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2 avril, l’heure de vérité pour Trump et ses tarifs

Le 2 avril s’annonce comme une date déterminante pour l’économie mondiale, déjà fragile et instable. Le début du mandat présidentiel de Donald Trump est marqué par une incertitude croissante et une volatilité inquiétante.

Texte tiré des Flash Marché du 20 et du 26 mars 2025

Le président, quant à lui, semble bien décidé à poursuivre ses décisions controversées. Avec ses annonces répétées et ses menaces constantes, la date butoir sera le 2 avril, date à laquelle Trump compte imposer des tarifs réciproques à tous les pays commerçant avec les États-Unis. Il précise que le pourcentage des tarifs sera déterminé pour chaque pays en fonction de l’inégalité commerciale entre les deux nations.

Parmi les raisons qu’il évoque pour justifier ces mesures figurent les tarifs élevés imposés aux produits américains, la manipulation des devises et la délocalisation des emplois américains. Cependant, une fois de plus, il reste difficile de prévoir les montants exacts des tarifs, ce qui génère une grande incertitude pour l’économie mondiale ainsi que pour les chaînes d’approvisionnement. Cette situation amènera sans doute un casse-tête aux postes douaniers et des délais importants au niveau du transport. Bien qu'il ne reste plus qu’une semaine avant cette échéance, il semble qu'aucun plan concret 
n’ait encore été présenté par le gouvernement américain. Selon des sources proches de l’équipe de Donald Trump, Washington envisagerait d’exempter certains secteurs d’activités des droits de douane réciproques.

Entre le Canada, le Mexique et la Chine

Le 2 avril signifie également la date de fin d’exemption de tarifs pour tous les biens présentement couverts via l’entente de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique. Malgré les nombreux défis économiques découlant des décisions américaines, il est important de rappeler que ces tarifs pourraient avoir un impact majeur sur les prix du maïs et de la fève de soya.

En réponse aux actions du gouvernement américain, la Chine a déjà réagi en imposant des tarifs sur plusieurs produits, dont un tarif de 10 % sur la fève de soya. Cette contre-attaque exerce une pression significative à la baisse sur le prix de la fève, en raison de l’ampleur des achats chinois auprès des États-Unis. Par conséquent, il est probable que cette situation se détériore davantage si les États-Unis décident d’augmenter leurs tarifs.

De son côté, le Mexique est resté relativement calme et n’a pas encore réagi aux décisions du président Trump. Toutefois, il semble réaliste que le Mexique envisage d’imposer des tarifs sur les importations de maïs américain, étant donné l’importance de ce secteur pour l’agriculture des États-Unis. Une telle réponse pourrait une fois de plus exercer une pression sur les prix du maïs sur le marché de Chicago alors que le Mexique a acheté 37 % de tout le maïs américain exporté depuis le 1er octobre.

Les entreprises automobiles

Par ailleurs, les trois grandes entreprises automobiles américaines (Ford, GM et Stellantis) ont exercé des pressions sur la Maison Blanche concernant les tarifs projetés sur les semi-conducteurs, un composant clé de la fabrication automobile. En réponse, le président américain a décidé de repousser l'application des mesures envisagées sur les semi-conducteurs. Certains analystes prévoient même que les tarifs du 2 avril seront finalement reportés. 

Ces développements laissent entendre que les mesures prévues pour le 2 avril pourraient être moins sévères qu'anticipées, ce qui a eu un effet positif sur les marchés boursiers en début de semaine. Toutefois, on peut s’attendre à ce que la semaine prochaine soit caractérisée par des marchés très volatils.

Le conflit Russie-Ukraine

D'autre part, la Maison Blanche a annoncé des avancées significatives concernant le conflit entre la Russie et l’Ukraine. En effet, les deux pays ont accepté de suspendre les hostilités en mer Noire et de cesser l’utilisation de navires commerciaux à des fins militaires. Les États-Unis ont même proposé d’aider la Russie à exporter ses produits agricoles et ses engrais vers les marchés mondiaux, ce qui témoigne de la relation particulière que Trump entretient avec le président Poutine. 

Cependant, le Kremlin a posé une condition importante, qui n’est pas encore remplie, pour finaliser cet accord de paix en mer Noire. La Russie exige la levée des restrictions occidentales sur le commerce des céréales et des engrais russes. 


Politique canadienne - Élections fédérales

Du côté de la politique canadienne, le Parti libéral canadien vient d'annoncer officiellement que des élections fédérales anticipées se tiendraient le 28 avril. Le premier ministre actuel, Mark Carney, a exprimé son désir de tenir rapidement ces élections afin de capitaliser sur l'élan favorable de son parti, dans le but d'obtenir une majorité à la Chambre des communes. Contre toute attente, un sondage mené entre le 21 et le 24 mars révèle que le Parti libéral serait en tête avec une avance de 8 % sur le Parti conservateur dirigé par Pierre Poilievre. Ce même sondage indique qu'environ la moitié des Québécois envisagent de voter pour Mark Carney. Toutefois, il convient de rester prudent, car ces résultats ont été obtenus à partir d'un échantillon relativement restreint de seulement 2400 personnes. Il est important de rappeler que Donald Trump n’était pas favori dans les sondages lors de la dernière campagne électorale américaine. Cette élection est jugée encore plus cruciale que celle de 2021, car elle pourrait avoir un impact majeur sur la gestion des relations avec notre voisin du sud, qui semble peu enclin à accorder de répit aux Canadiens.

Photo : iStock.com | Brittany Schauer Photography