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Implanter ses cultures de couverture efficacement sur un retour de céréales

La question est sur tous les forums. Comment implantez-vous vos cultures de couverture? À quel moment? Tout le monde veut savoir quelle est la méthode qui donnera les meilleurs résultats, à tout coup.

Texte de Josy Belzil, agr., SATEG, publié d'abord dans l'encart VIVACO d'octobre 2024

La réponse dépend des objectifs de chacun, mais il faut prendre en considération certaines informations agronomiques qui méritent réflexion.

Pourquoi implanter des cultures de couverture

Deux des principaux buts de l’implantation des cultures de couverture sont :

  1. de couper le cycle des maladies en incorporant une nouvelle espèce
  2. de couvrir nos sols en hiver.

Il ne faut pas oublier aussi l’effet structurant, le recyclage des éléments fertilisants, l’apport de biomasse, l’effet des racines sur l’infiltration de l’eau, les effets biofumigants de certaines cultures, le contrôle des mauvaises herbes et de l’érosion, entre autres.

Alors pourquoi certains tardent-ils à ajouter cette pratique à leur régie de culture? Inspirons-nous de nos collègues européens qui implantent des couverts végétaux depuis près de 25 ans.

Les étapes à suivre pour implante une culture de couverture

Pour avoir une culture de couverture propre à la suite de la culture d’une céréale, il y a certaines étapes à suivre.

  1. Bien choisir le moment de la récolte des céréales (grains mûrs et sans verdure).
  2. Régler la moissonneuse-batteuse pour diminuer les pertes de grains au sol.
  3. Attendre environ 10 à 15 jours avant de semer nos engrais verts. En fait, le délai est plutôt une alternance de pluie et de soleil sur la paille pour mouiller celle-ci et faire germer les grains qui sont tombés au sol. Ce délai permet de faire nos applications de chaux et de fumier, mais aussi de relancer l’activité microbienne du sol. En effet, la pluie permet de faire remonter les vers de terre qui étaient plus profond dans le sol. S’il y a une canicule, il n’est pas recommandé de semer les cultures de couvertures. Les semences ne germeront pas et le sol ne fera que s’assécher davantage, vous ne retirerez donc aucun des bénéfices envisagés, car les vers de terre ne seront pas au rendez-vous.
  4. Travailler le sol de la bonne manière : Maintenant que les rejets de battage ont bien germé, il est temps de travailler le sol avec un outil de travail vertical (p. ex. : déchaumeuse), mais qui ne fait pas trop de terres fines. On recherche un effet grumeleux sur le sol et la destruction des pousses. Il est impératif de ne pas retourner le sol. L’effet de détruire les repousses de céréales coupera le cycle des maladies des graminées dans notre rotation. Les mauvaises herbes qui auront poussé au cours de la saison seront aussi perturbées et plusieurs seront détruites pour assurer un couvert assez propre. Il ne restera que les vivaces plus difficiles à contrôler et la décomposition des pailles pourra commencer, car elles seront mises en contact avec le sol.
  5. Semer les cultures de couvertures : Vient enfin le semis de nos cultures de couverture. Habituellement, entre le 20 août et le 20 septembre sur un retour de céréale pour s’assurer d’une bonne croissance de la biomasse avant les gros gels. Le semis peut être fait avec un semoir, un APV ou à la volée selon les équipements disponibles. Un semis tôt le matin permet d’avoir aussi une certaine humidité dans le sol versus les chaleurs plus élevées de fin de journée. Il faut que les semences soient à environ trois centimètres de profondeur sous les résidus si elles sont semées avec un semoir. Par ailleurs, si le semis est fait à la volée, il faut le faire avant une pluie.
  6. Faire le roulage des semis : La dernière étape est le roulage de notre semis pour tasser le sol et plaquer les pailles au sol. Les plus grosses mottes de terre restantes seront aussi brisées. La germination des semences est alors assurée avec un bon contact sol-semence. Un rouleau de type Cambridge est fortement recommandé par rapport à un rouleau lisse, car il laisse le sol rugueux et ne fait pas trop de terres fines qui pourraient colmater la surface lors des fortes pluies.

Le résultat de la croissance attendu des cultures de couverture n’a pas à être parfait, mais il faut considérer son apport à la rotation tel un investissement comme le drainage et le chaulage. Le choix des différents mélanges d’engrais verts et leur disponibilité devraient être considérés avec autant d’importance que le choix des variétés des cultures commerciales. Le choix d’un mélange de cultures de couverture qui comporte des légumineuses, des crucifères et d’autres familles de plantes est à envisager pour briser le cycle de la rotation.

Les cultures de couverture faites annuellement amélioreront la structure du sol. Un sol bien structuré conserve sa portance, a une bonne porosité, permet une bonne infiltration d’eau, réduit l’érosion et augmente les rendements des cultures commerciales suivantes. Les cultures de couverture devraient donc devenir habituelles et intégrées dans notre régie d’exploitation.

Bonne réflexion!



Quelques avantages des cultures de couverture

  1. Couper le cycle des maladies en incorporant une nouvelle espèce
  2. Couvrir nos sols en hiver
  3. Augmenter les rendements des cultures commerciales suivantes
  4. Structurer les sols
  5. Recycler des éléments fertilisants
  6. Apporter de la biomasse
  7. Améliorer l’infiltration de l’eau
  8. Apporter des effets biofumigants, selon les cultures
  9. Contrôler des mauvaises herbes
  10. Réduire l’érosion
  11. Réduire la compaction
  12. Enrichir les sols en azote (pour les cultures de couverture de type légumineuses)


Photo : Sollio & Vivaco agriculture coopérative