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Destination : Texas

Photo : Les trois générations de la famille Kirkland. 

Il est peut-être difficile de comparer nos modes et nos coûts de production à ceux des États-Unis, mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’inspirer de leurs méthodes. Du 2 au 8 mars 2020, j’ai eu la chance de participer à un voyage éducatif dans l’État du Texas organisé par Merck Santé animale. Ce voyage s’adressait aux producteurs de bœufs du Québec ainsi qu’aux intervenants du milieu. Il nous a permis de découvrir l’agriculture d’une région bien précise du Texas : le Panhandle.

Pourquoi le Panhandle?

Cette région inclut les 26 comtés les plus septentrionaux et représente environ 10 % de la superficie de l’État. Le Texas est connu pour être un État agricole, mais en réalité, l’agriculture est très concentrée dans cette région. En effet, 90 % de la production de bouvillons d’abattage, 94 % de la production porcine et 52 % de la production laitière de l’État se concentre dans le Panhandle. Cette région a une capacité de 2,2 millions de bouvillons en stock, pour une production annuelle de 5 millions de têtes. La production laitière, quant à elle, est en plein essor. Dans les 20 dernières années, on a dénombré 250 000 vaches de plus dans la région. Maintenant, vous comprenez mieux pourquoi nous avons concentré nos visites dans cette partie du Texas!

Lors de notre séjour, il a été possible de visiter le centre de recherche en agriculture de l’Université West Texas, des parcs d’engraissement ayant des capacités de 25 000 à 50 000 têtes en stock, et une ferme laitière. Je me suis concentrée sur deux entreprises, pour vous les présenter davantage.

Kirkland Feedyard

Située dans la ville de Vega, dans le comté d’Oldham, Kirkland Feedyard est l’une des rares entreprises familiales de bouvillons d’abattage (au Texas, la majorité des parcs d’engraissement sont intégrés par un abattoir). Ce sont ni plus ni moins que trois générations en même temps qui exploitent l’entreprise avec fierté. Même si Robby Kirkland et sa femme, Amy, sont maintenant les décideurs, les parents de Robby (Perry et Melanie Kirkland) ainsi que ses trois enfants (Calleigh, Carson et Cydney) sont très impliqués dans la ferme.

À ses débuts, en 1983, le parc comptait 600 têtes. En 2018, la capacité était passée à 20 000 bouvillons, et maintenant, on en dénombre 25 000. Sur ce nombre, 5 % sont propriété de l’entreprise, et le reste est constitué de bouvillons produits à forfait provenant de 13 autres États (Floride, Oklahoma et Nebraska, principalement). Quand on leur demande s’ils ont l’intention d’agrandir encore leur exploitation dans les prochaines années, les Kirkland nous répondent que ce n’est pas dans leurs plans. En fait, leur limitation se situe au niveau de leur meunerie. Celle-ci, qui permet d’effectuer le floconnage du maïs, a déjà atteint 100 % de sa capacité avec leur stock actuel d’animaux. Une expansion nécessiterait obligatoirement un agrandissement important de la meunerie, et ils ne désirent pas faire cet investissement à court ou moyen terme.

Pour nourrir les animaux, 10 000 acres de terres sont nécessaires. Cependant, les cultures de Kirkland Feedyard se résument au maïs-ensilage et au foin. Le maïs-grain est acheté, principalement dans le nord du Panhandle. Étant donné le climat plutôt aride de la région, les précipitations sont très faibles (moins de 17 po d’eau par année). Pour assurer de bons rendements, les propriétaires irriguent leurs champs en culture. 

Pour la vente des bouvillons, de nombreux producteurs de différents États du sud des États-Unis se sont regroupés pour former une coopérative. Celle-ci leur permet d’offrir un volume plus important de bouvillons aux abattoirs, dans le but d’obtenir de meilleurs prix. Pas moins de 500 000 bêtes par année sont négociées par l’entremise de cette coopérative. Le modèle de vente est très différent de celui du Québec. Environ 75 % des bouvillons sont vendus sur le marché vivant, et le reste sur le marché carcasse. Les ventes de bouvillons par cette coopérative sont toujours effectuées au prix de la semaine, et aucun contrat n’est signé. 

