
L’Assemblée générale annuelle de la Filière porcine coopérative s’est tenue à Drummondville, le 20 avril dernier.
Plus de cent membres présents ont notamment pu en apprendre davantage et poser leurs questions en lien avec la réduction d'abattage chez Olymel et les mesures d'atténuation suivant la fermeture de l'usine de Vallée-Jonction. En outre, la signature de la Convention entre les Éleveurs de porcs du Québec et les Acheteurs, entrée en force le 1er mai, laisse présager des jours meilleurs.
Dans ce contexte, le président de la Filière porcine coopérative a tenu à en rappeler la mission. « Au moment de sa création, en 2011, ses partenaires en ont fait un lieu de rassemblement, a-t-il souligné. Deux objectifs y ont toujours été menés de front : offrir des produits porcins de qualité, à prix compétitifs, à des clients situés partout sur la planète, et générer de la richesse pour tous ses acteurs, notamment les producteurs. »
« Un défi colossal considérant les événements qui frappent la production porcine partout sur la planète », a ajouté le président qui a également tenu à mettre en relief les avantages qu’apporte la Filière à ses membres. Une génétique de qualité, une alimentation et des services-conseils de pointe et, bien sûr, l'abattage et la transformation. « Nous allons rebâtir une filière porcine rentable au Québec », a-t-il d’ailleurs insisté.
C’est aussi l’avis de Robert Brunet, vice-président, partenariats porcins chez Olymel, et directeur général de la Filière porcine coopérative. « Les gestionnaires des coopératives impliquées en production porcine, Sollio Agriculture, Olymel et Sollio Groupe Coopératif planchent sur une refonte de la filière afin notamment de mieux soutenir nos producteurs membres indépendants en créant davantage de richesse pour l’ensemble de ses partenaires, a‑t‑il précisé. Elle demeure un outil précieux, voire essentiel, au succès de chacun. »
Bien que les opérations d’Olymel aient été durement frappées au cours des dernières années, le président Alain Laflamme est d’avis que le transformateur reste le meilleur partenaire des producteurs pour la mise en marché de leurs porcs. Au cours de la dernière année, Olymel a abattu et transformé 1,3 million de porcs produits par les membres de la Filière, dont 94 % qualifiés porc Coop.
Les résultats financiers plus que décevants dans le secteur du porc frais chez Olymel se sont traduits par l’interruption du versement de dividendes aux membres. En revanche, 4 millions $ en primes et 1 million $ en appui à la transformation des maternités aux normes de bien-être animal leur ont été versés. Le conseil d’administration de Sollio Groupe Coopératif a pour sa part mis en place un programme exceptionnel de soutien aux membres de la Filière en versant à ces derniers une prime de 3 $ par porc sur les livraisons de la dernière année, et de 0,75 $ la dose de semence pour les naisseurs.
Richard Ferland, président de Sollio Groupe Coopératif, a de son côté réitéré que la stratégie de redressement et d’optimisation qui vise à remettre la coopérative sur les rails va bon train. « L’année 2022 a été l’une des plus tumultueuses de notre histoire, a-t-il rappelé hautement préoccupé par les lourdes difficultés que vivent les producteurs. Des décisions difficiles ont dû être prises, comme celle de réduire les achats de porcs et de fermer l’usine d’abattage et de transformation de Vallée-Jonction. »
Moins de commodités, plus de valeur ajoutée
Pour Yanick Gervais, président-directeur général d’Olymel, une des solutions à la crise du secteur passera par la nouvelle convention de mise en marché des porcs entre les Éleveurs de porcs du Québec et les Acheteurs. « Cette entente assura une réduction harmonieuse de la production porcine québécoise dans un contexte de volatilité des marchés et de pénurie de main-d'œuvre, a-t-il souligné. En outre, afin de minimiser les effets de cette réduction de production pour les productrices et producteurs québécois, Olymel cessera d'acheter des porcs en provenance de l'Ontario. La convention contient également des dispositions qui devraient permettre une plus grande souplesse dans la résolution des problèmes et favoriser un meilleur écoulement des porcs. La nouvelle entente repose sur une formule de prix qui assure plus de prévisibilité, tout en partageant les bénéfices et les risques associés à la mise en marché du porc au Québec. »
Olymel abat actuellement 105 000 porcs par semaine. L’objectif est de passer, d’ici 2024, à 80 000 porcs sur trois sites, dans des infrastructures qui deviendront de plus en plus robotisées. « L’essentiel de notre optimisation est réalisé, a indiqué Yanick Gervais. On vise maintenant à s’éloigner des marchés de commodité au profit de la valeur ajoutée. »
Portrait de la production porcine mondiale
Catherine Brodeur, Associée, vice-présidente aux études économiques chez Groupe Agéco, avait été invitée à brosser le portrait de la production porcine mondiale. « Le cheptel porc est sur pause partout dans le monde, a-t-elle décrit. Le modèle porcin se redéfinit. »
Sur le marché domestique, a fait savoir l’experte dans son analyse, le prix de la viande de porc demeure compétitif par rapport aux autres viandes. Les marchés d’exportation, eux, subiront l’impact majeur de la reconstitution du cheptel chinois. Des prix records en Europe avantageront l’Amérique du Nord. Le Canada, de son côté, profitera d’un taux de change faible. Toutefois l’incertitude demeure quant aux importations des pays asiatiques. Une forte volatilité continuera d’affecter les prix du porc et les coûts de production demeureront élevés, a-t-elle également mentionné. Pénurie de main-d’œuvre et augmentation des salaires sont des réalités vécues partout, notamment en occident. La production de porc mondiale devrait retrouver un niveau pré-pandémie d’ici 2027. Bref, on a là une filière, dit-elle, touchée par de multiples facteurs, mais qui tient bon malgré les embûches et les turbulences.
Contexte géopolitique et perspectives pour le prix des grains
« Du côté des grains, maïs, soya et blé, l’effet pandémie ne se fait plus sentir, la météo en ayant favorisé la production, a commenté Rafael Pagnoncelli, directeur principal trésorerie et risques financiers chez Sollio Groupe Coopératif. Depuis la mi-avril, on remarque une importante diminution du prix. »
Aux États-Unis, notamment, les semis avancent rapidement. Dans la culture du maïs, on s’attend à des semis de quelque 4 millions d’acres de plus, ce qui aura inévitablement un effet sur la demande en fertilisants, a souligné Rafael Pagnoncelli.
L’expert faisait également savoir que des craintes planaient quant au renouvellement de l’accord entre la Russie et l’Ukraine qui permet l’exportation de grains ukrainiens. L’entente actuelle prendra fin le 18 mai prochain, a-t-il rappelé, mais la Russie menace de ne pas la reconduire, se disant insatisfaite de ses conditions actuelles, et réclame entre autres la fin des sanctions occidentales sur les exportations russes.
Enfin, a-t-il avancé, les taux d’intérêt demeureront vraisemblablement élevés pour encore une bonne partie de l’année, sinon jusqu’en 2024.
Remise des prix Groins d'argent 2022
La Filière porcine coopérative a également profité de l'événement pour remettre les prix Groins d'argent 2022. Découvrez les gagnants ici.