficaces. Aux dimanches s’ajoutent une semaine de congé en été et une en hiver.

Si Rob s’occupe du développement des affaires, Mark assure la comptabilité, ce qui fait que les deux sont au courant des sommes d’argent qui entrent et qui sortent. Paraît-il que leur profitabilité est telle que leur banquier augmente continuellement leur capacité d’emprunt pour les projets de développement et d’actualisation de l’équipement. Parents et enfants peuvent parfois voir l’acquisition d’un nouvel équipement plus performant d’une façon différente : est-ce une dépense associée à des déboursés ou un investissement bien calculé pour rendre la ferme plus à l’aise financièrement? L’important, c’est que les visions ne soient pas irréconciliables et que les superficies soient suffisantes pour justifier un nouveau joujou.

De quoi le groupe tire-t-il sa fierté? Généreux, les frères mentionnent déjà l’idée d’édifier une entreprise assez grande ou diversifiée pour accueillir leurs propres enfants, encore jeunes. De son côté, John évoque l’idée d’avoir aidé à créer des emplois pour ses enfants. Elaine, quant à elle, mentionne la préservation de bonnes relations familiales qui, comme on le sait, commencent par une bonne communication – par voie cellulaire ou terrestre... ou en présentiel.

Photo par Christophe Champion


Lisez tous les profils ontariens du Prix relève Sollio 2023 :

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.