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Ferme Miclem : Le bon ingrédient, dans le bon mélange, à la bonne heure 

Le mot « routine » est synonyme de réussite à la Ferme Miclem, située à Saint-Anicet, en Montérégie. Les propriétaires, Stéphanie Chenaille et Simon Trépanier, y voient même une excellente façon de produire du bœuf de première qualité au meilleur coût possible. 

Le respect d’un horaire scrupuleusement conçu, le mélange de rations réfléchies et l’exécution minutieuse des travaux expliquent en grande partie les succès de l’entreprise bovine. 

Les quelque 700 animaux bichonnés à la ferme reçoivent une attention de tous les instants. « Nous sommes toujours là, et je crois que ça fait toute la différence », résume Simon Trépanier. Le travail débute tous les jours de la même manière. Les mangeoires sont soigneusement nettoyées et les quantités sont ajustées de sorte qu’il n’y ait pas de restes le lendemain, afin que les animaux aient toujours des aliments frais. Les abreuvoirs reçoivent le même traitement. Par la suite, la ration totale mélangée (RTM), composée de divers ingrédients – dont du maïs-ensilage, du maïs-épi humide, des sous-produits et des minéraux –, sera distribuée selon les groupes et à heures fixes.  

Les aliments utilisés pour nourrir le cheptel sont choisis selon deux critères. Le premier touche le groupe des animaux alimentés. Les bouvillons arrivant de l’encan recevront une ration comportant une importante quantité de foin. Par la suite, on introduira les aliments fermentés et les concentrés, à raison d’un kilo par tête par jour, selon leur croissance. « Nous les observons, et s’ils diminuent leur consommation, nous revenons à la ration des jours précédents, souligne l’agriculteur de 41 ans. Dès qu’ils recommencent à augmenter leur consommation, nous reprenons la progression. » La seconde ration comportera d’importantes quantités de maïs-ensilage et de maïs-épi, qui seront complétés par de la paille, des sous-produits pour les protéines et des minéraux. « Nous voulons maximiser le gain de poids aux meilleurs coûts possible. » 

Pour y arriver, on sollicite les services de l’expert-conseil Jason Brock, expert-conseil en production bovine pour Sollio Agriculture. « Jason nous fait ses observations, je lui envoie les ingrédients, et il équilibre une ration, dit Simon. Par la suite, nous l’essayons à la ferme pour voir si ça va marcher. C’est fait à l’ordi, une ration, avec une marge d’erreur. C’est calculé en pourcentage, mais ce n’est pas toujours pareil, des aliments. Des fois, ça change avec la météo. » 

L’expert-conseil soulignait dans un courriel que la minutie de ses clients leur procure une large part de leur réussite. Avec l’importante augmentation du prix du maïs l’an dernier, Simon voulait le retirer de la ration, ce qui représentait un risque réel pour le gain de poids, selon Jason Brock. Les résultats finaux ont donné raison aux Chenaille-Trépanier. « J’avais confiance à mes sources d’énergie dans mon maïs-ensilage et mon maïs-épi humide, assure Simon. Parfois, on sous-évalue ces aliments. Si on choisit des hybrides avec une bonne santé de plant et un bon rendement en amidon, ça fait un ensilage et du maïs-épi qui apportent beaucoup d’énergie à la ration. On était un peu sceptique au début, mais on a fait le test, et ç’a super bien été. Ça fait longtemps qu’on travaille avec du maïs, et je pense que là on a une recette gagnante. »  

Calme et patience  

Au cours de leur séjour à la Ferme Miclem, les animaux seront manipulés à de nombreuses reprises. « Nous calculons nos intrants pour aller chercher le maximum de gain au minimum de coût, indique le producteur. En même temps, les animaux doivent être installés le plus confortablement possible. » Pour assurer un confort optimal aux bouvillons, les intervenants de l’entreprise respectent une série de mesures tout aussi rigoureuses que celles touchant l’alimentation. « Nous manipulons les animaux doucement, nous ne crions pas et nous sommes calmes, dit-il. Ça aide beaucoup. » L’espace dans l’air d’alimentation attribué à chaque bœuf est mesuré. Les éleveurs visent entre 30 et 35 pi2 par tête.  

Les parcs sont nettoyés deux fois par semaine, et de bonnes quantités de litière sont utilisées. Les abattoirs apprécient la propreté des bêtes, et les propriétaires sont convaincus que ces attentions ont un impact majeur sur le gain de poids. « Les animaux sont beaucoup moins malades », observe Stéphanie Chenaille. « Surtout à l’entrée des bouvillons, c’est important de nettoyer souvent pour éviter les maladies pulmonaires », renchérit Simon Trépanier. La santé générale des bovidés engraissés à la ferme est excellente, conséquence directe du tempérament des entrepreneurs.  

Bœuf passion 

Les Chenaille-Trépanier n’ont pas qu’une relation agréable avec les animaux. Ils ont également développé un côté social apprécié, avec une boutique de vente de pièces de bœuf baptisée Bœuf passion. Si vous y faites un arrêt, vous pourrez vous procurer steaks, biftecks de côte (rib steaks), filets mignons et tomahawks (biftecks d’entrecôte avec l’os). « Le tomahawk est une pièce majestueuse, que les clients apprécient énormément, indique Stéphanie. C’est très populaire pour les grillades. » 

La boutique, qui a ouvert ses portes il y a deux ans, offre également du steak au poivre relevé. « Pour le moment, nous n’avons pas d’autre plat de ce genre, mais c’est dans nos projets », dit Stéphanie. La ferme séduira-t-elle une cinquième génération en vue de la relève? 

Photo : Stéphane Payette

Stéphane Payette

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.

stephane.payette@sollio.ag

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.