Rendements et profitabilité en grandes cultures en 2022

La saison 2022 s’annonce dans un contexte où toutes nos références sont disparues. Le prix des intrants est à la hausse, le prix des grains fluctue et se situe à des sommets historiquement hauts. Mais tout ce phénomène haussier sera-t-il encore présent une fois les semis terminés? La question reste sans réponse et sera seulement résolue cet automne.

Afin d’y voir clair et de trouver une façon de naviguer au travers de cet environnement tumultueux, je vais vous faire part de quelques points de régie qui, dans le contexte actuel, vont vous permettre d’augmenter la profitabilité de l’utilisation de vos intrants. 

Le choix de l’hybride

C’est le point de régie qui aura le plus d’impact sur votre rendement. La génétique Maizex offre un rendement supérieur et de premier plan dans toutes les zones de maturité, avec les hybrides MZ 1544DBR (116), MZ 2982DBR (113), MZ 3505DBR (108) et, enfin, MZ 3930 en version SMX (108). Dans la publication 2021 du Réseau Grandes Cultures du Québec (RGCQ), ces hybrides ont démontré un rendement de 8 à 16 % supérieur à la moyenne. Une fois ce choix bien réfléchi et fait, comment pouvons-nous optimiser la gestion de nos semences? 

Quel taux de semis devrais-je utiliser?

Les opinions divergent à ce sujet. Le taux de semis peut avoir un impact important sur votre revenu. Un taux trop élevé ou trop faible peut nuire à votre rendement et à votre rentabilité. Pour répondre à cette question, allons voir comment le rendement est déterminé dans le maïs.

• Rendement = nombre de grains/épi x nombre de plants/acre

Un facteur à considérer, et qui n’est pas inclus dans cette équation, est la masse du grain, ou le poids aux 1000 grains. En termes clairs, avec un poids par grain plus élevé, il faut moins de grains par épi pour produire le même rendement. Attention, je ne parle pas ici de poids spécifique (kg/hl), qui réfère au poids par volume. Ce facteur est utile pour l’entreposage, mais n’est pas lié au rendement.

Le but est de récolter le plus de grains à l’acre. Donc, si on augmente le taux de semis, le rendement devrait-il augmenter? La réponse n’est pas si simple que cela. Certains hybrides feront avorter des grains sur le bout de l’épi, d’autres vont réduire le nombre de rangées sur l’épi, et, finalement, certaines génétiques vont réduire le poids de chaque grain.

Nos résultats de recherche sur la caractérisation de nos hybrides vont vous permettre d’y voir plus clair. Nous avons évalué trois groupes de maturité dans leurs zones respectives, pour un total de 20 hybrides. Les résultats sont répliqués selon un modèle statistique.

Nos résultats de 2021

L’analyse du groupe d’hybrides à maturité hâtive (2050 à 2450 UTM) du graphique 1 montre que le rendement maximal est atteint lorsque la population finale est de 36 000 plants/acre. Cependant, le revenu optimal est atteint à une population finale de 32 000 plants/acre. La profitabilité plafonne et forme un plateau à 32 000 plants/acre. En contrepartie, la population finale de 28 000 plants/acre n’a permis d’atteindre que 91 % du rendement et a réduit le revenu de 9 %. 

Le groupe de maturité du graphique 2 (2600 à 2850 UTM) a montré peu de réponses par rapport à la population. L’écart de rendement n’est que de 3 % selon la population. Les populations de 28 000 et de 36 000 plants/acre ont fait diminuer le revenu de 3 % et 2 % respectivement. Le rendement maximal et la profitabilité optimale sont atteints à une population de 32 000 plants/acre.

En ce qui concerne le groupe d’hybrides à maturité tardive (2875 à 2975 UTM), présenté dans le graphique 3, le rendement maximal et la profitabilité optimale sont aussi atteints à une population finale de 32 000 plants/acre. La population finale de 28 000 plants/acre a permis d’obtenir 93 % du rendement et a réduit le revenu de 8 %. La population élevée, quant à elle, a réduit la rentabilité de 3 % et obtient 99 % du rendement optimal.

La population levée au champ

Selon nos essais, elle est de 32 000 plants/acre afin d’obtenir le rendement optimal et la profitabilité optimale. Donc, quel devrait être le taux de semis visé pour obtenir cette population finale levée? La réponse dépend de l’efficacité du semis. Selon une étude de l’Université Purdue, en Indiana, l’efficacité de la levée des plants, c’est-à-dire la différence entre le taux de semis et la levée, varie entre 6 et 13 %. Si l’on inclut ce taux d’efficacité dans notre équation de taux de semis :

• Population finale visée de 32 000 plants/acre (94 % d’efficacité) = 34 000 grains semés à l’acre.
• Population finale visée de 32 000 plants/acre (87 % d’efficacité) = 36 500 grains semés à l’acre.

En conclusion, le taux de semis optimal dépend de votre taux d’efficacité lors du semis. Il se situe entre 34 000 et 36 500 grains/acre.

En juin prochain, une fois les semis terminés et avant la période de fractionnement de l’azote, vérifiez votre taux d’efficacité. Mesurez 17 pi et 5 po sur le rang et comptez les plants. Cette mesure vous donne 1/1000 d’acre. L’objectif est de compter 32 plants sur cette longueur. Vous pourrez ainsi déterminer votre taux d’efficacité et ajuster votre taux de semis l’an prochain.

Bonne réflexion!