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Groupe Export : Plaque tournante de l’exportation agroalimentaire québécoise

Les 400 entreprises membres du Groupe Export agroalimentaire sont diversifiées, innovatrices et animées d’un dynamisme contagieux. Les entrepreneurs qui les dirigent constituent une véritable communauté d’entraide dédiée à faire vivre et rayonner le Québec à travers le monde.

Dans la foulée de la rencontre annuelle des Partenaires de la Politique bioalimentaire du Québec, le 26 mai dernier, le Coopérateur s’est entretenu avec Martin Lavoie et Simon Baillargeon, respectivement président-directeur général et président du conseil d’administration du Groupe.

Coopérateur : Quelle est la mission du Groupe Export?

Martin Lavoie : C’est l’association des exportateurs du secteur bioalimentaire québécois. Nous offrons des services et des conseils qui aident les entreprises à acheminer leurs produits à l’extérieur du Québec. Nous travaillons sur le développement de marchés. Nous organisons les espaces et les kiosques des membres dans différents salons à travers le monde, le tout dans un concept clé en main. Nous fournissons un service de transport qui consiste en la plateforme Novia pour l’expédition de petits colis et des consolidations pour nos salons commerciaux. Nous orchestrons des missions commerciales et accueillons des délégations d’acheteurs de différents pays que nous mettons en relation avec nos membres. Nous offrons également un service de révision des étiquettes de produits, notamment en matière de réglementation et de valeurs nutritives, de même que du soutien financier aux entreprises pour l’exportation grâce aux fonds que nous octroient les gouvernements fédéral et provincial. Nous sommes la plus importante association d’exportateurs de produits agroalimentaires au Canada.

Simon Baillargeon : Notre organisation, qui compte une vingtaine d’employés, est hautement crédible et reconnue dans l’industrie et auprès des gouvernements. Le conseil d’administration est composé de 12 membres exportateurs et de 3 membres aux services à l’exportation unis dans le but d’exporter les produits du Québec. Toutes les activités du Groupe doivent répondre aux besoins des entreprises. Commodités, produits périssables, produits d’épicerie, nous adaptons nos façons de faire à chaque secteur.

Quels sont vos objectifs d’exportation?

ML : Nos objectifs quantitatifs sont liés à ceux de la Politique bioalimentaire du MAPAQ, c’est-à-dire 14 milliards $ d’exportation québécoise (hors Canada) pour 2025. Nous sommes actuellement à 11,4 milliards $. Nous étions à 8 milliards $ en 2018 lorsque la Politique a été lancée (2018-2025). Nous sommes convaincus de pouvoir contribuer à atteindre cet objectif.

De nombreuses entreprises québécoises du secteur agroalimentaire sont reconnues pour leurs innovations, particulièrement parmi les plus petites d’entre elles, dans des créneaux qu’on connaît moins ici, mais qui trouvent preneurs ailleurs, n’est-ce pas?

ML : Tout à fait! Il y en a qui dépendent de l’exportation. Les premiers pas en la matière se font souvent au Canada puis aux États-Unis. Il faut savoir qu’environ 60 % de toute la production bioalimentaire québécoise est exportée au Canada et dans le reste du monde, dont 69 % (en 2022) vers les États-Unis.

SB : Il faut le dire, ça prend du guts pour se lancer en affaires sur les marchés d'exportations, pour se développer en tant que propriétaire, pour trouver de nouveaux débouchés, faire vivre des employés, des familles.

Comment se positionne le Québec par rapport aux autres provinces canadiennes?

ML : Il existe une belle diversité en fonction des forces de chacune. En Colombie-Britannique, on mise sur les petits fruits, les produits maraîchers, les vins, entre autres. Dans les provinces de l’Ouest, ce sont davantage des produits de commodités, les grains notamment. Au Québec et en Ontario, on retrouve beaucoup plus de produits transformés. Dans les maritimes, ce sont surtout les produits de la mer. Le Québec a son empreinte toute particulière, ne serait-ce qu’avec les produits de l’érable, et les fruits et légumes. On a aussi de grands secteurs, comme le porc, bien sûr, qui représente 20 % de toutes les exportations québécoises et, ce qu’on ignore souvent, le chocolat! On développe aussi le secteur des pêches et des alcools. Celui des fromages, également, que l’on commence à positionner sur les marchés canadien et américain. Il y a beaucoup d’innovation. Toutes les entreprises sont, à leur façon, source d’inspiration.

