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Les services d’accompagnement au démarrage d’entreprise agricole

Photo : iStock

Pour favoriser l’économie locale et solidaire, s’inscrire dans le développement durable et expérimenter un cadre de travail basé sur le partage des responsabilités, certaines personnes ont choisi d’exploiter des fermes selon la formule coopérative. Celles-ci font leur chemin, et leur modèle tient la route. [DEUXIÈME D’UNE SÉRIE DE DEUX ARTICLES]

C’est à la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ) que revient la responsabilité d’offrir un service de soutien et d’accompagnement aux personnes ayant le désir de démarrer une coopérative, tous secteurs confondus et dans toutes les régions du Québec. Parmi les 30 conseillers disponibles, certains ont acquis une expertise agricole. Entretien avec le directeur régional Évan Murray, qui a participé au démarrage de La Shop à Légumes dont le Coopérateur a fait le portrait dans le dernier numéro. 

Comment expliquez-vous l’enthousiasme pour le modèle d’affaires coopératif?

Les valeurs et principes coopératifs reviennent en force avec les nouvelles générations. Le modèle d’affaires traditionnel s’essouffle, et c’est maintenant reconnu : les membres de la jeune génération revendiquent l’idée de travailler dans une entreprise qui correspond à leurs valeurs. Selon une étude réalisée en 2017 par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), les milléniaux (18-34 ans) adhèrent majoritairement aux valeurs fondamentales associées au fonctionnement des coopératives, soit l’honnêteté, la transparence, l’altruisme, la solidarité, l’égalité et l’équité. Par conséquent, ils sont ouverts et attirés par les coopératives comme modèle d’affaires. 

Lorsqu’ils nous précisent leur désir de vouloir démarrer une coopérative, ils sont unanimes : ils veulent se lancer dans les affaires à plusieurs pour partager le risque et participer aux décisions, tout en adhérant aux principes de démocratie et d’équité. Ce n’est pas l’accumulation des biens qui les motive à tout prix, mais plutôt la qualité de vie au travail et le désir de contribuer au mieux-être de leurs collectivités et de l’environnement, tout en recevant une juste rémunération.

Peut-on parler d’une augmentation notable de fermes coopératives au cours des dernières années?

Depuis 2012, on parle d’une augmentation moyenne de 20 % par année. En 2019, nous recensions 30 coopératives actives en exploitation agricole, et notre équipe est en cours d’accompagnement de 20 autres projets dans leur démarrage ou dans la reprise collective d’entreprise. 

Observe-t-on ce phénomène dans un contexte de transfert d’entreprise?

D’après un sondage mené par nos bureaux l’année dernière, on estime à 11 % la proportion de fermes coopératives créées dans un contexte de reprise d’entreprise agricole. 

Quel est le profil de ces fermes en ce qui a trait à la production?

Plus de la moitié sont dans le secteur maraîcher biologique. Les autres secteurs sont la production de viande, les produits transformés et les activités agrotouristiques. Jusqu’à maintenant, les lois et les règlements en vigueur donnent des défis à la formule coopérative pour les fermes disposant de quota de production. Nous continuons d’y réfléchir, car il y a un intérêt pour certaines entreprises, entre autres les fermes laitières, de cheminer vers une coopérative de travail ou de solidarité.

Qu’advient-il des actifs de la coopérative dans un cas de démantèlement?

Sans entrer dans tous les détails, disons que les actifs sont vendus pour rembourser les passifs (les dettes) et l’investissement des membres. La Loi sur les coopératives prévoit plusieurs mécanismes pour protéger les valeurs et les principes coopératifs. Dans ce cas, elle prévoit que, à la suite du remboursement des passifs et de l’investissement des membres, les profits résultant de la vente des actifs ne peuvent pas être partagés entre les membres. Un principe pour garantir l’équité entre les générations de membres, car le but d’une coopérative n’est pas l’accumulation de capitaux à répartir entre les membres. C’est une formule entrepreneuriale qui propose une propriété et une gouvernance démocratique collectives. Par conséquent, lorsqu’une coopérative acquiert une terre, par exemple, l’objectif est d’assurer son accessibilité et non de profiter de la plus-value lors d’une éventuelle vente. 

À quoi peut-on s’attendre comme forme de soutien et d’accompagnement de votre part?

Nous accompagnons les personnes dans leurs réflexions et facilitons leurs démarches quand vient le temps de parler de gouvernance, de structure et de règlements. Nous sommes aussi très flexibles pour ce qui est des moyens utilisés pour discuter avec les futurs entrepreneurs collectifs : nous avons des webinaires, nous pouvons les recevoir à nos bureaux régionaux ou même nous déplacer pour aller à leur rencontre. Ces premières rencontres sont gratuites et les suivantes sont peu coûteuses.

Lire l'article complet dans l'édition de juillet-août 2020 du Coopérateur.

Isabelle Éthier

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.

isa.ethier4@gmail.com

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.