Il y aura un avant et un après 2022. Le contexte social et économique dans lequel nous sommes actuellement avec la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine nous permet de le dire sans nous tromper.
Force est d’avouer que nous étions, au cours des années antérieures, dans une situation plus favorable pour la production laitière. On pense, entre autres, à toutes les journées additionnelles reçues et aux dons de quota négociable dans une période où les taux d’intérêt étaient bas et le coût des intrants, autant du côté de l’alimentation que dans les champs, était, disons-le, à un niveau normal ou acceptable.
Ces mêmes années, nous avons été témoins d’une vague historique de projets de construction, d’agrandissement ou d’aménagement pour améliorer le confort. Beaucoup de budgets et de scénarios ont été élaborés pour concrétiser de très beaux projets. Parfois avec un financement serré, parfois avec une très bonne marge de manœuvre.
Mais qui aurait pu prédire la hausse des taux d’intérêt et des coûts d’approvisionnement dans un si court laps de temps? Le résultat : la pression énorme sur les liquidités nous amène à chercher des solutions. Que faut-il faire, mais aussi, ne pas faire?
Des chercheurs de l’Université Cornell ont publié en avril 2020 une version révisée d’un article à ce sujet qui comprend des recommandations pour les fermes laitières qui font face à des difficultés financières. Ce qui attire l’attention, c’est leur liste de 11 choses à ne pas faire. Je vous résume ici ces points importants qui sont très sensés et qui méritent qu’on s’y attarde.
11 choses à ne pas faire
- Prendre des décisions qui vont causer des problèmes bien pires dans les semaines, les mois ou les années à venir. Parfois, couper dans les dépenses ou économiser de l’argent peut coûter cher.
- Continuer de faire comme on fait, parce qu’on a toujours fait ça comme ça! Il ne faut pas hésiter à se questionner et à remettre en question nos façons de faire, que ce soit dans la régie, l’alimentation, la routine de travail, la gestion de la reproduction, etc.
- Négliger les tâches comptables par manque de temps. Lorsque le budget est serré, la rigueur dans le suivi de la comptabilité est de mise. Ça va de soi.
- Utiliser les aliments produits à la ferme trop rapidement sans plan de match de remplacement. Ainsi, si on a un excellent ensilage en balle ou une bonne récolte de grains, par exemple, on peut l’étirer pendant l’année en utilisant une quantité moindre plutôt que de l’utiliser à plein régime à court terme et ensuite dépendre des achats au prix courant.
- Réduire les achats d’aliments pour économiser de l’argent. Il pourrait être tentant de couper dans l’alimentation pour économiser de l’argent, mais quel sera l’impact sur la production, la santé, la reproduction, etc.? Il faut toujours garder en tête que l’argent net à la fin de la journée sera toujours le revenu moins les dépenses. Même avec des dépenses moindres, ce montant pourrait être affecté très négativement en raison d’une baisse plus importante des revenus. Il faut générer des kilos de gras à la meilleure marge possible, et ces kilos multipliés par la marge seront le résultat financier de la journée. Une bonne marge avec moins de kilos livrés peut être pire qu’une marge moindre multipliée par plus de kilos livrés. Eh oui, on vise tous à livrer tous les kilos à la meilleure marge, mais dans le contexte de chaque ferme, quels chiffres sont réalistes?
- Acheter des produits miracles qui règlent tous les problèmes! Assurez-vous d’avoir des données de recherche et des attentes réalistes.
- Faire des achats ou des investissements pour éviter de payer de l’impôt ou parce que c’est une aubaine.
- Emprunter de l’argent qui n’aura pas d’impact sur les revenus pour permettre le remboursement du prêt. En d’autres mots, on investit ou on dépense?
- Négliger les détails. Nettoyage et maintenance des équipements, gestion et communication des tâches, détection des chaleurs, etc.
- Abuser de l’alcool et des drogues. La situation n’irait qu’en empirant.
- Supposer qu’une stratégie qui fonctionne pour une ferme va fonctionner chez vous.
Il y a des points très pertinents et importants dans leur mise en garde. Prendre du recul et anticiper l’impact de nos décisions est très important.
Depuis les derniers mois, avec l’augmentation du prix du lait et des coûts d’alimentation, êtes-vous en mesure de bien mesurer vos performances technico-économiques? Il faut trouver les planches les plus basses du baril et, pour ce, votre rapport Lactascan à jour est vraiment un outil à privilégier qui vous en dit beaucoup. Il faut faire attention aux dépenses, mais aussi essayer de générer les revenus potentiels tout en maintenant la santé du troupeau et la reproduction. Bref, souvenez-vous des choses à faire et à ne pas faire!
Référence : Wayne A. Knoblauch et Jason Karszes (2020). Do’s and Don’ts for Dairy Farmers When Facing Financial Difficulty, Cornell University, bit.ly/dos-and-donts_pdf
Photo d'en-tête : iStock.com | Geber86