On ne se lance pas sur les marchés d’exportation du jour au lendemain. Quels sont les principaux enjeux pour les entreprises, tant grandes que petites?

ML : L’entreprise doit d’abord savoir pourquoi elle veut exporter. Ce peut-être pour limiter les risques de ne dépendre que d’un seul marché. On l’a vu pendant la pandémie, les entreprises qui n’avaient pour marchés que le HRI (hôtellerie, restauration et institutions) ont vécu des moments difficiles. Il peut également y avoir un risque à n’être que sur le marché québécois. Les enjeux sont multiples. L’arrimage en est un. Si je veux augmenter ma capacité de production, j’aurai besoin de nouveaux clients. Il me faudra pour cela plus d’intrants, mais à quels coûts? Plus de main-d’œuvre, mais sera-t-elle disponible? Possiblement de nouvelles technologies, aussi. Avant, on investissait pour créer des emplois. Aujourd’hui, on investit en automatisation pour réduire les complications liées à la disponibilité de la main-d’œuvre. Au Québec, nous sommes rarement les champions du volume. On se démarque par une offre de produits distincte et innovante, axée sur la qualité et des caractéristiques nutritionnelles particulières pour une clientèle ciblée. Il n’est pas nécessaire de réinventer la roue. Prenons l’exemple du cola à l’érable. Ce produit trouve aussi preneurs ailleurs dans le monde. Dans le nord du Québec, la communauté inuite produit des champignons matsutake dont les Japonais sont friands. Et le concombre de mer est un produit qui se retrouve presque exclusivement sur les marchés extérieurs.

D’autres enjeux? 

ML : Les enjeux de logistiques sont importants. Les coûts de transports ont explosé. Vendre un conteneur d’ordinateurs personnels, ça s’amortie bien, comparativement à un conteneur de noix, par exemple. L’accès au marché, qui est la base du commerce international, peut changer du tout au tout. Le porc, les grains et les fertilisants, notamment, ont été mis à rude épreuve. L’impact géopolitique est plus significatif dans les produits de base.

Qu’en est-il des barrières non tarifaires, dans quelle mesure sont-elles des freins à l’exportation?

ML : Elles ont toujours existé. En général, le Canada est en bonne posture. C’est davantage un enjeu de produits de base : plantes, grains, fruits de mer, viandes… Les produits transformés ne représentent pas un problème. Et plus ils sont transformés, plus c’est simple. Si l’étiquetage est en règle, on est en mesure d’entrer sur les marchés. Ce sont les attributs du produit qui comptent davantage, ce que les acheteurs veulent offrir à leurs clients. Pour certains, c’est le prix, pour d’autres, c’est la qualité.

L’avenir s’annonce bien pour le Groupe Export, le Canada possède un imposant panier d’aliments pour nourrir le monde.

ML : Le rapport Barton avait établi la cible d’exportation agroalimentaire canadienne à 75 G$ pour 2025. On l’a déjà dépassé, avec 82 G$ l’année dernière. En partie par l’augmentation de la valeur des denrées, il faut le préciser. Mais il y a encore beaucoup de place pour de la croissance. La main-d’œuvre sera un enjeu. Oui, l’avenir s’annonce bien pour les exportateurs et le Groupe Export.

SB : Nous sommes une communauté d’entrepreneurs très soudée où règnent l’entraide et le partage. Les grands exportateurs aident les petits. Groupe Export fait notamment partie du groupe Production-Transformation, soit le groupe primaire de la Politique bioalimentaire du Québec, au sein duquel nous sommes en étroite collaboration avec d’autres organisations du milieu : Sollio, Agropur, le CTAQ, l’UPA, l’AQIP, entre autres. Enfin, notre travail rend hommage aux producteurs et productrices agricoles du Québec et contribue à la pérennité de leurs entreprises qui sont à la base de tout ce que nous expédions à travers le monde…

Photo d'en-tête par Patrick Dupuis : Martin Lavoie et Simon Baillargeon, respectivement président-directeur général et président du conseil d’administration du Groupe Export agroalimentaire. Simon Baillargeon est également vice-président, développement des affaires chez Sollio Agriculture.

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

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