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Menaces et opportunités de la COVID-19

Photo : iStock

Le Canada, tout comme les États-Unis, sera en récession avec une contraction de l’ordre de 25 % du PIB pour les deux pays d’ici la fin juin 2020.

« Tout comme il faut aplanir la courbe de propagation du virus, il faut minimiser le ralentissement économique d’où l’intervention massive des gouvernements pour soutenir la liquidité des entreprises et des travailleurs », a indiqué en substance le vice-président et économiste en chef de Financement agricole Canada (FAC), Jean-Philippe Gervais, lors d’un webinar1 le 31 mars.

Personne ne peut encore prédire l’ampleur et la durée de la crise, mais l’économiste s’attend à une reprise « robuste ». En Chine, foyer de la pandémie, trois mois après avoir pris des mesures draconiennes, les PME tournent à 60 % de leur capacité tandis que les grandes entreprises carburent à plein régime, soutient M. Gervais.

Le secteur agroalimentaire est en général « immunisé » contre les fluctuations économiques. Mais cette fois, la COVID-19 peut affecter les livreurs d’intrants à la ferme, les producteurs eux-mêmes, les transformateurs, les distributeurs et les épiciers et perturber les opérations « On l’a vu avec Olymel et un autre transformateur de bovins dans l’ouest du pays. La coordination de la chaîne d’approvisionnement est critique pour assurer la rentabilité du secteur », a dit M. Gervais.

L’économiste prévoit que la demande intérieure de denrées au pays va rester forte au cours des prochains mois. Mais la perte de revenus des consommateurs des pays étrangers risque d’affecter le Canada « qui exporte 50 % de ce qu’il produit et transforme ».

M. Gervais croit que l’économie canadienne, toujours dépendante du pétrole, sera plus longue à récupérer que celle des États-Unis, en raison de la chute draconienne du prix du baril. (La reprise économique américaine dépendra de la gestion jusqu’ici erratique de la pandémie par le président D. Trump.) Il prévoit aussi que le dollar canadien risque de se situer sous la barre des 70 cents avec un prix plancher de 65 cents par rapport au dollar américain.

 

Volatilité des prix

L’économiste prévoit aussi que, malgré la pandémie, les producteurs agricoles canadiens pourraient « connaître une année raisonnable de revenus s’ils ont une bonne saison de croissance et de bons rendements, et que la chaîne d’approvisionnement reste fonctionnelle ». Voici ses observations basées sur le bon vieux principe de l’offre et de la demande :

  • Soya. Le manque d’offre sur le marché international pousse les prix à la hausse. Ce manque est dû à un problème de livraison du soya aux ports d’exportations au Brésil et « la demande chinoise pour du tourteau de soya reste très forte malgré la diminution du cheptel porcin ».
  • Maïs. La baisse de 5 % à 15 % de la demande d’éthanol à cause du ralentissement des déplacements automobile aux États-Unis a fait plonger le prix de l’essence verte de 26 %.
  • Blé. Après avoir connu une baisse de prix de 10 % en fin d’année, le prix du blé a rebondi vers 5,80 $ US/boisseau, le plus élevé depuis les 12 derniers mois. C’est que la Russie veut limiter ses exportations.
  • Porc. Pour les deux premiers mois de l’année, la Chine a importé plus de 150 % de viande de porc, par rapport à la même période l’année dernière. Le signal est clair.  

 

Attention à vos liquidités !

La gestion des liquidités, « c’est le nerf de la guerre » pour passer à travers la crise de la COVID-19, selon Vincent Giard, vice-président, Opérations Québec.

L’expert recommande d’aiguiser ses crayons pour calculer le fonds de roulement de son entreprise et envisager différents scénarios au cours des six prochains mois. FAC offre d’ailleurs une aide aux entreprises pour le report d’emprunts2.

Selon M. Giard, la COVID-19 va changer le visage du secteur agroalimentaire canadien. Cela peut se traduire par de nouvelles opportunités pour les producteurs comme une offre locale de fruits et légumes. Selon lui, l’achat de denrées alimentaires sur le web, qui a connu une explosion, est là pour de bon.

 

1  https://www.youtube.com/watch?v=o0BF1QEuEgQ&feature=youtu.be&rel=0 

https://www.fcc-fac.ca/fr/covid-19.html

Nicolas Mesly

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.

nicolas@nicolasmesly.com

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.