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Un optimisme prudent à l’horizon pour le marché de la viande

Malgré les défis de chaque secteur des protéines animales, il y a longtemps que les perspectives n’ont pas été aussi bonnes, tous secteurs confondus. Les coûts de production reculent partout, en partie grâce à une baisse du prix des grains, tandis que l’inflation se stabilise. Les prix obtenus sur les marchés pour le bœuf et le porc sont plus qu’intéressants et laissent entrevoir une certaine rentabilité.

Ceci est le sixième article d'un dossier de six. Écoutez l'épisode du Coopérateur audio sur le dossier.

Les éleveurs québécois comptent sur ce regain pour construire les bases de leur développement futur. Car malgré les changements dans les choix alimentaires des Québécois, il est assuré que la viande occupera une place dans leur assiette.

Les producteurs de volailles semblent avoir le vent dans les voiles sur ce point, car la popularité de la protéine ne se dément pas. Il suffit de jeter un coup d’œil aux menus des chaînes de restauration rapide pour se rendre compte que le hamburger classique partage désormais la place d’honneur avec le poulet qui se décline à toutes les sauces, souligne Maurice Doyon.

Les EVQ ont également accueilli 25 nouveaux titulaires de quotas tout récemment, pour une augmentation prévue de la production de 5 % sur un an. « Il y a un dynamisme, un attrait pour de la relève », confirme Benoît Fontaine. Le cycle de vie de moins de 40 jours de la volaille permet aussi au secteur de s’adapter rapidement aux tendances, ajoute le président des EVQ. Par ailleurs, la volaille est perçue dans la population comme la protéine la plus respectueuse de l’environnement et économique. « On est transparent et on continue de s’adapter aux marchés, mais tous les voyants sont au vert », assure-t-il.

Pour les producteurs bovins, le défi consiste à se démarquer des produits bovins canadiens et d’ailleurs, alors que la production locale est nettement insuffisante à la demande. La conjoncture est cependant favorable, estime Sébastien Vachon. La priorité est la mise en marché afin d’obtenir de meilleurs prix pour les éleveurs. On souhaite également profiter de la synergie créée par un partenariat des éleveurs de bœufs et de veaux québécois, puisque ces derniers dominent la production de veaux par rapport aux autres provinces, avec 47 % de la production totale canadienne. La piste du bœuf AAA est aussi sérieusement étudiée, bien que de nombreuses conditions restent à être remplies pour créer un approvisionnement stable dans cette catégorie au Québec. Preuve que l’optimisme est revenu dans la production, le président des PBQ voit beaucoup de jeunes dans les événements organisés par l’organisation. « On se trouve dans un marché d’opportunités où on veut augmenter le cheptel et mettre des choses en place pour stimuler nos activités. Il y a une fenêtre, il ne faut pas la manquer. »

En tant que produit largement exporté, le porc reste sensible aux fluctuations du marché mondial. À ce chapitre, Frédéric Hamel considère que la filière pourrait tirer son épingle du jeu en ciblant les marchés en expansion. Les marchés asiatiques demeurent importants pour Olymel, mais elle souhaite mettre davantage l’accent sur le marché national qu’auparavant, explique Yanick Gervais. Olymel se classe au deuxième rang des producteurs et transformateurs de porcs au Canada, derrière les Aliments Maple Leaf.

Sur le produit lui-même, les éleveurs de porcs et Olymel sont d’accord sur un point : il faut mieux se différencier à l’échelle nationale et rentabiliser davantage la carcasse. L’innovation est également au cœur des stratégies, comme l’investissement de sept millions de dollars au Centre de développement du porc du Québec et la recherche de nouveaux produits chez Olymel. Comme pour tous les acteurs dans les filières animales de la province, la qualité demeure un élément central. « On a un porc d’excellente qualité qui est bien reçu partout dans le monde, mais il faut faire de l’éducation au Canada et au Québec et offrir des coupes plus accessibles », ajoute Véronique Simard.

Les tendances à moyen terme sont claires. « Tous les producteurs sont devant un marché en croissance, autant à l’échelle nationale qu’internationale », souligne Maurice Doyon. On constate un déplacement dans les catégories de protéine animale qui suit le prix et l’empreinte carbone. L’œuf est le grand gagnant à ce chapitre, mais la protéine qui réussira à jouer sur plusieurs tableaux à la fois s’en tirera le mieux auprès des consommateurs, ajoute Maurice Doyon.

Les résultats des élections américaines ramènent le spectre de l’instabilité dans le secteur agricole canadien et québécois. Faut-il s’attendre à de nouvelles guerres commerciales entre la Chine et les États-Unis, dont le Canada ferait les frais? Sur ce point, le stratège Frédéric Hamel se montre philosophe. « La Terre va continuer de tourner au lendemain des élections aux États-Unis. Elle va peut-être tourner un peu croche, mais elle va continuer de tourner. »

Photo : Stéphanie McDuff



Lisez tout le dossier « Protéines animales : Un marché effiloché! » :

  1. Protéines animales : Un marché effiloché!
  2. Marché de la viande : Des tendances à l’œuvre
  3. Viande, pandémie, virus et géopolitique
  4. Des élevages en évolution
  5. De grands changements en vue chez Olymel
  6. Un optimisme prudent à l’horizon pour le marché de la viande

Céline Normandin

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture. 

celine.normandin@videotron.ca

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture.