Des haies bimillénaires pro de la biodiversité
Des haies d’aubépines et de prunelliers délimitent les Pays-Bas et l’Allemagne et offrent d’importants services écosystémiques et récréatifs.
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Partout dans le monde, les insectes déclinent, un constat qui alerte Jetske de Boer, chercheuse en entomologie à l’Institut néerlandais d’écologie. Son terrain de jeu : les centaines de kilomètres de haies d’aubépines et de prunelliers de la réserve de biosphère de l’UNESCO de Maasheggen, littéralement la « haie de la Meuse », fleuve qui délimite les Pays-Bas et l’Allemagne.
La majorité de ces haies, qui courraient jadis sur 200 000 km dans la campagne néerlandaise, ont été abattues à partir de 1950 pour laisser l’espace à l’agriculture industrielle, mais la mosaïque de Maasheggen perdure : elle couvre aujourd’hui 2000 hectares et 11 villages où sentiers pédestres, pistes cyclables, prairies pérennes et parcelles cultivées (maïs, céréales, pommes de terre et betteraves sucrières) cohabitent.
La connectivité entre les champs, les boisés et les milieux humides est assurée par ces haies denses d’arbustes épineux issues de la technique de plessage où les troncs sont entaillés, pliés, attachés et tressés pour former des clôtures végétalisées qui faisaient office de clôture à pâturage, mais qui fournissent aujourd’hui des services écosystémiques et récréatifs dans un lieu où riment nature et agriculture.
À travers ces haies, des chênes, des rosiers, du sureau et combien d’autres végétaux parmi lesquels Jetske de Boer et des étudiants universitaires ont recensé différents arthropodes et coléoptères qui font partie de la chaîne trophique où l’un mange l’autre dans un grand tout chaotique nommé biodiversité.
Mais ce ne sont pas tous les agriculteurs néerlandais qui jubilent à cultiver des parcelles souvent étriquées, parfois laissées en friche pour permettre à la nature de fourmiller. Heureusement, ils reçoivent des compensations financières et de l’aide technique pour entretenir les haies, en planter de nouvelles et perpétuer cette oasis de vie.
Objectif 30 % en 2030Quand, en décembre 2022, Montréal a tenu la 15e Conférence des Parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, les gouvernements ont pris l’engagement de « préserver la nature et [de] freiner et [de] renverser la perte de biodiversité, afin de placer les milieux naturels sur la voie du rétablissement ». On a tôt fait de résumer l’un des objectifs-phares des gouvernements : protéger 30 % de leur territoire d’ici 2030. L’agriculture représente 6,3 % de la superficie du Canada. Les solutions basées sur la nature peuvent s’inscrire dans ces efforts pour réduire les pesticides et freiner l’érosion de la biodiversité. Les agriculteurs, gardiens du territoire, jouent un rôle de premier plan avec leurs boisés, haies et bandes fleuries, à mille lieues d’une vision fleur bleue de l’agriculture. |
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Ce dossier est paru dans le Coopérateur de septembre 2025 et a été produit dans le cadre d’une visite organisée par le Réseau québécois de recherche en agriculture durable (RQRAD). Une série de 19 capsules vidéo a été produite.
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