Rapport annuel FAC : La marmotte s’invite dans le portrait des valeurs de la terre

L’an dernier, l’économiste en chef de Financement agricole Canada, Jean-Philippe Gervais, était surpris de la vigueur de la hausse du prix des terres dans un climat d’incertitude d’exportation et de baisse des revenus agricoles.
Son rapport pour 2024 ne présente pas les mêmes conclusions, certes, mais la tendance lourde se maintient. L’offre demeure timide, les revenus sont en baisse et le prix continue d’augmenter.
La moyenne nationale de l’indice se situe à 9,3 % d’augmentation pour la dernière année. Une diminution par rapport à 2023 (11,5 %). Le Québec a connu une hausse de 7,7 %. Une bonne nouvelle dans le contexte d’une diminution des revenus agricoles de plus de 16 % en 2024. La région des Laurentides-Lanaudière a vu ses terres augmenter de 14,8 % pour atteindre un prix moyen de 22 500 $/acre tout juste devant la région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie avec une hausse de 14,1 % et un prix moyen de 5800 $/acre.
Les régions de Chaudière-Appalaches, avec 14,0 %, et l’Estrie, 11,9 %, arrivent respectivement en troisième et quatrième places. Le coût d’un acre diffère cependant de façon importante avec des valeurs respectives de 9700$ et 8200 $. La Montérégie, avec une hausse de seulement 3,2 %, comporte les terres avec la valeur la plus élevée à l’acre, 22 800 $.
Jean-Philippe Gervais débutait la rencontre de presse de 2025 avec une mise au point. « Je veux parler de la méthodologie qui nous amène aux chiffres que nous vous présentons. Nous faisons usage des valeurs repères des terres qui représentent l’ensemble du marché des terres agricoles, dans chaque province et dans chaque région. Nous nous assurons d’avoir une vision large du marché. Ce ne sont pas seulement les données de FAC, mais bien de 80 % à 90 % des transactions. Nous ne pouvons avoir toutes les transactions », explique l’économiste.
Le constat que l’équipe de FAC fait de la situation est que la hausse soutenue du prix des terres s’explique par un engouement des acheteurs malgré les défis que représente la baisse des revenus agricoles. La demande pour des terres agricoles demeure robuste. Selon Jean-Philippe Gervais, la baisse du taux d’intérêt n’a pas joué un rôle majeur dans ce maintien de la demande. « Je ne pense pas que ç’a eu un grand impact étant donné le rythme de diminution. Je crois que la faible offre dans certaines régions du Québec a joué un plus grand rôle dans le maintien de la hausse. Dans un contexte de peu d’offres, ça ne prend pas un grand nombre d’acheteurs pour avoir un impact significatif sur l’offre. »
Jean-Philippe Gervais admet que les terres agricoles n’ont jamais été aussi peu abordables qu’actuellement. Avec l’offre limitée, il s’attend à un ralentissement, mais pas à une correction majeure. Selon lui, la productivité, l’innovation et l’implication de tous les secteurs dans le développement des marchés sont les meilleures avenues pour affronter les années futures dans un secteur qu’il estime toujours porteur pour l’avenir.
Photo : Christophe Champion