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États-Unis : des exportations agricoles records pour 2021

Photo : iStock

washington, Moins d’un mois après l’assermentation du nouveau président américain, Joe Biden, une toute nouvelle équipe prend les rênes du département de l’Agriculture (USDA). Un ministère vital pour l’économie et l’alimentation des quelque 328 millions d’Américains, parmi les plus durement frappés par la pandémie sur la planète. Sous le thème Misons sur l’innovation : une voie de résilience, cette 97e édition des conférences sur les perspectives du USDA s’est déroulée, les 18 et 19 février derniers, en mode virtuel. Une première historique qui a néanmoins attiré plus de 2000 participants. Le Coopérateur a suivi de près ce changement de garde et de ton à Washington.

Le dédommagement aux agriculteurs américains pour la guerre tarifaire, déclenchée par l’ex-président Donald Trump avec ses principaux partenaires commerciaux, et la pandémie ont coûté plus de 47 G$US au trésor public en 2020, un record historique. L’année dernière, les aides de Washington ont représenté le tiers du revenu net des agriculteurs américains.

Ce ne sera pas le cas en 2021.

« Les paiements directs aux producteurs liés à la pandémie vont diminuer de moitié en 2021 », a indiqué le tout nouvel économiste en chef, Seth Meyer. Ce dernier prévoit que le revenu net des agriculteurs va baisser un peu en 2021, mais à 128,3 G$US, il sera supérieur de plus de 20 % à la moyenne des vingt dernières années.

L’économiste prévoit que le revenu net des agriculteurs américains sera alimenté par de meilleurs prix pour le maïs, le soya, le porc et le bœuf, une hausse de plus de 20 G$US en 2021, par rapport à 2020. Ce dernier prévoit des prix plus élevés depuis sept ans pour le maïs, le soya et le blé à cause des inventaires mondiaux et américains répétitivement bas.

Mais c’est la demande du Gargantua chinois qui tirera surtout les prix à la hausse, une tendance qui s’est amorcée au cours du dernier trimestre de 2020. En 2021, l’économiste prévoit que les exportations américaines se chiffreront à 157 G$US, un record historique, dont 31,5 G$US. vers l’Empire du Milieu soit, le cinquième des exportations américaines.  

Largement compensés contre les pertes dues aux guerres tarifaires déclenchées par l’ex-président D. Trump et celles liées à la pandémie, M. Meyer prévoit même que les céréaliculteurs américains sèmeront 182 millions d’acres de maïs et de soya au printemps 2021, un record de tous les temps, à condition que la météo coopère.

Productions animales 

La pandémie a, cependant, laissé des cicatrices du côté des productions animales. « La diminution des capacités d’abattage a causé des surplus ou des manques de certaines coupes de viandes et des écarts entre les prix payés pour les animaux vivants et les prix en gros », a dit l’économiste ajoutant que les abattoirs s’étaient ajustés dans les deux derniers trimestres de 2020.

M. Meyer prévoit que les productions de porc et de bœuf vont même augmenter de 1 % en 2021 par rapport à 2020 et leurs prix respectifs de 17 % et de 6 % du cent livre (cwt). 

Le secteur laitier n’a pas été épargné par la pandémie avec la fermeture des écoles et des restaurants qui ont bouleversé la mise en marché, entraînant du coup une grande volatilité des prix. L’économiste prévoit que la production laitière augmentera d’un peu moins de 2 % en 2021 dans un contexte où les fourrages et les grains vont coûter plus cher. Mais aussi en débutant l’année avec d’énormes inventaires de fromages et de beurre. Il estime que le prix du lait, toutes classes confondues, sera de 17,15 $US/cwt en 2021, soit le plus bas prix depuis 2018. 

Économie et pandémie

L’économiste en chef a voulu livrer un message d’optimisme alors que la pandémie a mis la première puissance économique et agricole du monde à terre en jetant 20 millions de travailleurs à la rue et en poussant le taux de chômage à plus de 14 %, le plus élevé depuis la Grande Dépression. Mais l’économie américaine, comme celle du reste du monde, ne reprendra son souffle que lorsque la pandémie sera maîtrisée. 

Durant cette conférence virtuelle, les animateurs n’ont cessé de répéter aux quelque 2 000 participants de porter un masque, de se laver les mains et de garder une distance sociale dans leurs activités quotidiennes. Un message qui était tout autre que celui de l’administration précédente, alors que le pays franchit le cap d’un demi-million de morts liés à la COVID-19.

Ancien secrétaire d’État à l’Agriculture sous Obama (2009-2017), Tom Vilsack remplira ce même rôle sous l’administration Biden. Mais sa nomination n’étant pas encore approuvée par le sénat, il n’a pu présider l’ouverture de cette 97e édition des conférences sur les perspectives du USDA. 

Graphique présentant le soutien du gouvernement américain aux agriculteurs au cours des dernières années et les prévisions pour 2021 (en anglais seulement).

Nicolas Mesly

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.

nicolas@nicolasmesly.com

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.