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Une danse en trois temps pour apprivoiser le stress!

Le stress, une réaction du cerveau qui autrefois commandait un geste rapide pour fuir ou combattre un prédateur, serait aujourd’hui très souvent causé par une menace à l’égo. Le Coopérateur fait le point avec Serge Marquis, médecin, conférencier et auteur de plusieurs livres, dont Pensouillard le hamster : Petit traité de décroissance personnelle.

 

1. Quelle est votre définition de l’égo?

Pour résumer, c’est l’ensemble des représentations que nous avons de nous-mêmes. Certains philosophes et psychologues le définissent comme le résultat du processus d’identification. Tout au long d’une vie, nous nous identifions à toutes sortes de choses pour construire et développer le sentiment d’être quelqu’un. Chacun de ces éléments peut être vu comme une pelure identitaire. Prenons l’exemple de l’identification au territoire. Ainsi, « j’ai un territoire » est devenu « je suis mon territoire ». Ou « je suis ce que je possède ». Par conséquent, toute menace à ce que je possède est perçue comme une attaque contre ce que je suis. Face à la menace, le corps induit du stress pour se défendre.

 

2. Quel est le lien avec le stress?

Si je pars du principe que mon cerveau ne fait plus la différence entre une menace à ma survie et une menace à mon égo, le même stress est déclenché toutes les fois que je me compare, que je ne me sens pas à la hauteur ou que je suis incapable de répondre aux exigences de mon idéal. Si je m’identifie à mes idées, à mes croyances, à mes valeurs, toute opinion contraire me heurte au plus profond de moi-même, ce qui m’empêche de bien réfléchir et d’être en contact avec mon plein potentiel. Dans cette perspective, plus j’ai de pelures identitaires, plus mon « oignon » ou égo est gros et plus je deviens exposé à vivre du stress.

 

3. Sommes-nous réellement conscients de ce lien entre l’égo et le stress?

L’enjeu est là. Nous en sommes très peu conscients. Je ne suis pas mes idées, mon travail, ma ferme, mes animaux, mon apparence, mes croyances, mes médailles, mes enfants, etc. C’est d’ailleurs tout un travail que celui de cheminer vers une meilleure connaissance de soi-même.

 

4. Comment faire?

J’ai entendu un jour une phrase qui m’habite depuis. Marie de Hennezel, psychologue française qui a travaillé pendant plusieurs années dans les soins palliatifs, a dit : « Il faut découvrir en nous ce qui ne vieillit jamais. » Un jour ou l’autre, je suis appelé à renoncer à ma jeunesse, à mes capacités physiques, à mon travail, à ma ferme, etc. Or, ce qui en nous ne vieillit jamais est la capacité d’être dans le présent. Cette capacité va m’amener à entrer en contact avec ma capacité à aimer, à m’émerveiller, à apprendre, à transmettre, à créer, à savourer. Mes 30 années de travail sur le stress m’ont amené à constater que dans le présent, à moins qu’on soit dans une réelle situation de survie, il n’y a pas de stress.

 

5. Au-delà de notre égo, il y a des sources de stress extérieures à nous-mêmes : conflits familiaux ou au travail, deuil, etc.

Effectivement. Et c’est notre réaction à ces sources de stress qui peut faire une différence. J’accompagne depuis un peu plus de 30 ans des personnes souffrant des conséquences du stress. La très grande majorité sont aux prises avec leur hamster, cette bête qui envahit le cerveau et le projette dans le futur par des scénarios catastrophiques ou fatalistes : que vais-je faire, que va-t-il m’arriver? Ou encore le projette dans le passé par toutes sortes de regrets : je n’aurais pas dû, il est trop tard, j’ai fait un mauvais choix, etc.

 

6. Comment calmer ce hamster?

Il s’agit de ramener notre attention dans le présent. Car c’est là qu’il y a une fenêtre de pleine lucidité qui s’ouvre. C’est un entraînement mental que j’encourage et qui donne des résultats. Autrement, ce hamster accapare toute notre attention et provoque l’inhibition de l’action. Nous devenons paralysés et envahis par le stress.

 

7. Dites-nous comment faire.

D’abord, il faut placer votre attention sur votre respiration. C’est un exercice que vous pouvez faire plusieurs fois par jour durant vos activités quotidiennes. Lorsque vous vivez du stress et que vous vous sentez envahi par votre ou vos hamsters – certains sont envahis par toute une population de ces petites bêtes! –, retirez-vous dans un endroit calme et prenez le temps de respirer profondément, en portant votre attention sur votre respiration. Une fois calmé, vous serez dans une meilleure disposition pour mieux déterminer ce qui vous menace et cheminer vers des pistes de solution. J’aime parler d’une « danse de l’attention ».

 

8. Une danse en trois temps pour apprivoiser le stress?

Ce n’est pas un exercice facile à faire, mais je vous assure que vous pouvez y arriver si vous vous entraînez mentalement à être pleinement dans le présent. Cette danse de l’attention permet un mouvement entre l’inventaire des pistes d’action possibles, le passage à l’action et, en dernier lieu, le lâcher-prise si les actions ne fonctionnent pas. Il faut se dire que, pour le moment, on ne peut pas changer la situation. Attention : lâcher prise ne veut pas dire abandonner. Ça veut plutôt dire que, malgré les actions entreprises, je ne peux rien changer. Je reviens dans le présent et je cesse d’être à l’écoute du hamster. Cette méthode n’est pas magique et ne va pas tout régler instantanément. Mais je peux vous dire qu’elle vous aidera à cheminer vers le meilleur de vous-même!

Isabelle Éthier

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.

isa.ethier4@gmail.com

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.