Lors de son congrès annuel de mars, la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a élu à titre de président David Beauvais, propriétaire de la Ferme Berge Air et membre de VIVACO groupe coopératif.
Pour ce producteur impliqué depuis près de 8 ans à la FRAQ, où il a aussi été deuxième vice-président avant 2019, plusieurs combats sont déjà à l’ordre du jour, dont les taux d’intérêt élevés, l’augmentation des prix des terres ou encore la multiplication de la paperasse. « Un de mes objectifs personnels, ajoute le nouveau président, c’est d’être à l’écoute et de transmettre le plus possible l’information dans les deux sens : transmettre les demandes des jeunes aux décideurs et amener ensuite les informations vers la base. »
Ça ne va pas bien en agriculture
Le congrès a également mis en lumière une autre priorité. « C’est important de dire que ça ne va pas si bien. On a toujours tendance à dire que ça va bien et qu’on s'en sort. Mais là, je le sens, et on l’a vu au congrès : on a beaucoup de jeunes qui sont épuisés tant financièrement qu'en temps. C’était vraiment généralisé. Les questions posées au ministre de l'Agriculture étaient plus liées aux émotions qu’à l’amélioration de tel programme ou telle subvention. »
La campagne de la FRAQ #maistoutvabien, pour laquelle on trouve actuellement sur les réseaux sociaux de nombreux témoignages vibrants, vise justement à faire comprendre au gouvernement et à la population que ça ne va pas bien en agriculture.
De l’aide à l’investissement en agriculture
Un soutien rapide, en particulier avec les taux d’intérêt élevés qui épuisent les jeunes producteurs, serait particulièrement utile, aux yeux de David Beauvais. « On pourrait avoir un taux bas et fixe pour tout le monde, au moins toute la relève, explique-t-il, et ça aiderait beaucoup les jeunes à continuer d'investir et à avoir un peu plus de liquidité. Ce serait une mesure assez simple à mettre en place. »
Il invite aussi le gouvernement à un changement de paradigme : au lieu d’offrir des aides en agriculture, passons plutôt aux investissements. « Le gouvernement a investi des milliards dans les batteries et d'autres entreprises, mais pour nous, ce sont toujours des aides ou des compensations. On investit dans le système de santé, mais on aide les agriculteurs. On n'a pas la même position, et c'est ce qu'on va essayer de faire valoir le plus possible. »
Un producteur touche à tout, une relève active
Président de la FRAQ, producteur ovin, conseiller en génétique bovine, membre impliqué dans le syndicat de la relève agricole de l’Estrie et dans le Club Holstein de Sherbrooke, et administrateur aux CA du Centre d’initiatives en agriculture de la région de Coaticook (C.I.A.R.C.) et des producteurs de moutons de l’Estrie, David Beauvais a de quoi remplir ses agendas! Où trouve-t-il le temps et l’énergie de conjuguer tout cela? « J’aime tout ce que je fais, répond-il. L’implication et la grande famille de la relève, c’est comme un loisir. Ce sont toutes des choses qui me passionnent et me permettent de m’épanouir personnellement et professionnellement. »
Avec son nouveau mandat à la FRAQ – en plus d’une hausse relativement prohibitive du coût du foin sec, requis pour sa production de lait de brebis –, David Beauvais entrevoit toutefois des changements importants, dont une pause dans la production de lait, qui libérera plusieurs heures de travail par jour et ne l’empêchera pas de s’occuper de sa centaine de brebis, dorénavant élevées pour leur viande.
En plus de ses implications, David Beauvais a aussi participé à quelques programmes coopératifs de relève, dont le Programme Action Relève Coop et le Tremplin pour la jeunesse agricole, présenté par Desjardins. Le programme de 2023 était porté par le Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA), en collaboration avec Sollio Groupe Coopératif et la Fédération de la relève agricole. « C'était vraiment une belle expérience et un beau programme, précise-t-il. On va souvent à des conférences et des formations sur les aspects plus techniques. Lors du Tremplin, c'était plus au niveau entreprise, objectifs et entrepreneuriat. Il y avait le réseautage, aussi, entre différents jeunes de différentes régions et productions. Les échanges étaient beaux chaque fois qu'on s'est rencontrés. »
Photo : gracieuseté de David Beauvais