Yvette B. Bernier, de Saint-Adelme, dans la MRC de La Matanie (Bas-Saint-Laurent), vient de se procurer un tracteur chez Machinerie New Holland Amqui, propriété de La Coop Purdel. Rien d’extraordinaire là-dedans – mais à 91 ans, cela fait sûrement d’elle l’une des propriétaires de tracteur les plus âgées du Québec!
Le Coopérateur a rencontré Yvette Bernier, une véritable force de la nature, une femme très lucide et qui sait ce qu’elle veut. « C’est elle qui négocie les prix et elle va droit au but », dit Pascal Caouette, qui la compte comme cliente depuis une quinzaine d’années. « Et quand elle n’est pas satisfaite, on le sait rapidement! »
« J’avais besoin d’un tracteur pour ouvrir ma cour et celle de mon fils, et pour réaliser nos travaux extérieurs », explique cette coopératrice dans l’âme, qui est toujours très active. « À 86 ans, je faisais encore la traite des vaches. J’ai travaillé à la ferme pendant plus de 50 ans. Au début, la traite se faisait à la main. Mon mari, Robert, est décédé il y a 57 ans. Je me suis dit qu’il fallait qu’on se retrousse les manches et qu’on fonce pour continuer. Mon fils Bruno avait 16 ans et était encore aux études. Je ne l’ai pas forcé, mais il m’a dit qu’il voulait prendre la relève de son père avec moi. Il m’a dit qu’il avait vu comment nous avions travaillé dur pour développer l’entreprise, et qu’il n’était pas question d’avoir tout fait ça pour rien. Nous avons toujours travaillé ensemble par la suite. »
La modernisation de l’entreprise s’est accélérée après le décès du conjoint d’Yvette Bernier. « Nous avons commencé à livrer du lait à l’année et nous nous sommes rapidement tournés vers l’insémination artificielle, raconte-t-elle. Mon mari avait failli se faire tuer par le taureau, alors nous ne voulions plus avoir de taureau. C’est moi qui choisissais les taureaux pour l’insémination. »
Une femme de caractère
« Il fallait du caractère pour ne pas se laisser influencer, déclare Yvette Bernier. Je savais ce que je voulais et je tenais mon bout. Quand nous avons fait notre fosse à fumier, je voulais que les formes soient faites en deux-par-six, et le gars voulait prendre des deux-par-quatre. J’ai tenu mon bout, parce que je voulais que ce soit plus solide. » Elle s’y connaît en construction : « J’ai presque construit toute seule la maison de mon fils. J’ai même fait les truss [fermes de toit]. J’ai refait la laiterie moi-même. »
Yvette Bernier est toujours copropriétaire de la Ferme Yvette et Bruno Bernier, même si cette exploitation laitière a cessé ses activités il y a quatre ans. Depuis ce temps, tant l’étable que les champs sont loués.
Outre la machinerie, Yvette Bernier se procure à sa coopérative carburants, semences et produits de quincaillerie. La Coop Purdel est une entreprise de proximité au service de ses producteurs et qui a de bonnes valeurs, dit-elle.
À une époque, faire sa place en agriculture – un monde alors dominé par les hommes – n’était pas toujours facile, souligne Yvette Bernier en toute connaissance de cause. « Il ne faut pas hésiter à prendre sa place et à se faire respecter », conseille-t-elle aux jeunes femmes de la relève.
Engagée dans sa communauté
En plus de s’être occupée de ses cinq enfants et de son entreprise laitière, Yvette Bernier a toujours été très impliquée dans sa communauté. Elle a été mairesse de Saint-Adelme pendant 6 ans et conseillère municipale pendant 10 ans. « J’ai aussi été dans la chorale et présidente des festivités du 50e anniversaire de la paroisse », indique-t-elle.
Yvette Bernier a joué au ballon-balai et a entraîné les plus jeunes. Elle a aussi remporté plusieurs compétitions de souque à la corde. « J’ai fait tout ça en m’occupant de la maison, de la ferme, du lavage et de la couture. Aujourd’hui, les femmes disent qu’elles font le lavage, mais c’est la machine qui lave. C’est le fait de rester occupée qui me garde en santé. » Elle entend d’ailleurs rester active encore longtemps. « Tant que je vais être capable, tant que la santé sera bonne. »