Gouvernance inclusive : Les coopératives sont un terreau fertile

À l’ère où les indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) aident les entreprises à mieux comprendre leur impact sur l’environnement et la société, l’inclusivité est rendue essentielle.

Inclusivité ou inclusion?

Selon l’Office québécois de la langue française, l’inclusivité vise à ce que toutes les personnes sans distinction reçoivent un traitement adapté à leurs besoins et capacités, alors que l’inclusion est l’action de mettre en place des mesures visant l’inclusivité.

L’inclusivité se vit et se constate dans l’environnement de travail des entreprises et chaque milieu est empreint d’une culture et de valeurs distinctes. Puisque le chemin vers une culture inclusive peut varier d’une entreprise à l’autre, il existe différentes méthodes pour y arriver. Hubert Makwanda, M. Éd., CRHA, président et fondateur de Concilium Capital Humain, une entreprise d’accompagnement en développement organisationnel, propose un cheminement en quatre étapes : constater, comprendre, décider et s’engager.

Constater : identifier la culture ancrée, soit celle qui est bien installée, voire enracinée. C’est le moment de se demander quels sont les pratiques et les comportements que nous souhaitons maintenir contre ceux qui pourraient faire obstacle à l’inclusion.

Comprendre : analyser les actions potentielles à mettre en place pour tendre vers une culture plus inclusive. Celle-ci peut même aller jusqu’à repenser ou à enlever certains privilèges et avantages qui sont en place depuis un certain temps.

Décider : changer de logique et prendre des décisions en ne disant plus « c’est ceci ou cela », mais désormais « c’est ceci et cela ». Ce changement permettra d’adopter une nouvelle vision et de nouvelles orientations stratégiques.

S’engager : miser sur une ou deux actions concrètes à implanter, afin d’éviter un plan trop ambitieux qui risque de finir sur les tablettes. Ce sera l’étape la plus longue, mais la plus porteuse.

Un milieu propice

Les coopératives sont un terreau fertile pour y greffer davantage d’inclusion. Étant des entreprises dirigées et gérées par leurs membres, elles sont axées sur la responsabilité sociale et adhèrent à des valeurs coopératives internationalement reconnues comme l’équité, l’égalité, la démocratie, la responsabilité, l’honnêteté et la solidarité. Enracinées dans leurs communautés, les coopératives doivent ainsi refléter, le plus possible, la réalité de ces communautés. Ce sujet a d’ailleurs été le thème d’un congrès international tenu par l’Alliance coopérative internationale (ACI) en 2021 : « Comment pouvons-nous nous assurer que nos coopératives sont inclusives? » À cette question, les experts étaient unanimes : les efforts doivent être continus, car si les coopératives ne créent pas un espace flexible et diversifié, elles passeront à côté de talents précieux, excluront des personnes qualifiées et affecteront leur capacité d’innovation.

Selon les recherches du Diversity Institute de la Toronto Metropolitan University, les entreprises qui valorisent l’inclusivité ont « deux fois plus de chances d’atteindre ou même de dépasser leurs objectifs financiers et huit fois plus de chances d’obtenir de meilleurs résultats commerciaux ». Elles représentent mieux les intérêts de leurs communautés et de leurs membres et elles favorisent davantage de perspectives nouvelles et innovantes. Elles bénéficient également d’une meilleure connaissance du marché et des enjeux, ce qui renforce leur compétitivité. Enfin, en favorisant une culture inclusive, les entreprises améliorent leur réputation et renforcent leur gouvernance.

Saviez-vous qu’il est souhaitable d’avoir au moins 30 % de femmes autour de la table pour parler de diversité? En dessous de ce seuil, les femmes prendraient moins la parole et seraient généralement moins écoutées.

Pionnier dans son secteur

Sollio Groupe Coopératif s’est doté de son premier plan d’action pour une représentation équitable des femmes dans la gouvernance du réseau en 2005. Celui-ci avait pour objectif de sensibiliser les membres des conseils d’administration du réseau à l’importance de la diversité au sein des instances. Ce plan, qui aura bientôt 20 ans d’existence et qui a évolué au fil des ans, connaît plusieurs réussites. Nous observons notamment une progression douce et constante du nombre d’administratrices au sein des instances. En 2020, soucieux de faire un pas de plus, Sollio Groupe Coopératif s’est doté d’une cible à atteindre, d’ici 2025, de 30 % de femmes à son conseil d’administration et dans les délégations de ses coopératives affiliées à son assemblée générale annuelle.

Des initiatives ont également été mises en place au niveau du personnel et de la structure organisationnelle. En effet, un plan d’action pour améliorer la représentation des groupes marginalisés et confrontés à des obstacles en matière d’emploi a vu le jour. Il vise à promouvoir les femmes dans les postes de gestion, à atteindre une représentativité des minorités visibles et ethniques et à répondre aux besoins des communautés autochtones, en situation de handicap et 2ELGBTQI+. Sollio Groupe Coopératif tend vers une culture inclusive, notamment en sensibilisant les leaders et parties prenantes et en révisant les politiques et processus existants.

Le chemin vers une gouvernance inclusive est propre à chaque entreprise et l’idée n’est pas de tout changer d’un coup, mais de créer un espace flexible et diversifié pour tendre vers une inclusivité harmonieuse. Michel Marengo, diplômé en psychologie, en éducation et en administration, coopérateur engagé, parlait d’un humanisme coopératif, soit un milieu de vie où chaque individu peut s’épanouir parce qu’il a accès aux ressources nécessaires pour satisfaire ses besoins et contribuer à construire une société plus juste et équitable. Le coopératisme est assurément un terreau fertile pour y arriver!

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