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Ferme Abitibienne : Bel avenir pour la production ovine

Photo : Bruno Lemieux et Émilie Mainville gèrent l’entreprise en gardant toujours en tête la productivité et la rentabilité.

Défaisons quelques mythes. La viande d’agneau ne goûte pas la laine. La production ovine n’est pas une production en difficulté. Les entreprises de ce secteur ne sont pas toutes sous respirateur artificiel, loin de là, du moins pas plus que dans toute autre production.

Bruno Lemieux, de la Ferme Abitibienne, située à Palmarolle, en a assez des messages et des étiquettes misérabilistes. Il remet les pendules à l’heure. La production ovine est une production prospère, mais malheureusement méconnue et souvent trop peu prise au sérieux. Bon nombre d’entreprises, innovantes et hautement structurées, s’en tirent admirablement, et plusieurs d’entre elles prennent de l’expansion. « Ça va bien », insiste le producteur, qui gère avec sa conjointe, Émilie Mainville, un troupeau de 545 brebis et d’une centaine d’agnelles de reproduction.

Les Éleveurs d’ovins du Québec sont du même avis. Il y a place pour la croissance, car la consommation est loin d’être comblée par la production locale. Bref, il y a de belles occasions d’affaires à saisir pour les jeunes. « La production d’agneaux, c’est une niche, et l’agneau du Québec, c’est une niche dans cette niche, dit Pierre Lessard, président des Éleveurs d’ovins du Québec. La réussite passera par la formation, le professionnalisme, la rigueur, la gestion serrée. C’est une belle production, mais c’est une production complexe, qu’on ne peut prendre à la légère et à laquelle il faut consacrer toute son énergie et sa détermination. »

Bruno, 35 ans, et Émilie, 38 ans, sont de la trempe des éleveurs ambitieux qui voient le verre à moitié plein, et ils en font la preuve chaque jour. Ils sont attentifs, dynamiques, passionnés, minutieux et, malgré leur succès, modestes – le propre de ceux qui cherchent constamment à s’améliorer. Leur réussite repose essentiellement sur deux éléments, assure Bruno (sans doute trop modestement!) : l’usage de familles de brebis hyperprolifiques et la maîtrise de la photopériode.

Influence familiale

Passionné d’agriculture et appuyé par Émilie, Bruno achète ses premières brebis en 2007. Diplômé de l’ITA de Saint-Hyacinthe, il s’installe en location sur la terre familiale. Le jeune couple choisit d’élever des moutons, car le premier choix de Bruno, la production bovine, plaisait peu à Émilie, craintive devant la stature imposante des bovins.

De 2007 à 2010, le troupeau est multiplié par six et atteint 275 sujets. Le noyau génétique est constitué de femelles hybrides hyperprolifiques Dorset-Romanov. « C’est une formule gagnante, croit Bruno, car on obtient beaucoup d’agneaux et beaucoup de kilos à vendre. » Le modèle d’affaires du couple, basé sur une productivité élevée, s’est avéré juste et a fait mentir ses créanciers, qui ne croyaient pas qu’il atteindrait ses prévisions. En 2010, Bruno touche une prime à l’établissement. Émilie et lui achètent la terre familiale, les bâtiments et la maison. L’encan est alors le principal débouché pour leurs agneaux.

En 2012, un grave accident forestier coûte la vie au père de Bruno, qui lui donnait un solide coup de main et de judicieux conseils. Dans la foulée de cette douloureuse perte, Émilie quitte son emploi et se joint à temps plein à l’entreprise. La Ferme Abitibienne diversifie ses marchés en décrochant, par l’entremise de l’agence de vente, un contrat de livraison de cinq agneaux lourds (plus de 80 lb de poids vif) toutes les deux semaines.

Le grand bond

En 2016, après quelques années à ce rythme, Bruno et Émilie doublent le troupeau et investissent massivement dans la construction d’une bergerie de 100 pi sur 140. Les trois bâtiments (dont l’ancienne vacherie et la grange rénovées) peuvent loger jusqu’à 600 brebis, objectif qu’ils se sont fixé d’ici 2021. Dans ces installations, ils ont aménagé une pouponnière et installé un mélangeur d’aliments RTM. Les économies d’échelle et la hausse de revenus leur permettent d’embaucher depuis un employé – une aide précieuse pour venir à bout des multiples tâches et pour donner un peu de répit à ces parents de trois jeunes filles (10, 8 et 3 ans).

Le troupeau est divisé en quatre groupes identiques. Cette façon de faire, rendue possible grâce à la gestion de la photopériode, répartit à l’année les agnelages (six périodes), les ventes et les revenus. « Les agneaux lourds, dont les ventes sont passées de 5 à 30 sujets toutes les deux semaines, représentent 60 % de la production de notre ferme, précise Bruno. Le reste, soit 40 %, est commercialisé à l’encan dans la catégorie “agneaux légers”, soit d’un poids vif inférieur à 80 lb. » Il faut en moyenne 147 jours pour amener un agneau au marché.
« Bruno et Émilie sont entièrement dévoués à leur production, indique Vincent Chrétien, expert-conseil chez Novago Coopérative. Présence à la bergerie lors des agnelages, vaccination, rigueur, soif d’apprendre : ils mettent toutes les chances de leur côté et n’hésitent jamais à demander conseil. »

Lire l'article complet dans l'édition de septembre 2020 du Coopérateur.

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est directeur et rédacteur en chef au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis une trentaine d’années.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est directeur et rédacteur en chef au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis une trentaine d’années.

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