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Une sonde intelligente pour réduire les gaz à effet de serre

Analyser son sol instantanément à l’aide d’une sonde intelligente n’est peut-être pas un rêve si lointain.

La Ferme de recherche en productions végétales de Sollio Agriculture essaie depuis quelque temps un appareil de l’entreprise ChrysaLabs qui permettrait d’ajuster les pratiques culturales rapidement et de mieux fertiliser les cultures.

Depuis deux ans, les membres de l’équipe de la Ferme de recherche de Sollio trimballent dans les parcelles agricoles une sonde d’analyse de sol intelligente aux allures futuristes. La sonde pourrait avoir le potentiel d’obtenir des résultats d’analyses de sol sans les délais liés au transport des analyses vers les laboratoires et au temps d’analyse. Cette vitesse de résultats est séduisante et ouvre un monde de possibilités pour l’équipe de Lucie Kablan, chercheuse en innovation et en agriculture durable et biologique à la ferme de recherche de Saint-Hyacinthe. 

Ce sont entre autres les possibilités de réduire les gaz à effet de serre (GES) qui représentent un attrait pour Lucie Kablan. La ferme de recherche de Sollio s’intéresse depuis plusieurs années à tout ce qui pourrait permettre de réduire les émissions de GES sans affecter la rentabilité des entreprises agricoles. Après des recherches sur les cultures de couverture, l’imagerie satellitaire, l’analyse colorimétrique des tiges de maïs pour évaluer l’azote et plusieurs autres sujets, c’est maintenant cette sonde qui est au cœur des essais.

Sonde intelligente

« La sonde de ChrysaLabs n’est pas homologuée à l’heure actuelle, mais nous participons aux travaux de calibration avec plusieurs autres partenaires, explique Lucie Kablan. Si elle est homologuée au Québec prochainement, cela pourrait nous mener à l’utiliser pour effectuer des recommandations. »

Si la sonde d’analyse permet d’obtenir une lecture en temps réel au champ, il devient beaucoup plus facile d’ajuster une fertilisation en post-levée dans les grandes cultures, par exemple. 

« En ce moment, un producteur qui veut fertiliser exactement le besoin de son maïs en post-levée doit faire une analyse de nitrates, et avec les délais nécessaires à l’analyse en laboratoire, ce n’est pas évident d’ajuster à temps les doses au champ, ajoute la chercheuse. Avec une sonde intelligente, nous pourrions effectuer une recommandation exactement liée aux besoins de notre culture et possiblement réduire la quantité d’engrais nécessaire, et ce, à quelques jours des opérations. » 

Des résultats précis, champ par champ

Lucie Kablan affirme qu’avec un peu de temps, on peut même analyser les différentes parcelles et obtenir des taux champ par champ. Les bénéfices agronomiques de mieux fertiliser rencontrent ainsi les objectifs de réduction des GES liés à l’utilisation des engrais de synthèse. Le volet économique associé à une réduction de la quantité d’engrais utilisée n’est pas négligeable, considérant la valeur à laquelle l’intrant est vendu sur les marchés depuis un certain temps.

Il n’y a pas que dans le maïs que la sonde de ChrysaLabs pourrait être utile. Les cultures céréalières et horticoles pourraient aussi bénéficier de la rapidité d’acquisition des éléments présents dans le sol. 

« On parle vraiment d’agriculture de précision, souligne-t-elle. Les échantillons sont géoréférencés et il est possible de compiler les données dans un chiffrier et de profiter d’informations de qualité sur nos sols. Il y a une multitude de cultures qui peuvent en bénéficier, que ce soit dans la précision de la fertilisation ou même pour mesurer la minéralisation des différents éléments à la suite de l’application d’engrais organiques en automne. » La quantité d’informations recueillies pourrait ainsi permettre la création de cartes de fertilisation à taux variable.

L’utilisation de la sonde pour déterminer la vitesse d’accessibilité des éléments dans les fumiers et lisiers pourrait aider les producteurs à prendre de meilleures décisions, car plusieurs facteurs affectent les engrais organiques et une certaine variabilité est souvent constatée dans les champs. 

Vers une mise en marché de la sonde ChrysaLabs

Comme mentionné plus tôt, la sonde de ChrysaLabs n’a pas encore reçu le feu vert pour être utilisée dans nos champs. Selon Lucie Kablan, si la sonde intègre le quotidien de nos campagnes, il est fort probable que son interprétation soit liée à une recommandation réalisée par un agronome.

Les données acquises sur le terrain depuis deux ans sont comparées à celles obtenues par des analyses de sol traditionnelles. De plus, le tout est analysé avec d’autres testeurs en Ontario. À quand l’adoption de l’appareil? Aucune date n’est annoncée pour l’instant, mais « l’équipe de Chrysalabs travaille fort sur l’approbation de son utilisation », termine la chercheuse de Sollio Agriculture.

Photos : Sollio Agriculture

Tristan Cloutier agr.