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Les entrepreneurs, écœurés de la paperasse

La chroniqueuse Pierrette Desrosiers explore le ras-le-bol administratif des entrepreneurs agricoles et de leurs impacts sur la santé psychologique.

Publié le 15 mai 2024
Témoignage et entrevue
Affaires
Suffisamment écoeurés
L’illustration est une gracieuseté de la fille de Pierrette Desrosiers Valérie St-Laurent qui prône l'art d'accepter l'imparfait avec sa page Facebook Suffisamment.
Crédit : Valérie St-Laurent
Image de Pierrette Desrosiers

Pierrette Desrosiers

Psychologue du travail et coach spécialisée à intervenir dans le milieu agricole

Issue d’une famille d’agriculteurs et conjointe d’un producteur agricole depuis plus de 30 ans, Pierrette s’intéresse aux nombreux défis humains dans le milieu agricole, ainsi qu’au milieu corporatif.

« La montagne de règlements et de formulaires finit par éroder le moral et la santé mentale de ceux qui osent entreprendre », écrit Pierrette Desrosiers, M. Ps, psychologue en milieu agricole. Elle dédie le texte qui suit à tous ces entrepreneurs, qui croulent sous le poids de la paperasse et de la bureaucratie.

« Je suis suffisamment écœuré de la paperasse que je pense tout vendre. » Voilà comment Simon, un agriculteur qui a toujours été passionné, exprime son ras-le-bol. « J’ai pas choisi ce métier pour être enfermé entre quatre murs à remplir de plus en plus de formulaires. Je passe quasiment plus de temps au bureau que dans mes champs ou à l’étable. Je trouve pas personne pour m’aider pour toute la paperasse. » Chaque formulaire à compléter est un coup porté à sa passion. Il est clair que l'excès de bureaucratie ne sert plus l'intérêt de l'agriculture.

Martine est aussi est submergée. « Chaque heure passée sur les registres, les formulaires et les permis, ou au téléphone pour essayer de comprendre comment compléter un formulaire, c'est une heure en moins avec mes brebis, mes champs et surtout mes enfants. Quand tu dois dire à ton petit Jonathan que tu ne peux pas l'inscrire au soccer parce que tu es débordée par le travail... ça brise le cœur. » Martine adore son travail en tant qu'agricultrice, mais elle avoue que la paperasse commence sérieusement à la démoraliser. « J’ai pas les moyens d’engager pour toute cette gestion administrative. Et puis, en plus, où trouver la main d’œuvre? »

Ces témoignages, je les entends de plus en plus souvent. Il y a trente ans, personne ne se plaignait de la « maudite paperasse ». Même le ministre de l’Agriculture, M. André Lamontagne, a reconnu, lors d'un colloque sur la santé psychologique en avril, qu’il y avait trop de paperasse. Alors, Monsieur le Ministre, quelle action concrète prévoyez-vous? M. François Legault, le premier ministre, a écrit, le 20 Février sur X, que « Québec coupe dans la paperasse ». Car même les médecins de famille croulent sous la paperasse. Toutefois, M. le Premier Ministre, en agriculture, nous n’avons pas vu que « Québec coupe dans la paperasse ».

La paperasse (permis, registres, rapports, etc.) figure désormais parmi les principales sources de stress pour nos agriculteurs. Pour Simon et Martine, ce n'est pas seulement une pile de papiers; c'est un mur qui les sépare de leur passion pour l'agriculture. Je sais que l’ensemble des entrepreneurs, tout domaine confondu, ressent également ce poids.

Loin d’être banal, lorsque les producteurs se disent écœurés, ça dépasse le simple ras-le-bol. Ce terme, issu du mot « cœur », évoque une répulsion profonde et émotionnelle. Pour les agriculteurs et probablement beaucoup d’entrepreneurs en général, cette aversion est souvent déclenchée par l'accumulation oppressante de tâches administratives. Ces tâches semblent interminables et inutiles. Confrontés à une bureaucratie étouffante, ils ressentent une frustration intense et un sentiment d'impuissance, ce qui peut entraîner une réaction de dégoût psychologique, mais aussi de la détresse. C’est un mécanisme de défense contre ce qui est perçu comme une menace à leur équilibre psychologique et physique. C’est un signal d'alarme que nous ne pouvons ignorer.

Ce dégoût n’est pas seulement une réaction à des tâches spécifiques, mais à l'ensemble de la bureaucratie et des règles qui, cumulées, impertinentes, incohérentes deviennent écrasantes. Cette charge mentale et émotionnelle constante épuise les ressources nécessaires à d'autres aspects de leur vie, diminuant leur motivation et affectant leur productivité et leur qualité de vie. « Quand tu te réveilles la nuit en sursaut parce que t’as peur d’avoir échappé un papier, un permis, un registre, ça tourne pu rond, là. En plus, je chiale assez contre les papiers que mon gars est découragé de prendre la relève. Il me dit qu’il ne sera pas capable, avec tous les papiers », me dit Sébastien.

De moins en moins d’entreprises ont encore les ressources humaines, financières et émotionnelles pour répondre à toutes ces exigences. Tous s’entendent pour dire que c’est pire d’année en année.

En définitive, bien que la paperasse administrative ait été initialement conçue pour protéger la qualité des produits, l'environnement et le bien-être animal, le poids excessif de ces exigences bureaucratiques a largement dépassé leur utilité première.

Les agriculteurs affrontent déjà de multiples défis : caprices de la météo, inflation, pénuries de main-d’œuvre et hausses des taux d'intérêt. Ajouter de la paperasse excessive à cette liste est non seulement inutile, mais aussi contre-productif. Il est temps de reconnaître que trop, c'est trop : nous devons simplifier et alléger ces procédures pour véritablement soutenir ceux qui nous nourrissent.

Il est impératif que les instances gouvernementales réévaluent la pertinence et l'impact de ces charges administratives. Il faut travailler activement à réduire la complexité et le volume de la paperasse requise. En réduisant ce fardeau, nous contribuons non seulement à améliorer la santé mentale et le bien-être émotionnel de nos agriculteurs, mais nous aidons également à préserver la vitalité de l'agriculture, essentielle à notre société.

P.S.: Si vous le croyez utile, partagez ce texte à vos députés et organisations afin de les sensibiliser à cette réalité.

Pierrette Desrosiers, M. Ps, psychologue en milieu agricole 
Fille, sœur et conjointe d’un producteur agricole.

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