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Des volailles et des fraises avec pas d’carbone!

Côté Fraises utilise le chauffage à la biomasse installé en 2013 pour les poulaillers pour chauffer une serre qui compte 5000  fraisiers, en production de novembre à juillet.

Guillaume  Côté entrouvre le volet de la chambre de combustion  : derrière l’épaisse fenêtre, ça rougeoie! La température atteint 505 °C, des degrés pour élever poulets et dindons et cultiver des fraises à contre-saison.

Dans l’entrepôt attenant, une courroie alimente la fournaise de résidus forestiers reçus par camion aux 10  jours. La chaleur dégagée chauffe de l’eau jusqu’à 75  °C avant qu’elle ne soit propulsée dans un vaste système de tuyauterie et d’aérothermes qui diffusent la chaleur dans les poulaillers et une serre jumelée, après quoi l’eau, délestée d’environ 5 à 10  degrés, revient à la chaudière pour emmagasiner d’autres kilojoules. À l’extérieur du dôme, une cheminée crache de la fumée, mais pas de quoi appeler les pompiers  : le bois, issu de la photosynthèse, a emmagasiné du carbone qui, relâché dans l’atmosphère par la combustion, accélère un cycle propre à la biomasse, à l’inverse de la linéarité de la combustion des énergies fossiles.

Voilà le cycle de la chaufferie que fait fonctionner depuis 2013 un aviculteur dont la vie est rythmée par d’autres cycles  : production de sept lots de poulets (un million de kilogrammes) et de neuf lots de dindons (750  000  kg) par année et de fraises (début novembre à début juillet) «  qui goûtent toujours l’été  », mentionne la conjointe de Guillaume, Miriam  Fredette. Les 5000  fraisiers à jours neutres (cultivars de fraisiers à production continue) ne sont pas gourmands en calories  : on chauffe les 500  m2 à 21  °C le jour, 10  °C la nuit. À l’extérieur, un longiligne réservoir de propane offre un plan  B quand il faut dépoussiérer le brûleur de biomasse l’été venu, saison durant laquelle poussins et dindonneaux nécessitent quand même 32-33  °C au démarrage!

Chose certaine, le projet horticole n’aurait pas pu se payer un tel système. C’est le projet avicole qui lui fournit l’énergie. Ce modèle avicole-horticole pourrait-il être répliqué par des fermes réunies qui se doteraient, à moindre coût, d’une centrale énergétique? L’aviculteur calcule un rendement du capital investi sur 15  ans, tributaire des subventions obtenues de Transition Énergétique Québec pour rembourser 33  % du coût des installations initiales et 70  % des équipements de la serre. Mais déjà, il doit réinvestir pour remplacer des équipements…

Ayant deux  sites chauffés différemment, Guillaume Côté peut comparer la rentabilité du propane par rapport à celle de la biomasse. «  On économise 1,5  cent du kilo produit, estime l’éleveur. Les autres bienfaits – litière sèche, uniformité de la chaleur, absence d’ammoniac et de gaz carbonique dans l’air – sont contrebalancés par le besoin de manutention de la biomasse.  » Même les cendres participent au bilan positif en fertilisant les champs de leurs calcium, potassium et phosphore… mais avec pas d’carbone! 

Photo : Patrick Roger

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.