Le transfert de Morrisbel Farms, débuté en 2015, avait été prévu sur 10 ans, mais quand Claudette, épouse de Denis Morris, est décédée d’une longue bataille contre le cancer en 2021 à seulement 63 ans, le plus élaboré des plans A ne tenait plus : il fallait passer au plan B.
Heureusement, toutes les catastrophes et les moyens prescrits pour s’en sortir étaient colligés dans les testaments pour la poursuite de l’entreprise avec Denis avec ses fils Jeffrey et Jonathan, diplômés en production laitière au Collège d’Alfred en 2002 et 2003.
Quatrième génération de Morris en Ontario, Denis a grandi dans la ferme familiale de Sarsfield, fondée par son arrière-grand-père irlandais en 1845, qui fuyait alors la famine. Denis n’est pas avare de ses conseils pour ses deux fils, qui le considèrent comme un bon conseiller « senior », habile aussi bien en comptabilité qu’en mécanique.
C’est aujourd’hui aux fils qu’incombe la tâche de remplir un quota de 155 kilos et de récolter annuellement 260 hectares de leur Est ontarien. Alors que Jeff gère la mécanique, les robots de traite et les champs, Jon est attitré à l’alimentation et à la régie du cheptel. Et les performances sont au rendez-vous : le troupeau présente une moyenne d’environ trois kilos de gras-protéine en raison d’une production quotidienne par vache toujours supérieure à 1,5 kilo de lait. La nouvelle étable à robots, qui héberge 105 vaches, pourrait en accueillir 180 et un total de trois automates : c’est qu’on a prévu une croissance lors des prochaines années.
Ce genre de projet futur se discute le ventre plein, autour d’un bon repas, anciennement concocté par la rassembleuse du groupe, Claudette. Sa disparition a obligé les hommes à établir de bonnes pratiques en matière de communication interpersonnelle. « Les liens familiaux ont été renforcés au cours du processus de transition, ont-ils écrit dans leur dossier de candidature du Prix relève Sollio. La coopération entre les générations a permis d’accroitre la solidarité́ familiale et la capacité collective à prendre en charge l’entreprise. »
Celle qui permettait la cohésion du groupe, qui cultivait le sentiment d’inclusion des coactionnaires et qui offrait un soutien émotionnel et logistique inestimable aura légué toutes ces qualités en héritage, pour une ferme qui lui survivra, exemple de transfert financier et humain fructueux réalisé dans des circonstances, c’est peu dire, anormales.