La présence de Kirkland Feedyard sur les réseaux sociaux est très active. Il est donc possible de suivre l’entreprise via Facebook et même de contacter ses propriétaires à partir de leur site Internet.

cnossen

Photo : Cord, Evie, Jim et Ellie de la famille Cnossen. 

Cnossen Dairy

Il n’a fallu se déplacer que de 30 milles au sud de Kirkland Feedyard pour découvrir une seconde entreprise familiale d’envergure. Cnossen Dairy est une ferme laitière située à Hereford, toujours dans le comté d’Oldham. Le propriétaire, Jim Cnossen, vient d’une famille de producteurs laitiers de génération en génération. Originaires des Pays-Bas, les parents de Jim sont venus s’installer aux États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale. 

Au début des années 1970, son père loue une ferme laitière en Caroline du Sud. Puis, la famille déménage en Idaho. C’est à cet endroit que Jim, son frère et leur père commencent à exploiter l’entreprise en famille. En 2005, la famille s’installe définitivement au Texas, où Jim devient l’unique propriétaire de l’entreprise qu’il commence à bâtir : Cnossen Dairy. Il peut aussi compter sur sa femme, Ellie, qui s’occupe de la santé du troupeau et du stock de veaux, et sur ses deux enfants, Cord et Evie.

Cnossen Dairy compte maintenant 24 000 têtes, dont 12 000 vaches en lactation. Le troupeau est composé de Holstein et de Jersey soigneusement séparées les unes des autres. Les vaches de race Holstein passeront deux fois par jour aux salons de traite. Celles de race Jersey iront plutôt au carrousel de traite, pour une moyenne de trois passages par jour. L’entreprise possède deux salons de traites. Le premier compte 120 places (2 x 60). Le second, de 30 places (2 x 15), est réservé aux vaches malades ou venant de vêler. Le carrousel de traite, quant à lui, compte 109 places.  

Aux salons de traite, le lait est entreposé dans des citernes pendant une courte durée avant d’être chargé dans des camions, tandis qu’au carrousel il passe par un refroidisseur pour être directement acheminé aux camions. C’est un total de 600 000 litres de lait qui sort de l’entreprise chaque jour et qui est vendu à une coopérative. 

Cnossen Dairy possède 12 000 acres de terre, dont 7 000 sont nécessaires uniquement pour garder les vaches. Les enclos des vaches sont tous munis d’aires de couchage à l’ombre sur litière de fumier composté. Ces enclos sont séparés par des allées bétonnées servant d’aires d’alimentation, où les vaches bénéficient d’un espace à la mangeoire de deux pieds chacune. L’exploitation dispose également d’un enclos d’une capacité de 600 bêtes spécialement aménagé pour l’insémination artificielle. 

Le portrait de ces deux entreprises est assez représentatif de l’agriculture du Panhandle. Beaucoup de grosses entreprises sont exploitées dans cette région, et c’est ce qui en fait l’endroit du monde où il y a le plus de bouvillons par kilomètre carré. Nous avons été impressionnés par l’efficacité des exploitations ainsi que par la générosité, la passion et la fierté de nos hôtes. Ces derniers travaillent fort pour redonner ses lettres de noblesse à l’agriculture et, par le fait même, dénoncer les fausses informations qui circulent. Ce sont des entreprises connectées, qui utilisent la technologie pour faire passer leur message : l’agriculture est un domaine essentiel, qui a à cœur le respect de la nature et des animaux. 

On ne peut probablement pas se comparer à ces types d’entreprises, mais on peut très certainement s’inspirer des gens qui les exploitent.

Des souvenirs inoubliables d’un voyage mémorable!

Jessica Guay-Jolicoeur

QUI EST JESSICA GUAY-JOLICOEUR
Agronome, Jessica travaille comme experte-conseil en production bovine dans le regroupement Opti Boeuf S.E.N.C.

jessica.guay-jolicoeur@sollio.ag
optiboeuf.coop

 

jessica.guay-jolicoeur@sollio.ag

QUI EST JESSICA GUAY-JOLICOEUR
Agronome, Jessica travaille comme experte-conseil en production bovine dans le regroupement Opti Boeuf S.E.N.C.

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