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La chrysomèle des racines du maïs, encore et toujours!

Photo : irris phytoprotection

Comment l’insecte s’est-il manifesté au cours de la dernière saison? À quoi faut-il s’attendre cette année? Y a-t-il de nouveaux ravageurs à surveiller? Des questions auxquelles a répondu l’agronome Brigitte Duval, conseillère en phytoprotection au MAPAQ Centre-du-Québec.

 

Comment la chrysomèle se manifeste-t-elle?

On retrouve deux espèces dans les champs de maïs du Québec : la chrysomèle des racines du maïs du Nord et celle de l’Ouest. La chrysomèle du Nord est présente depuis longtemps. La chrysomèle de l’Ouest a été détectée en Montérégie pour la première fois vers 2000. Cette dernière est plus fréquente. Les deux espèces causent les mêmes types de dommages au maïs. Les chrysomèles attaquent le maïs-grain, le maïs-ensilage et le maïs sucré. Cela dit, en général, peu de champs de maïs subissent des dommages importants causés par ces ravageurs.

 

Quel est le cycle de vie de la chrysomèle des racines du maïs?

La chrysomèle est un coléoptère. La chrysomèle des racines du maïs du Nord est verte, celle de l’Ouest est rayée jaune et noir. L’adulte est attiré par les champs de maïs. Il s’alimente de soies fraîches, d’un peu de pollen, de feuilles. Ça ne cause que peu de problèmes. Les adultes s’accouplent dans les champs. Vers la fin de l’été, les femelles pondent dans le sol. Les œufs y passent l’hiver.

L’année suivante, au printemps, s’il y a du maïs dans le champ, les larves mangent les racines. C’est pour cette raison qu’on l’appelle la chrysomèle des racines du maïs. Au début, lorsque les larves commencent à manger les racines, les dégâts paraissent peu. Puis, les plants se mettent à verser, ce qui complique la récolte et entraîne des pertes de rendement. C’est un des plus gros problèmes causés par cet insecte. Précisons toutefois que de nombreux cas de verse en 2019 n’étaient pas liés à la chrysomèle, mais à d’autres facteurs, comme la santé du sol.

En outre, un système racinaire affaibli éprouvera des difficultés à puiser les éléments nutritifs du sol. Dès qu’on cesse de cultiver du maïs en continu, on règle le problème. Le message clé à retenir, c’est l’importance des rotations. Une simple rotation maïs-soya brise le cycle de la chrysomèle.

 

Quels sont les facteurs pouvant favoriser la présence de la chrysomèle?

Bien qu’on n’ait pas de chiffres précis, quelques facteurs pourraient expliquer qu’en 2019 on a observé plus de maïs endommagé par la chrysomèle. Premier facteur : en 2018, on a remarqué au Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) une augmentation de captures d’adultes dans les pièges. Je précise que ces pièges sont situés dans des champs de maïs en continu. On fait exprès de les mettre là. On cherche les chrysomèles où on est susceptible d’en trouver. Ce n’est pas représentatif de tous les champs. Cette présence d’adultes plus élevée a probablement entraîné plus d’accouplements et de ponte.

 

Quel est un deuxième facteur possible?

La chrysomèle préfère les sols de texture lourde, comme les sols argileux. Pourquoi? Parce que, l’été, ils ont tendance à se fendiller. Les crevasses sont des portes d’entrée par lesquelles la chrysomèle ira pondre dans le sol. Mais puisque l’été 2018 a été sec, même des sols qui n’ont pas nécessairement une texture favorisant la formation de crevasses se sont effectivement fendillés, ce qui aurait favorisé la ponte de l’insecte.

 

Le maïs Bt chrysomèle est-il la solution au problème d’infestation de cet insecte?

L’idéal, je le rappelle, est de ne pas cultiver du maïs en continu. Les rotations sont la meilleure solution pour lutter contre ce ravageur. Le maïs Bt fait partie des moyens de lutte dans les champs aux prises avec ce ravageur, mais les insectes acquièrent des résistances, même aux technologies Bt. Ce phénomène est connu et il est en progression. En n’utilisant que du maïs Bt comme méthode de lutte, on favorise l’apparition des résistances. Les chrysomèles appartiennent à une famille d’insectes qui développent rapidement des résistances. Le maïs Bt chrysomèle fait partie des outils de lutte lorsqu’on cultive du maïs en continu et que le champ a un historique de dommages causés par la chrysomèle.

 

Que recommandez-vous comme mesures de prévention?

D’abord, la rotation est la méthode de lutte la plus efficace. Elle l’est aussi contre d’autres insectes et bien des maladies, en plus d’être à la base d’une bonne régie de culture. En cours de saison, on recommande de faire du dépistage dans les champs et de demeurer à l’affût des avertissements phytosanitaires du RAP. On commence ainsi à bâtir notre historique de champ afin de faire de meilleurs choix d’hybrides et de régie les années suivantes. Le suivi des champs permettra également de savoir s’il est nécessaire d’utiliser un moyen de lutte au cours des années à venir.

Un des tout premiers signes de présence de la chrysomèle – bien que cet insecte n’en soit pas la seule cause –, c’est la formation d’un col d’oie à la base du plant : celui-ci se courbe vers le bas, puis remonte vers le haut. L’observation des racines du maïs permet de constater s’il y a présence de galeries causées par la chrysomèle. Si tel est le cas, sachez qu’une intervention phytosanitaire à ce stade n’est pas efficace. Toutefois, on pourrait envisager de récolter en premier les champs atteints afin de réduire les risques de verse. Certains traitements de semences existent, mais ce sont les doses supérieures aux doses standards qui supprimeront la chrysomèle. Par ailleurs, ces traitements doivent être prescrits, puisqu’ils sont à base de néonicotinoïdes.

 

Lire l'article complet dans l'édition de mars 2020 du Coopérateur.

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

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