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Des élevages en évolution

Les éleveurs au Québec ne sont pas restés les bras croisés devant les crises qui ont bouleversé leur secteur, note Maurice Doyon.

Ceci est le quatrième article d'un dossier de six. Écoutez l'épisode du Coopérateur audio sur le dossier.

Si certains phénomènes se trouvent hors de leur contrôle, comme l’inflation, ils sont bien au fait des influences qui transforment les habitudes des consommateurs et ils agissent pour saisir la balle au bond. Le produit local et la qualité font plus que jamais partie des cartes maîtresses de leur jeu, tandis que l’aspect environnemental est devenu un incontournable dans les planifications stratégiques.

Les éleveurs de porcs et de bœufs ont d’ailleurs élaboré en 2024 de nouveaux plans quinquennaux pour affronter ces défis alors que la société Groupe AGÉCO a été mandatée par les Éleveurs de porcs du Québec (EPQ) pour trouver des pistes de solutions aux retards de productivité et technologiques du secteur.

Au cœur des préoccupations se trouve l’objectif d’assurer des revenus décents aux producteurs alors qu’ils s’adaptent aux attentes des consommateurs. « Il faut trouver un équilibre entre le consommateur et le citoyen qui sont la même personne, mais avec des préoccupations différentes », résume Renaud Sanscartier, directeur des affaires économiques aux EPQ.

Tableau 1


Les gestes posés par les Éleveurs de volailles du Québec (EVQ) sont un bon exemple de cette recherche d’équilibre. Bien qu’ils soient soumis à une forme de régulation des marchés par la gestion de l’offre, les producteurs de volailles ont ajusté le tir dans les dernières années, indique Benoît Fontaine, président des EVQ.

« Pour faire le poulet que les gens veulent, l’industrie fait des tests et met en marché des produits, résume-t-il. Le poulet entier tend à devenir plus petit pour deux raisons : la commodité et le fait que les gens achètent un prix. Il y a un certain seuil psychologique, un prix à ne pas dépasser. »

Les besoins en restauration dictent aussi la manière d’élever les volatiles. Le poulet, à sa sortie de la ferme, est un produit semi-fini, prêt à être embroché.  « Ça prend absolument l’uniformité. On élève des poulets qui sont destinés à fitter dans une assiette », ajoute le président des EVQ. La même adaptation s’opère aux Producteurs de bovins du Québec (PBQ). La hausse du prix de la carcasse a donné un nouveau souffle à la production. Bien que tout ne soit pas rose dans la filière, les producteurs réussissent à mettre des bêtes sur le marché, indique son président Sébastien Vachon. La marque Bœuf du Québec, lancée depuis un an, a signé deux partenariats, ce qui montre que les tests effectués avec la certification ont été concluants. « Les gens achètent moins de viande, mais la consomment mieux », indique Sébastien Vachon.

Il est toutefois conscient que le prix représente un frein à la demande. « Avec la baisse des cheptels québécois et nord-américains à leurs niveaux les plus bas depuis les années 60, on se trouve à la croisée des chemins », constate le président des PBQ.

Aux Éleveurs de porcs du Québec, on a constaté en fin d’année 2024 un renversement de la situation grâce à l’augmentation des liquidités et à l’amélioration des marges pour les producteurs. « C’est positif, confirme Renaud Sanscartier, mais on ne sait pas combien de temps ça va durer. » Il s’agit d’une période profitable avec des prix que l’on n’avait pas vus depuis 2014, souligne Frédéric Hamel. Par ailleurs, l’élevage s’adapte avec des bâtiments qui répondent aux nouvelles normes, de sorte que 60 % des truies sont maintenant en groupe.

Tableaux de statistiques par secteur de production


Photo : iStock.com | SimonSkafar



Lisez tout le dossier « Protéines animales : Un marché effiloché! » :

  1. Protéines animales : Un marché effiloché!
  2. Marché de la viande : Des tendances à l’œuvre
  3. Viande, pandémie, virus et géopolitique
  4. Des élevages en évolution
  5. De grands changements en vue chez Olymel
  6. Un optimisme prudent à l’horizon pour le marché de la viande

Céline Normandin

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture. 

celine.normandin@videotron.ca

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture.