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Aux racines de la Ferme Val-Bisson

À travers plus de cinq reportages, le Coopérateur a eu la chance de voir la Ferme Val-Bisson grandir et se transformer, de 1975 à 2020.

Les moments, fixés par quelques pages dans le temps, font redécouvrir le chemin parcouru, mais, surtout, réaliser que la vision fondatrice perdure et tourne autour de trois grands axes fondamentaux : la curiosité, la réflexion et la formation. 

La curiosité, source d’innovation 

Dès les débuts de la ferme, dans les années 1950, Gilles Bissonnette a fait jaser le voisinage en choisissant d’emprunter de l’argent pour drainer ses terres de Saint-Polycarpe et semer de la luzerne. C’était mal vu, à l’époque, de devoir de l’argent! Pourtant, chaque année, le drainage s’est largement payé et a donné raison au fondateur de la ferme.  

« Ils étaient bons, mes parents, souffle Jean Bissonnette, fils de Gilles, administrateur chez Sollio Groupe Coopératif et premier vice-président d’Uniag Coopérative. Mon père se tenait proche des agronomes du MAPAQ, qui étaient les sources de connaissance à l’époque. » Il était également lecteur et aimait parcourir les revues américaines. C’est dans celles-ci qu’il a tiré l’idée d’un cadran de gestion, qui n’existait pas encore au Québec. Pour créer le sien, peut-être le premier de la province, Gilles Bissonnette a percé chaque trou, trouvé des rondelles et reproduit ce qu’il avait vu.  

Cette volonté d’innovation, associée à une constante remise en question et à une insatiable curiosité, continue d’inspirer les propriétaires actuels de la ferme, Jean Bissonnette et Elyse Gendron. Pour eux, pas question de se satisfaire du statu quo, puisqu’il y a toujours quelque chose à améliorer.  

La réflexion – et le droit de changer d’idées 

Les projets et les idées sont constamment brassés à la Ferme Val-Bisson. Dans le Coopérateur de 2009, Jean affirme : « Ça nous prend des experts-conseils pour nous stimuler et nous faire rêver. » Et encore aujourd’hui, il ajoute : « L’avant-gardisme, c’est d’être allumé à ce qui se passe autour. Les intervenants, comme le vétérinaire ou les experts-conseils, ils savent qu’on aime être poussés et qu’ils doivent nous amener des idées différentes. »  

Si certaines idées sont immédiatement adoptées, d’autres sont mises de côté. Ce qui ne veut pas dire que, quelques mois ou années plus tard, elles ne seront pas remises au goût du jour. « Et ce n’est pas parce qu’une chose n’a pas marché qu’on ne la réessaiera pas, précise Jean. On n’a pas d’orgueil là-dessus! Je pense entre autres au seigle d’automne, testé au début des années 2000, qui n’avait pas donné les résultats qu’on attendait à des fins alimentaires. Pourtant, depuis trois ans, on a recommencé et on a de très bons résultats. Pour le côté vert et l’occupation du sol, c’est merveilleux. On ne le fait donc plus pour les mêmes raisons. »  

La formation, pour s’ouvrir sur le monde 

Cette flexibilité sur les méthodes de travail et les modes de pensée s’articule autour d’une pensée critique nourrie par de la formation continue. La connaissance, comme l’affirme Elyse, n’est pas une chose finie. « On doit toujours se questionner sur de nouvelles techniques, pour voir si elles sont applicables ou non. » Or, pour les choisir, il faut savoir qu’elles existent!  

L’importance de la formation est d’ailleurs évidente dès 1975. Gilles Bissonnette estimait que c’est en partie grâce à sa formation spécialisée en agriculture qu’il a pu comprendre l’intérêt des nouvelles méthodes de production et les appliquer. La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre, puisque Jean ajoute : « La formation permet de tirer toutes les personnes vers le haut et de s’ouvrir sur le monde. Je n’ai jamais vu une personne qui a suivi une formation qui l’a tirée vers le bas. »  

Formations, webinaires et réseaux de contacts sont constamment mis à contribution par les deux producteurs (chez Sollio Groupe Coopératif et chez Uniag Coopérative pour Jean, et au CRAAQ ou chez Holstein Canada pour Elyse). Rien n’est plus ressourçant, disent-ils, que de discuter avec les administrateurs de ces organisations, qui sont tous de bons gestionnaires de fermes avant-gardistes.  

Une vision qui porte fruit 

Le désir d’amélioration constante a motivé les changements à la Ferme Val-Bisson et l’a conduite sur le chemin de la productivité. Les chiffres sont d’ailleurs éloquents : en 1975, elle comptait 62 vaches en lactation pour une production d’environ 6800 kg par vache; en 2020, elle était passée à 65 vaches en lactation, mais à 13 000 kg de moyenne! Comment la ferme est-elle passée du simple au double?  

« L’approche est toujours un peu la même, affirme Elyse. On doit toujours se questionner sur le prochain facteur limitant, soit celui qu’on maîtrise le moins et qui va diriger la performance finale. » Pour penser productivité, il faut donc s’améliorer sur tous les fronts : la génétique, la qualité des fourrages et de l’alimentation, la gestion et le bâtiment. Tout doit bien fonctionner pour obtenir de bons résultats et, surtout, être rentable, précise la productrice. 

Parmi les possibles facteurs limitants se trouve la génétique, déjà mentionnée dans l’article de 1989. « Segmentation de troupeau, travail avec les meilleures et leur multiplication, transfert d’embryons : c’est comme ça qu’on a travaillé et obtenu des succès », ajoute Jean. La méthode s’est transformée au cours des 30 dernières années. Maintenant, les vaches qui ont moins de mérite génétique sont reproduites avec des taureaux de boucherie.  

L’analyse et la comparaison font également depuis longtemps partie des stratégies des deux producteurs, qui ont créé, au début des années 2000, une base de données maison pour intégrer des informations de sources variées et générer des listes. Les systèmes informatiques de leurs partenaires se sont ensuite graduellement glissés dans leur trousse à outils, entre autres avec AgConnexion et Lactascan, qu’« on adore! », affirme Jean. 

Aujourd’hui, la Ferme Val-Bisson se classe parmi les exploitations les plus performantes de Sollio Agriculture pour la performance laitière. Lorsqu’on leur demande où se trouve le prochain facteur limitant, Elyse et Jean mentionnent des améliorations concernant les vaches taries, dont la ventilation, la diminution du stress et l’amélioration du niveau d’exercice. Est-ce qu’on touchera aux bâtiments? « On agrandit par l’“intérieur des murs” depuis plusieurs années », répond Elyse. Donc, ce n’est pas au programme, mais qui sait… Avec leur regard toujours tourné vers l’amélioration, l’avenir reste à écrire!

 


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Crédit photo : Pierre Cadoret

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Stéphanie McDuff

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires. 

Stephanie.McDuff@sollio.coop

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires.