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Affaires agricoles

La bataille du lait surit les relations Canada – ÉU

Photo : James Mulhern, président-directeur général du National Milk Producers Federation

« Nous avons deux irritants majeurs avec le Canada, le bois d’œuvre et le lait », explique le président et directeur général du National Milk Producers Federation (NMPF), James Mulhern, rencontré au quartier général de l’organisation à Arlington, à quelques kilomètres de la Maison-Blanche.

Le NMPF est l’une des quatre organisations américaines à s’être plaint de la politique laitière protectionniste du Canada au président élu Donald Trump, en vue de sa rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau à Washington le 13 février dernier.

« Le blocage des exportations américaines de lait diafiltré par le Canada nous ferme la porte à un marché de 150 millions $US », explique J. Mulhern. Ce produit est utilisé pour les transformateurs canadiens dans la fabrication de fromage. Depuis que l’Ontario a créé une classe spéciale de lait l’année dernière pour substituer le lait ultrafiltré américain, les exportations ont chuté de 40 %, estime le dirigeant.



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Le Canada est un des trois plus importants marchés d’exportation de produits laitiers américains, après le Mexique et l’Asie, incluant la Chine. Les producteurs américains produisent dix fois plus de lait que leurs confrères canadiens, et ils exportent 15 % de leur production annuelle, soit la production d’un jour de traite sur sept, sous forme de différents produits laitiers pour une valeur de 5,2 milliards $US (2015).

Autre et toute récente doléance majeure du NMPF à l’égard de leur voisin nordique, la stratégie canadienne des ingrédients laitiers qui permettrait d’écouler de la poudre de lait sur les marchés internationaux « à prix de dumping ». « Tout volume additionnel sur le marché international va plomber les prix », insiste J. Mulhern, ajoutant que ces exportations canadiennes « violeraient les engagements du Canada pris sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce ».

Les doléances du NMPF surviennent au moment où le prix du lait touché par les producteurs a chuté d’un pic de plus de 25,00 $US/100 livres en 2014 à 14,50 $US/100 livres en 2016. Malgré une remontée du prix à plus de 18,00 $US/100 livres au début de l’année 2017, les producteurs américains s’acheminent vers une autre année de production record, surclassant celui de l’année dernière.


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La chute des prix à la ferme s’explique en grande partie par l’absence de débouchés sur les marchés internationaux. La Chine importe moins de produits laitiers, car le pays vise à augmenter sa production. L’embargo russe instauré en 2014 bloque les importations de produits laitiers des États-Unis et de plusieurs autres pays exportateurs, tandis que l’UE a augmenté sa production laitière après l’abolition des quotas en 2015. D’où l’importance accordée au marché canadien.

Toutefois, la relation commerciale avec le troisième « amigo » de l’ALENA, le Mexique, le plus gros acheteur de produits laitiers américains, risque aussi de s’effriter avec le projet du président Trump de construire un mur au coût de 20 milliards $US, payé par les Mexicains, pour enrayer le flux d’immigrants illégaux. « Nous sommes très préoccupés par toute action qui pourrait endommager notre relation avec le Mexique », a indiqué J. Mulhern.

Le récent décret du président Trump pour renforcer la loi sur l’immigration par l’entremise du Département américain de la sécurité interne risque aussi de faire très mal au secteur laitier américain. « Les trois quarts du lait produit aux États-Unis sont réalisés par des entreprises qui emploient de la main-d’œuvre sans papier », a expliqué J. Mulhern.

Nicolas Mesly

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.

nicolas@nicolasmesly.com

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.